Un bel et bien triste constat... la situation des amérindiens aux Etats-Unis
« Si vous les hommes blancs, n'étiez jamais venu ici, ce pays serait encore tel qu'il était autrefois. Tout y aurait conservé sa pureté originelle. Vous l'avez qualifié de sauvage, mais en réalité il ne l'était pas, il était libre. Les animaux ne sont pas sauvages, ils sont seulement libres. Nous aussi l'étions avant votre arrivée. Vous nous avez traité de sauvages, vous nous avez appellé barbares, non civilisés. Mais nous étions seulement LIBRES !! »
Léon Shenandoah, chef indien iroquois
Les indiens d'Amérique du Nord (ou amérindiens) sont, depuis la fameuse conquète de l'Ouest, considérés par la population occidentale comme des individus exotiques munis de coiffes en plumes et appartenant à un passé révolu. Cette conception montre bien le peu d'intéret que l'américain, ainsi que l'européen moyen, éprouve envers les peuples premiers. Ce dernier le déposséda de ses propres terres, signant avec cet « indien » bon nombre de traités qui ne furent jamais respectés. De plus, ayant une soif toujours plus grande d'étendre ses territoires vers l'Ouest, soif de conquète qui s'accéléra amplement avec l'achat de la Louisiane aux français en 1803 (achat estimé à 80 millions de francs...), le jeune Etat américain massacra bon nombre de tribus et généra un véritable génocide culturel (ethnocide) envers les tribus indigènes d'Amérique. Le destin des nations autochtones d'Amérique, ainsi que l'histoire des grands chefs tels que Sitting Bull, Crazy Horse ou encore Géronimo (qui ont faits l'hisoire des Etats-Unis) est souvent minimisé voir occulté par bon nombre d'ouvrages. De nos jours, l'indien américain est, tout comme son histoire, absoluement oublié. Quand bien même l'homme blanc se posa-t-il la question d'écouter avec attention les peuples qu'il massacra et déporta ? Il aurait ainsi pu prendre exemple sur leurs modes de vie respectueux de l'environnement. Ces hommes, fut un temps, étaient libres, et font désormais tout pour le redevenir ! (ce n'était pas tous des anges, certes, mais c'était les habitants d'une terre ancestrale qui, pour eux, avait et a encore une valeur certaine...)
Les luttes des années 60, avec l'arrivée massive d'indiens venus de tout le pays, occupant la prison tristement célèbre d'Alcatraz pendant six mois, est un merveilleux exemple de cette résurrection. Les occupants se désignèrent « Indiens de toutes les tribus » et rédigèrent une déclaration intitulée Nous tenons le Rocher dans laquelle ils proposèrent d'acheter Alcatraz avec des perles de verre et des chiffons de toile, comme les Blancs l'avaient fait pour Manhattan trois cents ans auparavant. Le siège et l'occupation de Wounded Knee (territoire situé sur la réserve de Pine Ridge, en Dakota du Sud) du 27 Février au 8 Mai 1973 resta certainement l'évènement le plus amblématique de cette fin de XXème siècle pour tous indien américain. L'AIM (American Indian Movement), organisation tout juste constituée, fît appel à tous les indiens du pays pour engager la lutte pour la reconnaissance de leurs droits civiques ainsi que la préservation de leurs traditions ancestrales. Ce lieu a pour eux une signification toute particulière. En effet, en 1890, environ 200 indiens sioux, hommes, femmes et enfants ainsi que le chef Big Foot, furent massacrés par les soldats américains. Cet acte de barbarie, faisant écho à la dernière grande victoire des indiens remportés sur les fédéraux à Little Big Horn en 1876, marqua la fin des guerres indiennes.
Les indiens sont, de nos jours, parqués dans des réserves.. Certaines de ces réserves s'en sortent, rentrant dans le jeu du système capitaliste marchand (tout en restant dépendantes à l'industrie des jeux de hasard). D'autres, au contraire, connaissent des situations désastreuses. Prenons pour exemple la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud qui bat les plus tristes records de pauvreté sur l'ensemble de l'Amérique du Nord : un tiers monde au sein de la première puissance mondiale (à savoir, ¼ des natifs d'Amérique vivent en dessous du seuil de pauvreté). L'alcoolisme y est souvent le seul moyen de résistance à la dépression. Ici, le taux de chômage approche le taux des 75%, l'espérance de vie hommes et femmes confondus est la plus faible de la zone occidentale (environ 50 ans). L'eau courante et le tout à l'égout y est rare. Comment changer cette situation, comment faire connaître à la face du monde la situation des indiens d'Amérique si souvent stéréotypés ou victimisés ?
Le symbole actuel de la résistance des indiens d'Amérique du Nord reste sans aucun doute Leonard Peltier, militant Anishinaabe/Lakota, incarcéré depuis 1977 et condamné à deux peines à perpétuité aux Etats-Unis d'Amérique pour un crime qu'il n'a en aucun cas commis. Son cas reste totallement méconnu de l'opinion publique internationale. Il est actuellement le plus vieux prisonnier politique du monde et bat le triste record de Mandela qui fit incarcéré pendant 27 longues années. Il est par ailleurs très souvent comparé à Nelson Mandela car, tout comme lui, Leonard s'est battu et se bat encore pour son peuple. L'organisation Amnesty international le considère comme un prisonnier politique qui « devrait être libéré immédiatement et sans conditions. ». Il est un symbole de résistance envers l'homme blanc, résistance qui, sur le continent américain, dure depuis maintenant 500 ans ! On estimait les natifs à environ 350000 en 1920 aux Etats-Unis. Aujourd'hui, selon un récent recensement, ils seraient environ 4 millions, soit 2% de la population totale Etatsunienne, et connaissent un fort baby boom... est-ce un signe de renouveau d'une culture humiliée par le passé ?
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