Venezuela : Les étudiants chiliens manipulés
Depuis 2011, les étudiants chiliens sont dans les rues afin de réclamer une éducation publique, gratuite et de qualité. Parallèlement, ils mettent en cause le système éducatif et sociétal hérité de la dictature d'Augusto Pinochet. Leur figure de proue, Camila Vallejo, avait fait la Une des médias internationaux. En 2014, c'est au tour des étudiants venezuéliens de descendre dans les rues et de mettre en cause le gouvernement de Nicolas Maduro. Les deux mouvements se ressemblent dans la forme. Dans le fond, les étudiants chiliens se disent manipulés par une certaine presse de Caracas.
Des mouvements étudiants différents.
L'ex-Présidente de la Fédération des Etudiants de l'Université du Chili (FECh) s'est montrée prudente sur les derniers événements de Caracas. En cause, une possible manipulation médiatique des étudiants chiliens et de la répression qu'ils vécurent de 2011 à 2013. Des cas de torture et d'abus sexuels furent dénoncés par Camila Vallejo devant la Haute-Commissaire des Nations Unies, en Suisse. L'actuelle députée communiste pour La Florida avait reçu une protection policière, ayant été menacée de mort. Plusieurs associations des droits de l'Homme de Santiago du Chili, ont publiquement mis en cause la politique répressive du Président Sebastian Pinera (Rénovation Nationale, droite). L'Union des Etudiants d'Europe (ESU) avait initié un lobbying auprès du Parlement Européen, dévoilant les faits de répression vécus par leurs collègues chiliens, dès fin 2011. Publiquement, 47 de ses fédérations membres sommèrent le gouvernement Pinera de respecter les droits de l'Homme et des étudiants. Rejoints par leurs collègues des quatre autres continents, ils avaient publiés une déclaration mondiale en protection des étudiants de Santiago. Ils rejettèrent le vote de la loi Hinzpeter (du nom de l'ex-Ministre de l'Intérieur du Chili) permettant l'emprisonnement des leaders étudiants. Aujourd'hui, les fédérations étudiantes restent prudentes sur la situation venezuelienne. La solidarité n'est pas la même, car les faits sur place, restent nébuleux. La presse favorable au gouvernement Maduro, a dévoilé une série de clichés pris lors des manifestations violentes de ces dernières semaines à Caracas, et publiés dans la presse internationale. Parmi ces clichés, plusieurs ont été pris lors des manifestations étudiantes du Chili, de 2011. D'autres, viennent de Syrie ou même d'Ukraine.
Des photos prises au Chili en 2011, transformées comme venant de Caracas 2014.
La Confédération des Etudiants du Chili (Confech) n'a pas manqué de réagir. La Fech a dénoncé une tentative de Coup d'Etat au Venezuela. Alors que la Feuc (Fédération des Etudiants de l'Université Catholique du Chili) se montrait plus prudente, demandant le respect de l'expression des étudiants. Pourtant, la volonté de montrer la similarité entre les revendications chiliennes et venezueliennes, hérisse les étudiants de Santiago. Elle les divise même, selon certaines sources. L'attitude de la future présidente du Chili, Michelle Bachelet n'améliore pas les choses. Elle aurait reçu en décembre dernier, l'opposant de droite de Caracas, Leopoldo Lopez. Alors que le président en fin de mandat recevait Henrique Capriles en dehors du palais présidentiel de La Moneda.
Le spectre d'un Coup d'Etat, orchestré par Washington, secoue le Venezuela post-Chavez. En 2002, lors d'un précédent essai, Hugo Chavez avait été rammené au pouvoir grâce à sa garde présidentielle et ses partisans. Décrié par les gouvernements de tendance de droite, il ne faisait pas l'unanimité. Pour autant, les étudiants chiliens , dans le cas présent, ont conscience que ce qui se joue à Caracas, est une situation similaire à celle vécue en 1973 sous Salvador Allende. D'ex-leaders étudiants tels que Giorgio Jackson (Révolution Démocratique- RD) ou Gabriel Boric (Gauche Autonome- IA) appelent à la prudence face à la situation venezuelienne et rejettent toute manipulation du mouvement étudiant, pour un Coup d'Etat. La presse chilienne favorable à Sebastian Pinera, n'a toujours pas mentionné les photos manipulées des étudiants chiliens, ni même réagi. Sur twitter, les ex-leaders étudiants du Chili sont injuriés pour leur "mutisme". De son côté, Camila Vallejo a partagé sur la twittosphère, un article analysant de façon humoristique et réaliste, les situations actuelles politiques en Italie, Ukraine et au Venezuela.
Sources :
Déclaration étudiants du Chili : www.24horas.cl
Fourberies médiatiques au Venezuela : www.michelcollon.info
Caras de Palo www.elciudadano.cl
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