Un monde qui s’embrase
La Révolte des pays arabes
Les grandes révolutions, comme les grandes guerres arrivent souvent au moment même où personne ne s’y attend. C’est ainsi que la Révolution française est née de petites émeutes dispersées qui ont dégénéré rapidement avec la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. Cent vingt cinq ans après, la Première Guerre Mondiale se déclenchait par un fait en apparence sans grande importance sur le plan international, à savoir l’assassinat à Sarajevo de l’Archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche. Plus près de nous, en 1989, une simple manifestation d’une poignée de contestataires à Timişoara, entraîne en quelques jours la chute du régime roumain de Nicolas Ceausescu.
Quelques semaines auparavant, le 9 novembre 1989, la démolition du mur de Berlin sonnait le glas de l’empire soviétique avec l’affaissement des pays proches du régime de Moscou.
L’Europe de l’Est changeait tout à coup de visage avec de nouvelles démocraties qui allaient rejoindre peu à peu l’U.E. telle qu’elle existe aujourd’hui.
Le troisième millénaire va connaître de très profondes transformations.
Voici moins de deux mois, un incident à l’original très banal fait exploser en quelques semaines la république de Tunisie avec toutes les conséquences qui vont en résulter. Mohamed Bouazizi, un vendeur de fruits et légumes ambulant demeurant à Sidi Bouzid se fait confisquer sa marchandise par les employés municipaux, faute d’autorisation officielle. Après plusieurs démarches pour obtenir un permis de vente, le jeune homme âgé de 26 ans est chassé par la municipalité, sans autre forme de réponse.
Le 17 janvier 2010, Bouazizi, révolté et découragé, s’asperge d’essence et s’immole par le feu devant le siège du gouvernorat. Le 4 janvier 2011, il meurt au centre de traumatologie des grands brûlés de Ben Arous.
La Révolution tunisienne vient de naître. Les manifestations insurrectionnelles aboutiront au départ du président de la République Zine el-Abidine Ali, avec tous les évènements que chacun de nous connaît actuellement.
La Tunisie ne va pas bien du tout et aujourd’hui même, 7 février 2011, de nombreuses émeutes continuent à secouer le pays.
Parallèlement, l’Egypte connaît de très graves problèmes qui vont dans le même sens que celui de la Tunisie : se débarrasser du président égyptien Hosni Moubarak et installer un pouvoir démocratique.
Des deux côtés, les révolutions sont bien engagées et les peuples concernés ont une volonté extrême et un courage exceptionnel pour faire aboutir leurs revendications et installer enfin un régime capable de leur apporter espoir et prospérité.
Mais si les aspirations populaires son bien réelles et déterminées, le chemin risque d’être long, et même très long. La démocratie n’est pas pour demain en raison de la complexité des divergences politiques existant en Tunisie comme en Egypte.
Alors que « le feu populaire » ne cesse de se propager dans ces deux pays, l’Algérie est bord de l’explosion. Le front social connaît un brutal regain de troubles violents, de frondes dans certaines entreprises publiques, de grèves, d’appels à des marches populaires, comme celle qui doit avoir lieu le 12 février prochain à Alger.
Ailleurs au Moyen-Orient, la Jordanie connaît aussi de violents soubresauts où les manifestations de colère se multiplient malgré la répression violente du roi Abdallah II.
Voici la situation telle qu’elle se présente en ce début d’année 2011.
Dans les semaines et mois qui suivent, L’Afrique risque de s’enflammer comme d’autres pays de l’Orient.
Il faut considérer que la vie est devenue intenable pour de nombreuses populations : pauvreté extrême, famine, répression, corruption au plus niveau des états, pour ne citer que les principaux drames qui touchent ces peuples dont le seul avenir débouche sur l’abandon et la mort.
Après ces violents soulèvements, la révolution est en marche et bientôt le continent africain subira d’autres mouvements insurrectionnels.
Bien évidemment, nous ne pouvons que nous réjouir du renversement de ces régimes dictatoriaux qui devraient faire place à des états démocratiques selon les aspirations des peuples.
Mais qui est réellement à la base de ces révoltes ? Si les tunisiens et les égyptiens ont été les artisans de ces mouvements révolutionnaires, n’y-a-t-il pas derrière tout cela le parti des frères musulmans ainsi que les islamistes radicaux ?
Attention, dans la réalité, il n’y a pas qu’une révolte tunisienne ou égyptienne. Les mouvements politiques et sociaux sont beaucoup plus profonds.
En fait, c’est la révolution arabe qui vient de naître. Elle va atteindre bientôt une partie du Monde. Et peut-être un jour, elle atteindra l’Europe.
Nous y reviendrons bientôt.
Pierre-Alain Reynaud
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