Une situation plus grave que la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962
L’avènement du Hamas, sa détermination à détruire Israël, les perspectives d’armement nucléaire iranien, les plans défensifs aériens et navals israéliens, la Mésopotamie en feu, créent une situation explosive que certains spécialistes francais en stratégie estiment potentiellement incontrôlable.
Les projets nucléaires de l’Iran, l’attitude de son président qui souhaite la destruction d’Israël, l’accession au pouvoir du Hamas financé par Téhéran et par des capitaux saoudiens, la nouvelle rupture que provoque la volonté affirmée de ce mouvement maintenant au pouvoir de rendre au peuple palestinien non seulement Jérusalem mais également toute la Palestine, du littoral méditerranéen aux rives du Jourdain, créent, selon certains spécialistes français, une situation potentiellement beaucoup plus grave que celle provoquée dans le monde par l’installation de missiles nucléaires à Cuba en 1962.
Si l’on a pu espérer un moment que l’accession au pouvoir du Hamas inciterait ce mouvement à une conscience plus grande de ses responsabilités, il n’en est rien pour l’instant. Les évènements des dernières vingt-quatre heures ont prouvé aux optimistes qu’ils s’étaient trompés.
L’agence de presse israélienne Guyssen a réagi très durement en écrivant : « Sous prétexte de démocratie, la communauté internationale, l’Etat d’Israël et l’Autorité palestinienne ont accepté qu’un mouvement appelant à la destruction de l’Etat juif et prônant le djihad participent à des élections. Quel pays accepterait la participation électorale d’un parti appelant à sa destruction ? »
Elle ajoutait « On nous a présenté le Hamas, comme un mouvement ’’pur, social’’ face à un Fatah corrompu. Le Hamas n’est pas vertueusement ’’social’’, mais pratique le clientélisme, comme son rival et comme le Hezbollah. Ce clientélisme n’est pas mu par un altruisme louable : il vise à asseoir son contrôle totalitaire sur des populations. »
La reine Rania, de Jordanie, fille d’un banquier palestinien, y est allée de son commentaire : « ’’Bien que le résultat électoral ait été un vote pour le Hamas, c’était aussi un vote contre les conditions dans lesquelles les Palestiniens ont été contraints de vivre sous l’occupation israélienne [...] C’est un exemple de ce à quoi mènent des gens frustrés et sans espoir pour l’avenir : ils tendent à aller vers la fin extrême du spectre. Il faut maintenant voir si le Hamas poursuivra sa politique de violence ou s’il cherchera d’autres moyens de réaliser la liberté pour les Palestiniens’’.
Un responsable du Hamas a déclaré publiquement par ailleurs : " Ni la reconnaissance de l’Etat d’Israël, ni des négociations avec lui ne sont à l’ordre du jour du Hamas’’, ajoutant que le peuple palestinien luttera pour la récupération de toute la Palestine à partir du rivage méditerranéen.
Le seul fait nouveau pourrait être la décision de ce mouvement désormais au pouvoir de créer une « armée régulière ». Cela créerait un adversaire désigné à Tsahal, ce qui est toujours, dans un conflit, plus clair que d’avoir à faire face à un une nébuleuse de gens armés, souvent suicidaires, frappant au hasard civils et militaires.
Si la création d’une telle armée devait signifier la disparition du terrorisme comme méthode d’affrontement, il serait alors possible de considérer que l’ennemi d’Israël veut désormais se battre à la loyale. Mais une lecture pessimiste de cette évolution stratégique, parallèlement au terrorisme, conduirait à croire qu’il s’agirait alors d’une guerre, à laquelle seule la disparition d’un des deux adversaires pourrait mettre fin. Conclusion cataclysmique que la communauté internationale ne pourrait admettre.
Côté israélien, on envisage les conséquences immédiates de la formation d’un gouvernement Hamas, totalitaire et islamiste, au nombre de trois :
L’électricité consommée dans ce qu’à Jérusalem, on désigne comme « territoires », est fournie par les centrales israéliennes. Qui donc va désormais payer la note à la compagnie d’électricité israélienne « Hevrat Hachmal » ? Le Hamas ? Les Palestiniens ne s’exposent-il pas à devoir cuisiner et s’éclairer au pétrole ?
