Venezuela : retour sur la présidentielle
Le journaliste, l'historien ont leur logiciel de travail qui leur permet d'analyser une situation dans l'actualité pour l'un, dans l'histoire pour l'autre. Il leur faut identifier et comparer leurs sources, mettre en face à face des thèses et appréciations divergentes (quand elles existent) et les présenter en toute honnêteté intellectuelle pour que les lecteurs puissent se faire une idée la plus proche possible de la réalité des faits.
Dans le cas du Vénézuela, de nombreux articles ont fait état des positions du gouvernement du pays et de son président Nicolas Maduro à la suite de l'élection présidentielle du 28 juillet dernier.
Il est donc indispensable de présenter un éclairage venant de l'opposition au régime vénézuélien. La rencontre avec Nelson Castellano-Hernandez diplomate vénézuélien est ainsi utile pour permettre d'appréhender la réalité du terrain.Il fut en poste au Liban, en Iran, auprès de l'Union Européenne, en France. Assesseur électoral à Paris pour l'élection pour la présidence du Vénézuéla,Nelson Castellano-Hernandez est coordinateur pour la France de la Grande Alliance NAtionale (GANA).Et son analyse vaut la peine d'être entendue.
Pour l'opposition, le vainqueur de la présidentielle face au président sortant Nicolas Maduro, c'est l'ancien diplomate Edmundo Gonzales Urrutia candidat de la Plateforme Unitaire Démocratique (MUD Mesa de la Unidad Democratica), soutenu par la leader de l'opposition Maria Corina Machado vainqueur largement de primaires, déclarée inéligible, mais qui a mené campagne, malgré toutes les vexations mises en place pour lui interdire le contact avec la population : longs déplacements en voiture car l'avion, le train lui étaient interdits, sabotages, hôtels fermés pour elle.
Or le 29 juillet le Conseil National Electoral (CNE) déclare Nicolas Maduro vainqueur avec "une tendance irréversible" sur la base de 5 150 092 voix pour ce dernier contre 4 445 978 voix pour le candidat de l'opposition, avec les résultats de 80% des bureaux de vote et un taux de participation de 59%.
L'opposition posséde les procès-verbaux sortis d'une grande partie des bureaux de vote. Le vote étant électronique dans le pays et manuel à l'étranger, les représentants de chaque parti politique gardent une copie du procès verbal établi après les votes. Sur la foi de ces documents officiels l'opposition juge les résultats incroyables et demande au CNE de publier tous les procès verbaux.
C'est alors que Nicolas Maduro saisit le Tribunal Suprême de Justice pour signaler une cyberattaque imputée à l'opposition depuis l'étranger. Le piratage informatique ayant interrompu la transmission des résultats.
Le 2 août le CNE annonce des résultats basés sur 96,87% des procès- verbaux, avec 59,97% de participation, et 51,95% des voix pour Nicolas Maduro. Sans produire aucunement les procès-verbaux.
La Plateforme Unitaire Démocratique s'appuyant sur 81,85% des procès-verbaux en sa possession indique que 7 153 152 voix vont à Edmundo Gonzales Urrutia et que 3 250 424 voix vont à Nicolas Maduro.
L'ONU, des gouvernements, des organisations internationales, la mission d'observation colombienne, valident les résultats rapportés par la Plateforme Unitaire Démocratique. Des pays "amis" du Venezuela comme le Brésil de Lula Da Silva, la Colombie de Gustavo Petro, le Mexique de Lopez Obrador contestent les résultats présentés sans procès- verbaux. L'Union Européenne n'accepte pas en l'état les résultats électoraux. Sa mission d'observation de l' élection présidentielle actée à la suite de l'accord de la Barbade, pour un dialogue entre toutes les forces politiques en vue de la préparation des élections, avait déjà été rejetée par le gouvernement. Un membre éminent du Conseil National Electoral passant à la clandestinité a même relevé des irrégularités depuis l'expulsion des témoins à l'heure du décompte dans les bureaux de vote.
La Russie, la Chine, Cuba, l'Iran entérinent les résultats qui donnent Nicolas Maduro vainqueur.
Des manifestations populaires et pacifiques ont lieu depuis la proclamation des résultats. Les votes des quartiers et régions, dans le passé favorables au président Maduro, ont montré l'érosion de l'électorat chaviste avec abstention ou adhésion à l'opposition. Les classes populaires qui avaient soutenu le président Chavez, il y a un quart de siècle, se tournent maintenant vers la candidate invalidée, Maria Corina Machado. Les ONG dont "Foro Penal" qui défendent les droits humains font état d'assassinats d'opposants par les forces de l'ordre, de manifestants emprisonnés, y compris parmi les plus jeunes qui accompagnent leurs parents dans les rassemblements. D'anciennes prisons ont été depuis longtemps transformées en centre de rééducation. Une véritable répression psychologique est organisée pour intimider. Une application permet la prise en compte de la délation anonyme de ceux qui s'opposent au régime.
Le procureur général de la République traite l'opposition de terroriste, l'accusant de haute trahison en déversant des messages de haine sur les réseaux sociaux. Le réseau social X accusé de tentative de "coup d'état cyberfasciste criminel" est suspendu.
Des politiques éminents de l'opposition sont kidnappés, sequestrés.
L'opposition considère qu'aux 8 millions de Vénézuéliens déjà partis en exil les années précédentes, devraient se joindre au moins 4 millions de citoyens sans avenir dans leur propre pays. Avec pour conséquence une nouvelle déstabilisation de la région.
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