Un criminel de guerre vit libre à Paris

60 civils brûlés vifs
Arrêté près de Paris en avril dernier, Radomir Susnjar un Serbe de 59 ans, se cachait en France depuis vingt ans. La Cour d'Appel de Paris décidera le 7 janvier 2015 de son éventuelle extradition en Bosnie-Herzégovine, d'où cet ancien membre du groupuscule paramilitaire "Les Vengeurs" est originaire.
Susnjar dit Lalco est accusé par plusieurs témoins bosniens, croates et serbes d'avoir participé au condamnation de 60 Bosniaques, brûlés-vifs à Visegrad, 22 ans auparavant. Ce massacre tristement célèbre sous le nom "Ziva lomaca"/Bûcher vivant/ a eu lieu en juin 1992. Environ 70 personnes : femmes, enfants dont un bébé de deux jours, sans prénom et personnes âgées ont été enfermés dans une chambre de la maison appartenant à Adem Omeragic, situé dans la rue Pionirska. Le bâtiment a été incendié et plusieurs victimes qui ont sauté par la fenêtre furent abattus.
Huit survivants dont deux sont décédés quelques années plus tard ont pu témoigner au Tribunal international pour l'ex Yougoslavie à la Haye. Deux sont venus à Paris, assister à l'audience de la Cour d'Appel qui arbitera sur le sort du criminel, au début de l'année prochaine.
Encore 18 victimes
Le terrible Lalco est accusé "d'avoir personnellement verrouillé la pièce dans laquelle se trouvaient des civils et d'y avoir mis le feu"- selon la déclaration du procureur bosnien, Vladimir Vukicevic. Il accuse Susnjar et pour l'exécution de 18 voyageurs du train Belgrade-Bar. Le 27 février 1993, un Croate et 17 Bosniaques ont été emprisonnés sans aucune raison, dans le village de Strpci. Susnjar les a conduit à Visegrad. Tous y ont été exécutés.
Radomir Susnjar, ancien livreur de la plus grande boulangerie de Visegrad, une bourgade du sud-est de la Bosnie, situé près de la frontière serbe et stratégiquement importante, se déclarait avant le conflit "lié à l'unité yougoslave". Il a séjourné en France en 1973.
Après le départ officiel de l'Armée populaire yougoslave, en mai 1992 des nationalistes serbes de la région ont envahi la municipalité. Groupuscules paramilitaires appelés "Aigles Blancs" ont commencé vite, le nettoyage ethnique. La plupart de Bosniaques n'ont pas été tués immédiatement mais furent d'abord détenus à Uzamncia, dans des baraquements militaires de l'Armée populaire, en banlieue de Visegrad, selon le rapport de l'ONG "Trial" de Genève qui agit contre l'impunité des génocides, crimes contre l'humanité, crimes de guerre, tortures et disparations. Des civils bosniaques ont été battus tous les jours, obligés de travailler et de servir de bouclier humain aux paramilitaires venus de Serbie et à l'armée bosno-serbe de Visegrad.
Le criminel est reparti libre
Convoqué recemment par la Cour d'Appel de Paris, toujours libre mais sous surveillance de la police française et d'Interpol, Radomir Susnjar s'est présenté devant des juges, accompagné par ses deux fils d'une vingtaine d'années. Il n'a pas reconnu les crimes. Son avocat, maître Olivier Morice a introduit l'existence d'un autre Susnjar car le nom, selon ses propos "est répandu dans la région" ! Mais ce Milan Susnjar un professeur du lycée, très malade a été hôspitalisé à Sarajevo, en mai et juin 1992.
Bakira Hasecic, une habitante de Visegrad et présidente de l'association "Femmes victimes de guerre" fut sa voisine plus de 25 ans et a formellement reconnu le bourreau, tout comme Huso Kurspahic qui a perdu 9 membres de la famille, dans le feu allumé par Radomir Susnjar.
L'avocat général, maître Jean-Charles Lecompte a souligné que l'homme présent dans le boxe des accusés est bien Radomir Susnjar, dont les empreintes digitales et des photos correspondent, selon la conclusion de plusieurs experts à la personne recherchée par le Tribunal de la Hayes et celui de Bosnie-Herzégovine.
Président de l'audience, le juge Jean Bartholin a confirmé que l'identité de l'accusé a été bien vérifiée en rappelant qu'il existe contre lui, un mandat européen. Radomir Susnjar qui a commis des crimes contre l'humanité est reparti libre, en compagnie de sa famille et l'avocat Me Morice.
Djenana Mujadzic
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