Tunisie : Différents visages, même organisation

Malgré toutes les revendications d’adhésion à la démocratie, à la liberté d’opinion et autres slogans, les dirigeants des « Frères musulmans » échouent à chaque fois, dans chaque pays arabe, à la première épreuve décisive de leurs intentions.
Les résultats des sondages reflètent le fort soutien du président Kais Said de la part du peuple tunisien, ce qui indique que le président Kais Said pourrait être en tête du scrutin avec une large marge. 71,2 % des personnes interrogées ont exprimé leur intention de voter pour lui lors de toute élection future. Les preuves ne se limitent pas à cela.
Les résultats indiquent même que 68 % de l’échantillon du sondage soutiennent le mandatement de Mme. Najla Bouden pour former le gouvernement tunisien. Cela traduit un fort soutien populaire aux orientations politiques de Kais Said.
Cependant, Rachid Ghannouchi, chef du Parlement tunisien gelé, a déclaré que le Parlement était en « état de session permanente » et a exhorté les législateurs à reprendre le travail au mépris de la suspension du Parlement par le président. Bien sûr, pour moi, il ne s’agit pas pour eux d’essayer de contester les décisions légitimes du président.
Cette question est absolument certaine et claire et n’a pas besoin de preuve. Mais elle est plutôt liée à la tentative des dirigeants fréristes de détourner l’attention par tous les moyens de leur véritable crise, à savoir l’échec, la mauvaise planification et gestion, et l’éloignement des priorités du peuple tunisien.
Ghannouchi ignore les signes de la démission de plus de 100 dirigeants de son parti en protestation contre les « mauvaises politiques » de la direction du parti. Il ignore également son échec personnel à diriger le parlement, ce qui a poussé de nombreux députés à signer une pétition pour retirer la confiance à Ghannouchi et à son adjointe Samira Chaouachi, malgré la suspension du parlement.
Les députés leur reprochent la mauvaise gestion du Conseil, provoquant la crise actuelle et la suspension du parlement. Le parti Ennahda des Frères fait face à de fortes divisions, comme l’ont fait les Frères dans d’autres pays arabes.
Mais il cherche par tous les moyens à envenimer la crise avec le président en pensant que cela contribuera à surmonter leurs divergences et à mobiliser tout le monde pour affronter le président. Mais la protestation interne contre la performance de la direction des Frères est plutôt liée à « l’échec dans la bataille pour la réforme interne du parti. »
Nous notons qu’un grand nombre de dirigeants de premier rang et huit députés suspendus et anciens ministres ont convenu que la raison de la détérioration de la situation est principalement liée au parti lui-même, et non au président. Ce dernier veut sauver le pays de cet échec qui ravage le parti et a failli conduire la Tunisie elle-même à des conflits partisans et politiques qui risquent de la conduire vers un destin inconnu.
Les dirigeants d’Ennahda admettent que l’image ternie du parlement et « la gestion ratée de son président, qui a rejeté tous les conseils après s’être présenté à la présidence pour éviter d’alimenter les perturbations, » est la raison pour laquelle le peuple tunisien soutient les décisions du président Kais Said.
Cela reflète l’ampleur de l’échec organisationnel que Ghannouchi et ses proches collaborateurs tentent de nier.
Au lieu de s’excuser auprès du peuple tunisien et de chercher à corriger les erreurs et à se ranger derrière le président pour sauver le pays, il cherche à brouiller les pistes et à détourner l’attention des véritables erreurs afin de maintenir sa position à la tête du parti et de préserver ses gains personnels au sein de l’organisation des Frères.
La division interne des Frères de Tunisie est une affaire qui révèle précisément la crise existentielle de l’organisation en Tunisie et dans les autres pays arabes. Les Frères ont toujours été un clan à poigne de fer qui veut contrôler l’État. La division qui a eu lieu en Tunisie s’est déjà produite dans le cas égyptien et dans d’autres cas.
Dans chaque cas, cependant, les éléments dirigeants se tournent vers les causes de la discorde et de la division et recourent à la création de crises avec le pouvoir et la gouvernance dans le but de maintenir leur unité.
C’est ainsi que l’on peut comprendre le recours de Ghannouchi à l’appel à la protestation devant le parlement et lorsque son plan a échoué, il a recouru à parler de ce qu’il a décrit comme une lutte pacifique. Il est vrai que la Tunisie pourrait être une situation politiquement différente du reste des pays du « printemps arabe. »
Mais les pratiques désastreuses des Frères ont incité le président Kais Said à prendre les choses au sérieux pour sauver le pays d’un destin inconnu apporté par une organisation en panne de gestion des affaires publiques.
Ghannouchi, qui appelle le peuple tunisien à ce qu’il qualifie de lutte pour revenir sur le chemin de la démocratie, n’est pas bien au courant du contenu des aveux des dirigeants qui ont démissionné de son parti, totalement dépourvu de démocratie.
Nul ne peut donner ce qu’il n’a. Un parti autoritaire fondé sur la pensée unique et l’opinion unique ne peut offrir à la Tunisie, que tout le monde voit comme un État arabe particulier dans la conscience collective, le climat de démocratie dont rêvent les Tunisiens. Ghannouchi accuse le président Kais Said de ne pas répondre aux appels au dialogue des Frères.
Pourtant, Ghannouchi lui-même n’a pas écouté les appels de ses confrères au dialogue pour la réforme interne de l’organisation. Il n’y a pas de démocratie sans démocrates, et la tyrannie des Frères qui a échoué en Tunisie ne peut pas aboutir au succès de l’expérience démocratique tunisienne.
Les Frères de Tunisie, comme leurs pairs dans les autres pays arabes, ne se préoccupent pas des intérêts et des revendications du peuple. Ils visent plutôt à réaliser les intérêts étroits de l’organisation, et à infiltrer les institutions du gouvernement et les administrations de l’État pour les « frériser » de manière à leur garantir une emprise sur les rouages de l’État et de la gouvernance.
L’expérience ratée des Frères de Tunisie détruit complètement l’idée qu’il existe une différence entre les branches des Frères. Ils ont tous la même idéologie d’exclusion. Tous sont incapables de passer de la case organisation à la case état.
Ainsi, leurs points de départ peuvent varier d’un pays à l’autre, mais leur point d’arrivée reste le même : l’affrontement avec les sociétés et ceux qui tentent de sauver les États de leur emprise et du malheur qu’ils provoquent.
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