Quel
est le rapport entre une frégate militaire coulée en Mer Jaune et la
suppression de certains programmes télévisées amusants en Corée du Sud ?
Difficile à comprendre. Et pourtant, ce drame national a coupé l’envie de rigoler.
Du moins pour le gouvernement qui a mis la pression sur les grandes chaînes nationales pour mettre en suspens un certains nombres de programmes amusants : par exemple, MBC a annulé la diffusion de « Infinite Challenge » et SBS a fait de même avec le programme « One Night, Two Days ». 40 programmes auraient au total été retirés des chaînes télévisées.
Les téléspectateurs commencent à s’impatienter. Cela fait tout de même un mois que ça dure. Le chanteur Kim C qui fait parti du programme de SBS précédemment cité n’a pas hésité à faire remarquer son étonnement sur son Twitter : « C’est comme Alice au Pays des Merveilles. Le sport est OK, les films sont OK et les feuilletons sont OK, mais pas les programmes amusants. Cela interdit-il de rire ? ».
Le côté solennelle est d’une grande importance dans la société coréenne, mais lorsque la société elle-même commence à se plaindre de la durée d’un deuil national, il faut peut-être se poser des questions. Hier, le deuil était porté à son paroxysme avec les portraits des marins décédés dans l’incident du Cheonan en Mer Jaune exposés sur Seoul Plaza, sur le fronton de la mairie de Séoul, plus d’un mois après le naufrage. Des panneaux dans le métro et dans la rue indiquaient à la population la direction pour se rendre sur cette place où une musique funèbre résonnait au cœur de la ville.
C’est compréhensible et le deuil est important, mais ne faut-il pas parfois rire une bonne fois pour essayer de passer à autre chose ? Rire signifie-t-il que l’on ne fait pas le deuil ? Aujourd’hui, les chaînes de télévision ne savent pas encore à partir de quelle date elles pourront reprendre leur diffusion. MBC TV a recommencé doucement le weekend dernier passant au-dessus de son rival de toujours KBS, avec 8.9% de parts contre 7.7%.
Les chaînes s’obligent à garder le « rire silencieux » jusqu’aux dernières cérémonies funèbres. L’impatience croissante d’une société qui passe ses soirées devant la télévision sera-t-elle suffisante ? Affaire à suivre…