Une biographie de Pinochet
Quasi systématiquement, au cours des dernières années, l’ex-dictateur a été hospitalisé d’urgence alors qu’un événément important s’annonçait du point de vue judiciaire, ce qui fait douter les avocats des parties civiles de la gravité de son état de santé. Il semble tout de même qu’aujourd’hui, alors qu’il vient de fêter ses quatre-vingt-onze ans, son état de santé s’est particulièrement détérioré, puisque l’Eglise a annoncé lui avoir donné l’ extrême-onction.
En 1980, après une phase de répression et d’exil de nombreux opposants, il faisait voter une constitution dans laquelle il concentrait tous les pouvoirs. Un an plus tard, il se proclamait président pour huit ans. En 1983 et 1984, il faisait réprimer d’importantes manifestations et inaugurait une période de restriction budgétaire et de réformes économiques, sous l’égide de "l’Ecole de Chicago".
Le 7 septembre 1986, Pinochet sort miraculeusement indemne d’un attentat. S’ensuit alors une période de répression, et en 1988, la junte militaire le désigne candidat unique à sa succession pour la période 1989-1997. Il pense alors gagner facilement le référendum, mais l’opposition s’unit et accepte de participer. Finalement, le non l’emporte avec 55,2% des voix.
Après l’élection de Patricio Aylwin en décembre 1989, Pinochet est resté influent de longues années. Chef des armées durant encore onze ans, il s’était aussi garanti un poste de sénateur à vie, charge à laquelle il devait renoncer en 2001, tout en préservant son immunité en tant qu’ ex-chef de l’ Etat. Cela a considérablement ralenti les juges qui, chaque fois qu’ils ont voulu le mettre en examen, ont dû auparavant demander la levée de cette immunité.
Selon l’informe Rettig, il y aurait eu, durant la dictature, 3197 victimes, dont 1192 détenus disparus (dont les corps n’ont jamais été retrouvés).
Une fin de vie marquée par les poursuites judiciaires
C’est le juge espagnol Balthazar Garzon qui, le premier, a obtenu la détention de l’ex-dictateur le 17 octobre 1998, à Londres. Pinochet a alors été retenu près d’un an et demi, poursuivi pour faits de torture, génocide et terrorisme. Mais les lords anglais ont finalement décidé de le renvoyer au Chili, pour raison de santé.
Après son retour (et son rétablissement spectaculaire), Pinochet a été privé de son immunité parlementaire, en août 2000, dans le cas caravane de la mort. L’Argentine a aussi demandé son extradition pour son rôle dans l’assassinat de son prédécesseur, le général Prats, ainsi que de sa femme, à Buenos Aires en 1974.
En janvier 2001, le juge Guzmann le poursuit et l’assigne à résidence pour l’exécution politique de soixante-quatorze prisonniers en 1973, mais il est ensuite exonéré de poursuites en 2002 pour cause, selon les médecins, de "démence légère".
En août 2004, il est de nouveau accusé pour les crimes de l’opération Condor, un système de coordination des dictatures latino-américaines pour poursuivre et assassiner leurs opposants.
En décembre 2004, la Cour d’appel lui retire son immunité pour l’assassinat du général Prats, mais il est définitivement relevé de cette accusation en avril 2005, de nouveau pour raison de santé.
Enrichissement illicite
L’ex-dictateur affronte aussi des poursuites dans des affaires financières, comme celle des comptes secrets à la banque Riggs aux Etats-Unis. En juin 2005, il est accusé de fraude fiscale, d’utilisation de faux passeports, de fausses déclarations pour éviter les mesures de précaution judiciaires dans le cadre de sa détention à Londres. Le mois suivant, il est accusé pour l’opération Colombo, qui avait couvert la disparition de cent-dix-neuf opposants en 1975.
Le 19 octobre 2005, la Cour suprême approuve les poursuites pour les comptes secrets et le 18 novembre, il est soumis à une confrontation historique avec son ancien bras droit, l’ex-chef des services secrets Manuel Contreras.
Finalement déclaré mentalement apte pour un procès, Pinochet devait être interrogé le 23 novembre 2005 et mis en examen pour corruption et fraude au fisc. Le jour suivant, il était poursuivi pour la disparition de six militants de gauche, et le juge décrétait de nouveau son assignation à résidence.
Fin décembre 2005, il payait une caution de 24 millions de pesos, mais deux jours plus tard la Cour d’appel le poursuivait de nouveau pour malversation de fonds publics. En janvier 2006, il payait une autre caution de 19 000 dollars pour l’opération Colombo. Le 11 janvier, son immunité était de nouveau levée pour une série d’ homicides, et le 25 novembre dernier, le jour de son anniversaire, il présentait une lettre publique dans laquelle il déclarait finalement "assumer la responsabilité politique de ses actes".
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