TPI : une institution contestée mais nécessaire
La disparition brutale de l’ancien président serbe Milosévic donne lieu à une mise en cause tous azimuts du Tribunal pénal international (TPI). Une institution dont la création ne doit rien pourtant au hasard.

En 1992, l’opinion publique internationale prend enfin
conscience des atrocités commises dans le conflit de l’ex-Yougoslavie. Deux
projets sont alors en concurrence : un projet français et italien qui prône
l’indépendance du tribunal ; un projet russe et américain qui place celui-ci
sous l’autorité du Conseil de sécurité. Finalement, c’est ce dernier qui sera
retenu.
Le Conseil de sécurité lui donne vie par le biais de la
résolution 808, le 22 février 1993. Son seul but est alors de juger les
personnes présumées responsables de violations graves du droit humanitaire
international,, commises en ex-Yougoslavie depuis le 1er janvier 1991. Il sera
reconduit pour les exactions commises au Rwanda. Le droit humanitaire à travers
le droit d’ingérence prend forme, ainsi que le principe d’imprescriptibilité des
crimes contre l’humanité.
Certes, ce n’est pas la panacée, et différents reproches
peuvent être adressés à cette nouvelle institution. Le fait, tout d’abord, que le
TPI émane du Conseil de sécurité de l’ONU et non de son Assemblée générale, ce
qui ouvre un moyen de contestation de sa légalité par les Etats non membres du
Conseil de sécurité. Son financement, également, qui n’est pas assuré
exclusivement par l’ONU, mais aussi par les Etats-Unis et diverses
personnalités ou multinationales (George Soros, Time Warner, la fondation
Rockfeller...), est une source de contestation de son indépendance. L’absence
de mode de fonctionnement figé dans le marbre enfin alimente les critiques sur
son impartialité. Le Tribunal a ainsi été chargé d’édicter lui-même ses lois et
règlements, qu’il a d’ailleurs modifiés maintes fois. Le mode de désignation
des juges et procureurs n’est pas non plus clairement établi.
Pourtant, le TPI est très différent du Tribunal de Nuremberg,
dans le sens où ce ne sont pas les vainqueurs du conflit qui ont décidé de
juger les responsables de celui-ci, mais la communauté internationale. Cette
dernière, lors du conflit de l’ex-Yougoslavie, était face à l’existence de camps
de concentration et à l’application d’une politique de "nettoyage
ethnique". Pouvait-elle rester impassible ? En réaffirmant par la voix du
Conseil de sécurité le principe de la responsabilité individuelle des personnes
qui commettent ou ordonnent de commettre de graves infractions aux Conventions
de Genève et des crimes contre l’humanité, le droit international humanitaire a
fait un grand pas.
Où qu’ils soient réfugiés, et quel que soit le délai qui les sépare des faits, les auteurs de ces crimes encourent le jugement de la communauté internationale. Et ça, c’est déjà un sacré progrès.
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