Traité d’amitié France-Algérie : de plus en plus improbable
Face à l’intransigeance algérienne, la signature du traité d’amitié entre la France et son ancienne colonie, qui était prévu avant la fin de l’année, est compromise. Un autre « grand projet » du quinquennat qui finit en eau de boudin ?
Le traité d’amitié entre l’Algérie et la France, qui doit théoriquement être signé avant la fin de l’année, est bel et bien compromis.
Un entrefilet de l’Express cette semaine fait ressortir les grandes tensions qui existent en ce moment entre la France et l’Algérie, depuis la loi du 23 février 2005 (sur le "rôle positif de la présence française") et les insultes de Bouteflika ("Ces fours étaient identiques aux fours crématoires des nazis", "l’ennemi ayant perfectionné ses moyens de torture, d’extermination et de destruction faisant de l’Algérie un gigantesque camp de la mort et de la torture ceint de fils barbelés et de champs de mines", etc.) qui s’en étaient suivies quelques mois plus tard.
Ainsi, selon l’Express, "des doutes existent sur la signature, par Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika, du traité d’amitié entre la France et l’Algérie, prévue d’ici à la fin de l’année." Un proche de Villepin s’est confié au magazine, signalant qu’« il ne paraît pas envisageable, aujourd’hui, de le signer ».
À ma connaissance, c’est la première fois qu’un doute semi-officiel est ainsi émis sur la possibilité d’aller jusqu’au bout des négociations du traité dans les conditions actuelles.
J’avais remarqué un signe avant-coureur quand, dans sa conférence de presse du 26 juillet, Philippe Douste-Blazy, le Ministre français des Affaires étrangères, n’avait pas voulu se prononcer sur la question de savoir si le traité d’amitié serait signé, comme prévu, cette année : il avait tout simplement "oublié" de répondre à la question posée.
La mise hors-jeu de la France, la semaine dernière, à l’occasion de la libération, dans son "pré carré", des derniers prisonniers politiques marocains détenus en Algérie par le Polisario, allié algérien, était un signe de très forte tension algéro-française : la France n’était plus un interlocuteur acceptable pour l’Algérie sur la question sahraouie. Humiliation pour la France : c’est Washington qui a joué le rôle de médiateur entre les parties !
Par cette source anonyme, certainement très haut placée, qui s’est confiée à l’Express, la France a aussi envoyé quelques signaux positifs aux Algériens, signalant sa volonté de reprendre les négociations (probablement interrompues dans ce climat délétère) :
La France pourrait ainsi faire preuve de souplesse et revenir sur cette loi que la source haut placée de l’Express qualifie d’ "erreur colossale" (rappelons que Douste-Blazy en est un des initiateurs...). La piste récemment proposée par le ministre (création d’une commission d’historiens français et algériens pour évaluer la loi du 23 février 2005) pourrait en constituer le moyen le plus efficace.
Il faut rappeler que la France a bien plus besoin de ce traité que l’Algérie, ce qui place ce dernier pays en position de force. Il faut rappeler aussi que le renforcement des relations franco-algériennes pour en faire le pivot de l’axe Europe-Méditerranée (comme l’axe franco-allemand fut le moteur de l’Europe) est l’autre grand projet du quinquennat de Jacques Chirac. L’autre ? Oui, avec celui de la Constitution européenne...
Donc tout n’est pas irrémédiablement perdu, à condition, j’ose imaginer, que l’individu qui préside l’Algérie cesse d’insulter la France à tout bout de champ. Ce qui, en matière d’amitié, serait quand même la moindre des choses.
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