US 2008 : Palin fait feu de tout bois
La première interview officielle de Sarah Palin sur la politique étrangère des États-Unis confirme les premières impressions de sa désignation par le candidat républicain John MacCain comme colistière.

Les images de chefs d’État autosatisfaits de leur tableau de chasse, une carabine à la main, il y en a des tas depuis que le monde est monde. Rappelez-vous Valéry Giscard d’Estaing et Leonid Brejnev il y a une trentaine d’années.
C’est un peu à ça que m’ont fait penser les premières déclarations supposées sérieuses de la très officielle candidate républicaine à la Vice-Présidence des États-Unis. À la différence près que cette jeune dame est très télégénique et très photogénique.
Inutile de rappeler qui est la gouverneur de l’Alaska, le buzz depuis deux semaines a très bien fonctionné et tant qu’on parle d’elle, en bien ou en mal, c’est pour le ticket républicain un gage de succès (le principal handicap de Sarah Palin étant son manque de notoriété). Opération réussie, les sondages se sont inversés.
À tel point que que Herobuiders, un fabricant de poupées, en a déjà vendu plusieurs milliers à l’effigie de Sarah Palin et que MacCain dépasse Obama sur ce terrain-là.
Une femme qui rassure ?
Le monde peut être rassuré. Alors qu’il y a quelques semaines, elle ne savait pas trop bien ce qu’était l’agenda d’un Vice-Président des États-Unis, maintenant, elle se sent prête. Même pour assurer la fonction suprême. Pour preuve, elle a accepté la proposition de John MacCain. Sinon, elle ne l’aurait pas acceptée : « Je n’ai pas hésité car j’ai confiance dans le fait que je suis prête. ».
Elle ne peut que rassurer les Américains car elle s’implique personnellement dans la guerre en Irak. Son fils de 19 ans, Track, va bientôt partir avec l’US Army en Irak. Et s’il faut faire la guerre contre l’Iran, elle le fera. Une atmosphère qui rappelle l’époque où le jeune John MacCain combattait au Vietnam.
Elle dit notamment qu’il faut considérer toutes les possibilités pour arrêter les terroristes : « I believe that America has to exercise all options in order to stop the terrorists who are hell bent on destroying America and our allies. We have got to have all options out there on the table. » pour ensuite estimer que la guerre en Irak est une œuvre de Dieu : « Our national leaders are sending US soldiers on a task that is from God. ».
Certes, Sarah Palin n’a pas rencontré beaucoup de dirigeants du monde, juste un petit entretien téléphonique avec le Président géorgien, et n’a quitté qu’une fois le continent américain. Mais son charisme n’est pas négligeable. Il soulève des montagnes. Oui plutôt, il soulève les sondages.
Un simplisme logique ?
Autre source pour se rassurer. Sarah Palin a des idées simples, faciles à faire comprendre, et surtout, d’une logique implacable.
L’Ukraine et la Géorgie ? Bien sûr qu’il faut les intégrer dans l’OTAN (comme cela a déjà été fait pour les autres pays de l’ancien bloc soviétique, la Pologne notamment). Mais dans ce cas, il faut considérer l’OTAN comme une véritable alliance militaire.
Si l’un des pays de l’OTAN était envahi… par exemple, par la Russie, il serait alors normal que les États-Unis lui vienne en aide. Bref, en d’autres termes, elle serait prête à déclarer la guerre à la Russie en cas d’invasion de la Géorgie ou de l’Ukraine. Heureusement que la Moldavie ne fait pas partie de l’OTAN.
L’analyse paraît même plus simpliste que celle du Président Ronald Reagan qui avait fait de la guerre froide une force économique des États-Unis (une guerre froide que Reagan a gagné selon elle). Elle reprend simplement la doctrine Bush Jr qui préconise le principe des guerres préventives.
D’une redoutable efficacité électorale ?
Les arguments simples sont peut-être un peu simplistes, mais ils sont généralement les plus facilement partageables. Les discours manichéens sont en effet plus accessibles à l’écoute que les analyses nuancées qui prennent en compte les réalités complexes.
Sarah Palin, une erreur ?
Non, sans doute un atout porteur pour John MacCain avec ce revers de la médaille : la star est devenue Palin au détriment, certes, d’Obama, mais aussi de MacCain lui-même !
Je vous conseille donc de bien l’écouter (lien et vidéo en fin d’article). Dans cette interview, Sarah Palin se montre politiquement redoutable et son image est très habile. Elle paraît posée, sérieuse, ferme, énergique sans se départir de son sourire de Miss beauty.
À Barack Obama et Joe Biden de réagir très vite…
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (12 septembre 2008)
Pour aller plus loin :
L’interview de Sarah Palin avec le journaliste Charles Gibson du 11 septembre 2008 sur ABC-News.
Verbatim de l’interview de Sarah Palin du 11 septembre 2008.
Video de l’interview de Sarah Palin du 11 septembre 2008.
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