Tibet : la voie ferrée pour siniser
Après le barrage des Trois Gorges, la Chine vient d’achever un autre chantier majeur : la création d’une voie ferrée culminant à 5072 m, reliant Qinghai à Lhassa, capitale du Tibet.
Inaugurée en grandes pompes le 1er juillet par le Président chinois, ce projet de 2,96 milliards de dollars, dont les travaux auront duré plus de dix ans, s’étend sur 1400 km de long au dessus des 4000 m d’altitude. Outre le développement du commerce avec l’Inde cette voie ferrée vise à accentuer la sinisation du Tibet.
Impossible n’est pas chinois. L’Empire du milieu a fait le choix de dompter les éléments. Les défis techniques qu’auront eu à relever les ingénieurs sont conséquents. Pas évident du tout de réaliser une voie ferrée de 1140 Km de long, à 84% au-dessus de 4000 m d’altitude, qui doit traverser des zones sismiques et des sols qui doivent endurer des amplitudes de températures énormes dont 500 kilomètres de terres gelées toute l’année. Le matériel ferroviaire qui l’accompagne est du même acabit. La société canadienne Bombardier devrait fournir 367 wagons pressurisés spécialement adaptés à la haute altitude, au manque d’oxygène, au grand froid. Il ne s’agit pas d’aller vite mais bien d’arriver. Le train, propulsé par trois locomotives, dépassera les 100 km/h sur une partie du trajet.
Si les Chinois affichent, c’est une première, des préoccupations quant à l’environnement en allouant un budget de 125 millions d’euros à la protection des espèces menacées, les Tibétains ne sont pas l’objet des mêmes attentions.
Jusqu’à présent, on ne pouvait aller au Tibet que par avion ou par un long voyage par la route, particulièrement dangereux. Le train a vocation à devenir la principale voie de communication avec le Tibet, et ainsi de permettre en particulier la mise en exploitation de gisements miniers dont la production ne pouvait jusqu’alors être évacuée. Si la Chine souhaite si ardemment développer cette activité, c’est que cette dernière nécessite une main-d’œuvre nombreuse. L’occasion donc de créer une arrivée importante de population chinoise, et ainsi de modifier l’équilibre démographique du Tibet déjà passablement bouleversé, en particulier à Lhassa, où les Tibétains sont déjà, ou en passe de le devenir, minoritaires.
Depuis 1949, le Tibet est annexé par la Chine et constitue une région administrative autonome. Une sinisation tout azimuts, souvent violente, en violation totale des droits de l’homme, est menée depuis cette période, visant à éradiquer l’identité culturelle tibétaine. Le Tibet est aujourd’hui peuplé de six millions de Tibétains et de 7,56 millions de Chinois (Han) d’implantation récente.
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