Tous les chemins mènent à Téhéran
Le face-à-face entre les Etats-Unis et l’Iran se transforme en une authentique guerre froide que le successeur de George W. Bush devra très vite apprendre à gérer. En fait, cette nouvelle guerre froide a ingéré, en les instrumentalisant, tous les autres contentieux moyen-orientaux à tel point que deux - et deux seuls - blocs s’opposent de nos jours, à savoir le bloc pro-américain englobant Israël et les pays arabes sunnites qui fait face au clan iranien comprenant la Syrie, le Hezbollah et accessoirement le Hamas.
Les divisions endémiques des Arabes sunnites, la duplicité de certains Etats arabes supposés être les alliés de Washington, le simplisme manichéen d’une administration américaine extrêmement affaiblie donnent pour le moment un très net avantage à l’Iran et à ses acolytes qui avancent leurs pions avec maestria !
Pour preuve, après avoir tenu tête et même, n’ayons pas peur des mots, mis en échec Israël il y a bientôt deux ans, voilà le Hezbollah qui humilie et qui réduit au silence la majorité gouvernementale libanaise pro-sunnite. L’empire iranien rayonne ainsi depuis l’Irak dont les milices chiites et le Premier ministre Al Maliki sont sous influence, au Hezbollah qui contrôle le Liban et dont la capacité de nuisance pourrait se retourner contre Israël si cette dernière songeait à attaquer l’Iran en passant par le Hamas qui s’évertue à bloquer tout processus de paix israélo-palestinien parrainé par les Etats-Unis !
Les Iraniens se révèlent les dignes descendants des Perses inventeurs du jeu d’échec tant il est vrai qu’une quelconque menace contre leurs installations nucléaires s’exposerait à des ripostes immédiates émanant de territoires aussi variés que l’Irak, la Palestine, le Liban, la région du golfe Persique et même la Syrie...
Face à cette situation pour le moins sophistiquée, le clan Bush se retrouve tout penaud et dans la plus inconfortable des situations où il ne peut ni se retirer de son engagement militaire local ni contribuer à dénouer la crise et pour cause car comment les Etats-Unis pourraient-ils résoudre une crise dans un contexte où ils ne sont ni aimés ni craints ? En dépit de voyages répétitifs dans la région de la secrétaire d’Etat Rice, du vice-président Cheney et même du président Bush qui s’y trouve actuellement, les Etats-Unis ne sont plus en position d’arbitres et encore moins de vainqueurs potentiels.
Du reste, le débat animé entre les deux candidats à l’investiture démocrate Obama et Clinton sur le fait de savoir s’il faut discuter avec l’Iran semble assez surréaliste – ou pitoyable – tant il est vrai qu’une négociation diplomatique serait de toute façon vouée à l’échec car les Etats-Unis n’ont plus aucune carte en main ! Le clan Bush a en effet échoué lamentablement dans chacune de ses tentatives visant à reprendre l’initiative et le prochain président devra user de moyens de pression diplomatiques, militaires et économiques s’il souhaite que l’Iran se mette sérieusement à la table des négociations car l’Iran ne fera des concessions que si elle y trouve son intérêt ou que si elle a peur !
Cependant, pour être pris au sérieux, les Etats-Unis devront impérativement s’adosser aux sunnites saoudiens et du Golfe qui, non contents d’être divisés, semblent avoir également perdu le sens des réalités pour le moment, enivrés par leurs immenses revenus pétroliers.
Les Etats-Unis ne feront pas la guerre à l’Iran – et ne devraient effectivement pas la faire –, mais comment ne pas être affligé face au manque de considérations et à la faiblesse extrême dont souffrent les Etats-Unis et leurs alliés arabes ?
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