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Venezuela, une révolution économique et sociale

1998-2008 : Une révolution économique et sociale
Bilan décennal du président Hugo Chávez
 
 Depuis son élection en 1998, Hugo Chávez a entrepris une vaste transformation économique et sociale au Venezuela dans le but d’améliorer le niveau de vie d’une population qui cultivait le paradoxe d’habiter dans l’un des pays les plus riches du continent américain et d’être en même temps plongée dans une singulière pauvreté. Retour sur les réformes du gouvernement bolivarien depuis dix ans.
 
 Hugo Chávez est un président apprécié par son peuple. Lors d’un sondage réalisé en septembre 2008, il a recueilli 69% d’opinions favorables. Chávez est également le président qui peut se targuer de disposer de la plus forte légitimité démocratique du continent. En effet, il a largement remporté trois élections présidentielles successives en 1998, 2000 et 2006 avec plus de 60% des voix, et un référendum révocatoire en 2004 avec 59,1% des suffrages. La transparence de ces processus électoraux a été saluée par les plus éminentes institutions internationales. Seule ombre au tableau : le rejet de la réforme constitutionnel lors du referendum de décembre 2007 qui a mis un terme à douze victoires électorales consécutives depuis 19981.
 
 La popularité du leader vénézuelien s’explique par les réformes économiques et sociales spectaculaires qui ont permis d’améliorer le niveau de vie de la population. Pourtant, rien n’a été simple pour Chávez. Victime en avril 2002 d’un coup d’Etat orchestré par Washington, il fut sauvé par une extraordinaire mobilisation populaire. Par la suite, en 2003, il a dû faire face à un sabotage des infrastructures pétrolières qui a coûté 10 milliards de dollars à l’économie nationale, et est toujours confronté à de multiples tentatives de déstabilisation2.
 
Nationalisations
 
 En 2003, le gouvernement bolivarien a pu reprendre le contrôle de l’entreprise d’Etat Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA), alors entre les mains de l’oligarchie, ainsi que des ressources énergétiques du pays en nationalisant les hydrocarbures. Désormais, PDVSA est propriétaire à hauteur d’au moins 60% des nouvelles entreprises mixtes. Par ailleurs, en mai 2007, le gouvernement vénézuélien a procédé à la nationalisation de la Bande pétrolifère de l’Orénoque, économiquement très lucrative et qui contient les plus importantes réserves mondiales3.
 
Auparavant, les transnationales pétrolières extrayaient le baril de pétrole pour un coût de production de 4 dollars et le revendaient à l’Etat vénézuelien au prix de 25 dollars pour sa commercialisation, empochant au passage une substantielle plus-value. Ce nouveau système a permis à l’Etat d’économiser 3 milliards de dollars pour la production de 500 000 barils par jour issus des concessions pétrolières de l’Orénoque. Ces nationalisations permettent désormais au pays de disposer de plus de 400 000 barils de pétrole de plus par jour4.
 
Le gouvernement vénézuelien a également décidé d’augmenter l’impôt sur les bénéfices de 34% à 50%, après avoir constaté que plusieurs firmes internationales avaient recours à l’évasion fiscale. Un nouvel impôt sur l’extraction de brut de 33,3% a été créé et génère des revenus supplémentaires à la nation d’un montant d’un milliard de dollars, ainsi qu’une taxe sur l’exportation de brut de 0,1%5.
 
 Le gouvernement a lancé un processus de nationalisation de certaines entreprises électriques et de télécommunications qui se trouvent dans une situation de monopole. Les entreprises privées Compañía Anónima Nacional Teléfonos de Venezuela S.A. (CANTV) et Electricidad de Caracas, détenues en grande partie par des capitaux étasuniens, sont passées sous contrôle de l’Etat6.
 
 Au niveau agricole, Chávez a récupéré près de 2 millions d’hectares, soit 28,74% des terres productives, aux latifundiaires sur les 6,5 millions d’hectares qui doivent être nationalisés. L’objectif est de développer le domaine de l’agriculture et d’atteindre une certaine souveraineté alimentaire. 49% des terres récupérées ont été redistribuées aux paysans, 40% sont destinées à des projets stratégiques et 11% ont été remises à des coopératives7.
 
