Une occasion manquée

Nicolas avoue sa perplexité au sujet du conflit israélo-palestinien.
Il est vrai, comme il le souligne justement, que l’affaire est complexe et qu’elle dure maintenant depuis plus d’un demi siècle.
Au début de cette semaine, ce conflit s’est une fois de plus rappelé au monde.
En effet, lundi à l’aube, l’armée israélienne a intercepté une flottille internationale de six bateaux, partie de Turquie avec à son bord 700 militants pro-palestiniens et de l’aide humanitaire à destination de Gaza en violation du blocus imposé par l’Etat hébreu.
Chacun, comme d’habitude, se renvoie la responsabilité. Les protagonistes bien sûr, mais aussi toutes les chancelleries de la planète.
En tant que simple citoyen, je demeure bien sûr tributaire non seulement des informations diffusées sur le sujet mais également de la sélection (consciente ou non) que j’en fais en fonction de mes convictions (merci à Noam Chomsky d’avoir rappelé, hier sur France3, ce processus insidieux d’auto-sélection des informations que chacun d’entre nous portons dans notre for intérieur).
Il en résulte évidemment un grand sentiment d’impuissance face à cette absurdité géopolitique qui n’en finit pas de pourrir sous nos yeux.
Israéliens et Palestiniens ont le dos tourné à la mer. Les uns et les autres ne reculeront pas. C’est une certitude.
A l’Etat hébreu qui s’assoit depuis des lustres sur la légalité internationale répond le terrorisme islamiste du Hamas sunnite palestinien et du Hezbollah chiite libanais.
Face aux casques lourds de Tsahal, les pierres des enfants des deux Intifada ont laissé depuis longtemps la place aux bombes humaines, aux tirs de roquettes artisanales, ainsi qu’à tous les processus de guérilla propres à ceux qui, matériellement, se trouvent dans l’incapacité de se défendre “plus conventionnellement”.
Le fondamentalisme sioniste, qui se nourrit désormais d’une lecture de plus en plus littérale de la Bible sous la pression de certains rabbins et religieux hystériques, se heurte frontalement aux agités du Coran qui puisent dans leur livre la légitimité leur permettant, avec la force du désespoir, de revendiquer chaque pierre et chaque parcelle de terrain abandonnée à l’occupant.
La classe politique israélienne est travaillée par des scandales et des affaires de corruption. La nomenklatura palestinienne en place ne vaut guère mieux.
Comment pourraient-elles d’ailleurs s’entendre ?
Car au lieu de politiser le conflit, elles n’ont de cesse de le sacraliser, pressées l’une et l’autre par leurs éléments les plus intransigeants.
Or, en sacralisant ce conflit, on donne aux arguments massues de la métaphysique religieuse toute latitude pour abolir la raison et faire échec à des solutions réfléchies.
Comment se fait-il que certains soient amenés à se référer aux abominations commises hier sous le ciel brumeux de la Pologne et de l’Allemagne pour expliquer, sinon justifier, d’autres abominations commises sous le ciel ensoleillé de Gaza ?
Deux anciens chefs de guerre, Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, avaient compris l’impasse de cette sacralisation à outrance, et c’est notamment pour sortir définitivement de cette ornière qu’ils avaient signé les accords historiques d’Oslo, négociés de longs mois en secret, le 13 septembre 1993, à Washington.
Si je devais donc illustrer la beauté tragique de la Politique (celle qui trace un sillon dans l’Histoire pour dessiner les contours d’une humanité meilleure et plus éclairée), je pense que je m’en référerais sans trop d’hésitation à cette poignée de main à Washington.
Car Rabin et Arafat en ont perdu la vie à quelques années de distance. Rabin a été assassiné en pleine rue à Tel Aviv par un juif intégriste, Ygal Amir, probablement manipulé ; Arafat, épuisé après le siège de sa résidence de Ramalah, est quant à lui décédé en région parisienne après un rapatriement en urgence pour recevoir les soins dont il avait été privé pendant des mois.
Avec leur disparition, les promesses d’une paix durable semblent s’être irrémédiablement évanouies.
Une occasion manquée. Incontestablement.
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