Dans quelles conditions va s’écouler désormais le trafic transfrontalier important au Karni , qui est un terminal majeur entre Israël et la bande de Gaza , point par lequel passent les denrées essentielles à la survie de la population palestinienne dans cette zone, si le Hamas maintenant au pouvoir fait peser sur Jérusalem la menace de sa destruction, et de celle du pays dont elle est la capitale civile et religieuse ?
Comment vont être administrés entre les autorités israéliennes et celles de l’Autorité palestinienne les problèmes pratiques quotidiens ?
Etre maître du terrorisme quand on est marginalisé par le pouvoir, puis vouloir le perpétrer étant soi-même le gouvernement, sont deux positions extrêmes. Les nouvelles responsabilités acquises par le Hamas et ses dirigeants, au moyen du suffrage universel, pourraient - ou devraient - contraindre les nouveaux maîtres d’une potentielle Palestine à plus de prudence. Ils ont apparemment , selon les urnes, une partie du peuple pour eux. Ils continuent à affirmer leur détermination à éliminer les corrompus au sein du peuple palestinien, à détruire Israël. Ils refusent de renoncer à l’usage des armes. Ces prises de position constituent l’aspect d’une situation nouvelle issue des urnes.
Pourtant, il y a maintenant dans la rue une foule de nationalistes palestiniens, hommes et femmes en colère et armés. Ce sont les partisans du Fatah qui, brandissant des portraits de Yasser Arafat, contestent la victoire des islamistes. Ils sont prêts, clament-ils, à en découdre avec leur rivaux. On a même vu des femmes brandissant des Kalachnikovs pour exprimer leur rejet d’un régime des mollahs.
Les « territoires » sont-ils au bord de la guerre civile et du chaos ?. Ou bien est-ce encore un de ces « barouds d’honneur » qui, en Orient, font rêver les foules ?
Les réactions immédiates en Israël indiquent qu’il va falloir aussi tenir compte du fait que, ipso facto, les champions de l’islam nationaliste palestinien soient devenus, en raison même de leur victoire et de l’intransigeance de leur attitude, potentiellement plus vulnérables
Leurs menaces, leurs anathèmes passionnels ont provoqué en Israël une nouvelle unité, une énergie renouvelée du peuple israélien, même si une grande proportion d’Israéliens, lasse de la guerre, souhaite l’établissement d’une paix durable qui garantirait la sécurité de son pays et sa pérennité dans la région ; ces Israëliens sont prêts à reprendre les armes pour se défendre. L’histoire contemporaine a en effet prouvé que les Israéliens ne sont jamais plus unis et plus forts que lorsqu’ils sont menacés. Un diplomate en poste au Moyen-Orient me disait dans les années 1970 que sans une guerre permanente qui les menace depuis la création de leur Etat, les Israéliens se laisseraient détruire pas leurs divisions et leurs conflits internes. Il est donc difficile d’écarter l’hypothèse selon laquelle, en face d’un danger qui menacerait ses intérêts vitaux, l’Etat d’Israël ne mettrait pas en œuvre tous les moyens de défense conventionnels ou autres qu’il possède pour dissuader ses ennemis, où qu’ils se trouvent.
Selon la presse britannique et notamment le Sunday Times, ainsi que l’agence israélienne, les Israëliens ont fait état, récemment, de manœuvres intenses entreprises par l’armée de l‘air et sa marine de guerre afin d’être prêts à affronter toute menace véritable en provenance d’Iran. Il n’est pas certain, s’ils devaient lancer un raid contre le complexe nucléaire iranien, qu’ils parviennent à le détruire, comme naguère Osirat. Ce complexe est maintenant souterrain et probablement à l’abri des armes puissantes dont dispose Israël. Mais si ce pays devait franchir un pas de plus, ses ennemis devraient se souvenir qu’il existe sur le territoire du « petit pays » une force de 200 ogives nucléaires.
La gravité d’une telle situation sur les rives du Jourdain, tandis que la Mésopotamie est encore enflammée, pourrait provoquer l’extension d’un conflit que personne ne pourrait plus maîtriser, ce que Pierre Lellouche, député UMP de Paris, décrivait samedi lors d’une émission de télévision populaire, comme une des conjonctures les plus graves que le monde ait connues depuis la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962.
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