 Ces réformes ont eu un effet bénéfique sur l’économie vénézuelienne, qui présente 19 trimestres consécutifs de croissance à une moyenne de 11, 2%8.
 
Une véritable révolution sociale
 
 Les nationalisations des divers secteurs de l’économie, ajoutées à la hausse du prix du pétrole, ont généré d’importants revenus à l’Etat, qui a entrepris une véritable révolution sociale. La politique du gouvernement a eu des résultats spectaculaires grâce à la multiplication des programmes en faveur des déshérités.
 
 Grâce à la création du Fonden, un fonds spécial destiné à financer les programmes sociaux, le taux de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 20,3% à 9,5% en dix ans. Au niveau de chômage, le taux est passé de 16,6% en 1998 à 7,1% en 2008. L’indice d’inégalité entre riches et pauvres a diminué de 13,7% entre 1998 et 2007. Le nombre de bénéficiaires de pensions de retraite a augmenté de 218,4%. Les dépenses sociales sont passées de 47,9% du budget de l’Etat en 1998 à 59,5% en 20079.
 
 L’universalisation de l’accès à l’éducation élaborée depuis 1998 a eu des résultats exceptionnels. Près de 1,5 millions de Vénézueliens ont appris à lire grâce à la campagne d’alphabétisation, nommée Mission Robinson I. En décembre 2005, l’UNESCO a décrété que l’illettrisme avait été éradiqué au Venezuela. La Mission Robinson II a été lancée afin d’amener l’ensemble de la population à atteindre le niveau du collège. A cela s’ajoutent les Missions Ribas et Sucre qui ont permis à plusieurs dizaines de milliers de jeunes adultes d’entreprendre des études universitaires. En 2007, le Venezuela comptait près de 12,7 millions d’enfants scolarisés sur une population de 26 millions d’habitants. Le nombre d’inscrits n’a cessé d’augmenter depuis l’arrivée de Chávez au pouvoir. En 2001, il était de 6,9 millions ; en 2002, il a atteint le chiffre de 9,5 millions pour se stabiliser à 11,3 millions en 2004. En 2005, il y avait 11,8 millions de scolarisés et 12,1 millions en 200610.
 
Au niveau de la santé, le Système national public de santé a été créé afin de garantir l’accès gratuit aux soins à tous les Vénézueliens. La Mission Barrio Adentro I a permis de réaliser 300 millions de consultations dans les 4 469 centres médicaux créés depuis 1998. Près de 17 millions de personnes ont ainsi pu être soignées. En 1998, moins de 3 millions de personnes avaient un accès régulier aux soins. Plus de 104 000 vies ont ainsi pu être sauvées. Le taux de mortalité infantile a été réduit à moins de 10 pour mille. Par ailleurs, grâce à l’Opération Miracle lancée par Cuba, qui consiste à opérer gratuitement les Latino-américains pauvres atteints de maladies oculaires, 176 000 Vénézueliens pauvres ont ainsi pu retrouver la vue11.
 
 Pour éliminer les problèmes de malnutrition, le gouvernement a lancé la Mission Alimentation avec la création de magasins alimentaires dénommés Mercal dont les articles sont subventionnés par l’Etat à hauteur de 30%. Près de 14 000 points de vente ont été installés à travers le pays. La moitié de la population, soit plus de 13 millions de personnes, effectue ses achats dans ces magasins. Par ailleurs, plus de 4 millions d’enfants reçoivent une alimentation gratuite à travers le Programme d’alimentation scolaire. En 1998, ils n’étaient que 250 000 à bénéficier de ce programme. Selon la CEPAL, le Venezuela dispose désormais du troisième taux de malnutrition infantile le plus bas d’Amérique latine derrière Cuba et le Chili12.
 
 En 1998, 80% des habitants des villes avaient accès à l’eau potable. En 2007, le chiffre a atteint 92% grâce aux énormes investissements réalisés dans ce secteur. Au niveau rural, des efforts ont également été accomplis passant de 55% en 1998 à 71% en 200711. Plus de 6,5 millions de personnes en ont bénéficié. Le Venezuela a ainsi atteint les objectifs du millénaire fixés par l’ONU pour 2015 dans ce domaine dès 200113.
 
