Un Mormon peut-il être président aux États-Unis ?
Mitt Romney sera-t-il victime de sa foi ? Redevenu le favori des sondages après la non-candidature de Chris Christie et les mauvaises performances de Rick Perry lors des débats télévisés, le candidat mormon vient d’être la cible d’une attaque en règle contre sa religion.
Le coup est venu indirectement puisque c’est le pasteur conservateur Robert Jeffress, dans les couloirs du Values Voter Summit, rassemblement annuel de près de 3000 évangélistes, qui a lancé : « Le mormonisme n’appartient pas à la chrétienté. » Avant d’enfoncer le clou plus tard à la télévision, en qualifiant la religion de Romney de secte.
Dès lors, la question de l’appartenance religieuse de l’ancien gouverneur du Massachusetts, jusque-là en sourdine, a refait surface, quatre ans après les primaires de 2008 lors desquelles Romney avait déjà dû faire face à la suspicion de certains de ses compatriotes qui n’ont pas oublié la polygamie des premières générations de Mormons (quelques communautés le sont encore).
Le précédent JFK
Si les Américains sont très attachés à la liberté de religion, nombre d’entre eux ont du mal à imaginer un président qui ne soit pas chrétien. Et encore, pas n’importe quel type de christianisme. Pour être élu, John Fitzgerald Kennedy avait dû montrer patte blanche face aux inquiétudes suscitées par l’arrivée d’un « papiste » dans le Bureau ovale. « Je ne suis pas le candidat catholique à la présidence. Je suis le candidat du Parti Démocrate à la présidence, qui s'avère également être catholique. Je ne parle pas au nom de mon église sur les questions d’intérêt public et l'Église ne s’exprime pas en mon nom », s’était justifié JFK qui reste, encore aujourd’hui, le seul président américain non protestant.
Plus proche de nous, on se rappelle des efforts déployés par Barack Obama pour prouver sa foi chrétienne, constamment mise en doute lors de la campagne présidentielle de 2008. Il faut dire que, fils d’un Kenyan athée mais de culture musulmane, élevé au sein d’une famille chrétienne non pratiquante et ayant Hussein comme second prénom, le futur 44e président des Etats-Unis partait de loin pour convaincre la bigote Amérique.
Surtout du côté républicain, la croyance religieuse est aux Etats-Unis un argument électoral largement employé par les candidats qui ne manquent pas une occasion de mettre leur foi en avant. L’importance du vote évangélique, en particulier dans les États du sud, n’y est évidemment pas pour rien.
« Il est Mormon, je suis chrétien »
Conscients de l’opportunité de se démarquer de leur concurrent, les autres candidats de la primaire républicaine ont malgré tout été plutôt prudents suite à la diatribe du pasteur Jeffress.
« Il est Mormon, je suis chrétien », a tout de même tenu à préciser Herman Cain pendant que Michele Bachmann préférait appeler à la tolérance religieuse… tout en refusant de dire si elle considérait Romney comme chrétien. Quant à Rick Perry, il s’est pour l’instant borné à réfuter le terme de secte.
Souvent considéré comme trop modéré, Romney pourrait voir le fossé se creuser avec l’électorat conservateur si la thématique religieuse prenait de l’ampleur. Mais s’il venait à remporter la primaire républicaine, il y a fort à parier que les républicains oublieront leurs réserves à l’encontre des Mormons pour battre un président que nombre d’entre eux soupçonnent encore d’être musulman...
Élection présidentielle américaine à suivre sur : FromAmerica.fr
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