Ukraine : le conflit n’en finit pas de faire des morts
Les sanctions économiques contre la Russie et le cessez-le-feu signé à Minsk n’ont pas empêché la reprise des combats ou la résolution du conflit
Le nombre de morts civils ou militaires en Ukraine vient de faire un bond, les ministres occidentaux s’insurgent, les russes crient au complot, mais rien ne bouge. Les combats ont repris depuis une semaine dans l’Est de l’Ukraine malgré un cessez-le-feu signé entre les différentes parties à Minsk en septembre. Les condamnations de la scène internationale fusent contre ce regain de violences et toujours une potentielle aide militaire russe aux rebelles.
Les combats ont repris
Le 22 janvier les rebelles prorusses ont lancé une offensive contre l’aéroport de Donetsk, s’emparant de ce bastion tenu par l’armée ukrainienne. « En raison des tirs venant de toutes les directions, il a été décidé la nuit dernière de quitter le nouveau terminal », a annoncé un porte-parole militaire ukrainien. Selon le ministère de la Défense ukrainienne, une partie des bâtiments et de l’enceinte de l’aéroport reste sous leur contrôle. Cette nouvelle attaque a fait six morts, six militaires. L’aéroport était le théâtre d’affrontements depuis mai. Les militaires ne sont pas seuls à être touchés. Dans la matinée du 22, un tir d’obus contre un trolleybus a fait treize morts, douze passagers et un automobiliste qui passait à proximité. Le quartier en question avait pourtant était épargné jusque-là. La veille, un autre tir avait fait un mort dans un autobus, près de l’aéroport.
Dix soldats ont trouvé la mort, ainsi que huit civils dans la région de Lougansk selon le gouverneur local, un pro-Kiev. Quarante et une personnes seraient mortes durant ces dernières vingt-quatre heures. Une nouvelle escalade des conflits a eu lieu dans la ville portière de Marioupol le weekend du 24 janvier. Cette nouvelle attaque a fait trente morts chez les civils et sept morts dans l’armée ukrainienne. Les observateurs de l’OSCE, présents ce jour-là ont conclu que les tirs de roquettes venaient de positions tenues par les rebelles prorusses. Cette nouvelle offensive a évidemment provoqué un tollé de critiques dans le camp des occidentaux.
La communauté internationale condamne mais ne réagit pas
François Hollande s'est entretenu dimanche 25 avec le président ukrainien, Petro Porochenko, et le président du Conseil européen Donald Tusk pour exprimer sa « très forte préoccupation face à la très forte dégradation sur le terrain en Ukraine, en particulier avec les derniers évènements dramatiques à Marioupol ». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, ainsi que l’Otan et l’OSCE, ont violemment condamné ces récentes attaques visant des civils. Ce dernier s’est insurgé contre « la rupture unilatérale du cessez-le-feu opérée samedi par les dirigeants des séparatistes et en particulier leurs déclarations provocatrices revendiquant davantage de territoire, au mépris de leurs engagements pris dans le cadre des accords de Minsk ». En effet, ces récentes attaques donnent à penser que les rebelles tentent de créer un couloir entre leurs positions actuelles et la Crimée. En effet, la prise de l'aéroport de Donetsk et les bombardements de la ville portuaire va dans la continuité du plan des rebelles séparatistes, à savoir constituer un état indépendant à l'Est de l'Ukraine avec un aéroport et un port.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le vice-président Joe Biden ont tous deux accusés directement la Russie de ne pas respecter le cessez-le-feu et de continuer à soutenir les rebelles. D’autres pays comme l’Allemagne ou la Pologne semblent aller dans le même sens que le secrétaire du Conseil ukrainien en accusant Vladimir Poutine d’être directement lié à ces récentes agressions. Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry a ajouté qu’il souhaitait voir la « fermeture de la frontière internationale avec l'Ukraine et le retrait de toutes ses armes et combattants et appui financier », « Sinon, la pression internationale et celle des Etats-Unis sur la Russie et sur ses intermédiaires ne va faire que s'amplifier ». La Lettonie, présidente de l’Union européenne, a demandé de nouvelles sanctions contre la Russie « pleinement responsable de l'attaque des séparatistes contre Marioupol ».
La secrétaire d'Etat adjointe aux Affaires européennes, Victoria Nuland, s’est violemment insurgée contre le président russe. « L'Otan est une organisation de défense. Notre but est de dissuader les pays de toute agression, mais si cet objectif échoue, nous devons nous tenir prêts » a-t-elle déclaré, ajoutant que « Nous devons installer des centres de commandement aux six frontières autour de l'Ukraine aussi rapidement que possible » l'Otan devrait être « le fer de lance qui va nous permettre de nous rendre rapidement sur les lieux de conflits ». Cette vision belliqueuse est loin de faire l’unanimité puisque les Etats-Unis et même l’Ukraine veulent s’en tenir aux accords de Minsk auquel cas, la communauté internationale n’envisage rien de plus que de plus lourdes sanctions économiques contre la Russie.
La Russie nie toute implication
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, indigné par les accusations de Kiev, a sommé ses homologues occidentaux de lui « présenter les preuves » de l’implication de Moscou dans les récentes violences commises dans l’Est de l’Ukraine. « Si vous portez des accusations avec autant d'aplomb, présentez des faits » a-t-il déclaré, accusant l’Ukraine de « chercher la confrontation » et les occidentaux « d’isoler la Russie, asphyxier son économie et renverser » le chef du Kremlin. Ce dernier a d’ailleurs déclaré au sujet de l’armée ukrainienne « De fait, il ne s'agit pas d'une armée mais d'une Légion étrangère, dans le cas présent, une Légion étrangère de l'OTAN qui n'a pas pour but la défense des intérêts nationaux de l'Ukraine ».
La théorie du complot
Selon les défenseurs de la Russie cette reprise des violences en Ukraine ne proviendrait pas de Moscou mais de Kiev. Selon eux, la violation du cessez-le-feu ne servirait que les intérêts de l’Ukraine, à savoir ne pas adoucir les sanctions et les relations diplomatiques avec la Russie. Appuyant les déclarations de Lavrov sur l’inexistence de preuves que la Russie serait à l’origine des nouveaux bombardements venant de la zone des rebelles, les adeptes de la théorie du complot soutiennent que ces attaques desserviraient la Russie puisqu’elles ne feraient que retarder la levée des sanctions.
Selon l’Onu, plus de 5000 personnes auraient été tuées et plus de 10 000 blessés depuis le début de ce conflit qui n’est pas prêt de se terminer contenu des divisions européennes sur la arche à suivre et sur l'inutilité des sanctions économiques sur le Kremlin.
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