 Le salaire minimum mensuel est passé de 118 dollars en 1998 à 154 dollars en 2003, et 192 dollars en 2005. Il est désormais de 286 dollars, le plus élevé du continent latino-américain. A titre de comparaison, sous la IV République, le salaire de base, dans le meilleur des cas, stagnait et parfois même diminuait. En 1996, alors que l’inflation du pays avait atteint un taux vertigineux de 100%, le salaire minimum était de 36 dollars seulement, alors qu’en 1994, il était de 101 dollars et en 1992 de 132 dollars14.
 
 De plus, les adultes d’un certain âge n’ayant jamais travaillé disposent d’un revenu de protection équivalent à 60% du salaire minimum. Les femmes seules ainsi que les personnes handicapées reçoivent une allocation équivalente à 80% du salaire minimum. Les mères au foyer âgées de 61 ans recevront désormais une pension complète avec une priorité donnée aux plus pauvres. Par ailleurs, le temps de travail passera à 6 heures par jour et 36 heures hebdomadaires à partir de 2010, sans diminution de salaire15.
 
Au niveau du logement, les autorités ont entrepris une politique de grands travaux avec la construction massive de nouveaux habitats destinés aux couches populaires et ont initié une politique de micro-crédits. Grâce à cette révolution sociale, le Venezuela fait désormais partie de la liste des 70 pays disposant d’un indice de développement humain élevé16.
 
Une solidarité internationale
 
Hugo Chávez, qui s’est retiré de la Banque mondiale et du FMI en remboursant par anticipation ses dettes, a étendu son aide aux autres nations américaines en mettant en place l’Alternative bolivarienne pour les Amériques et en créant la Banque du Sud, destinés a promouvoir une intégration économique régionale. Actuellement, le Venezuela offre un soutien financier direct au continent plus important que celui fourni par les Etats-Unis. Pour l’année 2007, Chávez a alloué pas moins de 8,8 milliards de dollars en dons, financements et aide énergétique contre seulement 3 milliards pour l’administration Bush. Même les citoyens étasuniens, délaissés par leur propre gouvernement, bénéficient également de la politique altruiste du Venezuela en recevant du combustible subventionné17.
 
 Le Venezuela est la preuve même qu’un gouvernement peut rapidement contribuer à une réduction drastique de la pauvreté et à améliorer sensiblement le bien-être de sa population, à condition à la fois de disposer de la volonté politique nécessaire et de destiner une partie des richesses nationales aux plus démunis. Caracas constitue la parfaite illustration du renouveau latino-américain où les peuples ont porté à la tête de plusieurs nations des leaders représentatifs de l’intérêt général, avec une réelle volonté politique de mettre un terme aux inégalités qui dévastent le continent. A l’heure où l’économie mondiale est frappée par une crise financière sans précédent, le Venezuela est porteur d’une alternative crédible au néolibéralisme sauvage.
 
Notes
 
1 ABN, « Gestión presidencial tiene 69% de aceptación », 6 octobre 2008 ; ABN, « Victoria Roja, Rojita », 3 décembre 2006.
2 Salim Lamrani, « Soberanía petrolera, reformas sociales e independencia económica en Venezuela », Rebelión, 15 mai 2007.
3 Ibid.
4 Ibid.
5 Ibid.
6 Erika Hernández, « Cantv : ícono de la privatización a la venezolana vuelve a manos del Estado », ABN, 12 janvier 2007
7 ABN, « Casi 2 millones de hectáreas han sido recuperadas del latifundismo », 25 mars 2007.
8 ABN, « Venezuela entre los países con mayor índice de desarrollo Humano », 6 octobre 2008.
9 Ibid.
10 Ibid.  ; Salim Lamrani, « La revolución social del presidente Hugo Chávez », Rebelión, 9 mai 2006.
11 Ibid.
12 ABN, « Venezuela entre los países con mayor índice de desarrollo Humano », op. cit. ; Salim Lamrani, « La revolución social del presidente Hugo Chávez », op. cit.
13 ABN, « Venezuela sanea las cuencas de sus ríos para reducir escasez de agua », 21 mars 2007 ; ABN, « Venezuela entre los países con mayor índice de desarrollo Humano », op. cit.
14 ABN, « Venezuela con el salario mínimo más alto de Latinoamérica », 20 avril 2007.
15 Ibid.
16 ABN, « Venezuela entre los países con mayor índice de desarrollo Humano », op. cit.
17 Salim Lamrani, « Soberanía petrolera, reformas sociales e independencia económica en Venezuela », op. cit.  ; Natalie Obiko Pearson & Ian James, « Exclusiva AP : Venezuela ofrece miles de millones a Latinoamérica », The Associated Press, 26 août 2007 ; The Associated Press, « Ayuda venezolana a Latinoamérica y el Caribe en el 2007 », 26 août 2007
 

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6 réactions à cet article    


  • Yvance77 21 février 2009 14:50

    Salut,

    Bon post qui recadre bien le truc ou certains réac y verront du blochévisme pur beurre.

    Ce fort en gueule a des "corones" et les a mises sur la table, et ce malgré le fait que les néo-cons bushistes ont tout tenter pour l’éliminer. Mais là ou ils ont réussi avec le lâche assassinat d’Allende, par bonheur ils se sont vautrés sur la voix du peuple des déshérités.

    Ses combats, il les a mené a bien, mais une grosse ombre au tableau demeure néanmoins. C’est un taux de criminalité hyper élevé. Caracas c’est pas Oslo pour cela. S’il parvient à éradiquer cette violence endémique, notre Pipole 1er ferait bien de s’en inspirer fissa ... mais là je rêve !

    A peluche

    A peluche


    • Philou017 Philou017 21 février 2009 15:20

      Comme quoi le libéralisme n’est pas le seul modèle disponible, loin de là.

      C’est pour cela que Chavez irrite tellement nos élites politico-journalistiques : Il vient déranger la pensée unique si confortable et si facile sur la "main libre" du marché (ainsi qu’un certain nombre d’adeptes ici-même).

      Il faut comprendre que le libéralisme permet de s’absoudre d’un certain nombre de compromissions et de démissions : "on y peut rien, c’est comme ca et on peut rien y changer. De toute façon, il n’y a pas mieux".(libéralisme, société, mondialisation).

      Chavez a tendance à mettre le nez de ces pseudos-penseurs dans leur insignifiance.

      Forcément énervant.

      Les médias et leurs mentors, les "élites" politico-financieres, ont cassé toute réflexion / débat en martelant l’antienne : le socialisme a échoué (confondu avec le communisme sauce URSS), il n’y a donc que le capitalisme qui marche (confondu avec le libéralisme). Une négation de la capacité à penser qui ne supporte pas la contradiction.
      Enfin, qui ne supportait pas...


    • Jean-paul 21 février 2009 16:08

      Ahhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!!!!!!Cette gauche francaise !!!!!!!
      Quand les etudiants manifestent contre Sarkozy ils ont raison ,quant au Venezuela les etudiants manifestent contre Chavez ils on tort .Peu importe que Fidel Castro soit un dictateur pourvu qu’ il soit de gauche .Chavez est son fils ideologique .


      • colibrì 22 février 2009 09:16

        Les historiens disent qu’il ne faut jamais affirmer sans avoir suffisament de preuves.
        Monsieur Lamrani, avez vous été vérifier sur place ce que vous soutenez ?
        Je vous conseille vivement de le faire.

        Voici un des nombreux liens qui parlent du sujet, désolé pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol.



          • energieverte 22 février 2009 09:37

            @lamrani

            Je pense que la manne pétrolière a permi à Chavez d’arroser ses électeurs. J’ai bien peur que ça ne dure pas tellement plus longtemps. A ce moment la il sera toujours temps d’accuser le néoliberalisme sauvage. Espèrons que ça ne finisse pas en dictature....Dans le passé ça s’est souvent fini comme ça.

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