L’Occident est en péril. Surtout à cause de la politique économique chinoise. Existe-t-il des moyens pour sauver notamment l’Europe, et donc la France ?
Je viens de rentrer de Chine où j’ai passé deux semaines à Chengdu dans le cadre de rencontres économiques et culturelles internationales. Auparavant, je connaissais déjà cet immense pays pour y avoir séjourné à plusieurs reprises lors de diverses missions à caractère professionnel. Il faut dire que la Chine est faite de nombreux contrastes qui déroutent souvent le visiteur étranger lorsqu’il pose le pied sur ce territoire absolument moderne et extrêmement ouvert sur le futur, alors même que les traditions ancestrales restent très ancrées pour une grande partie de la population.
Chengdu est une gigantesque ville de la province du Sichuan dont elle est la capitale. Jumelée en France avec Montpellier, elle compte plus de quatre millions d’habitants, et son district atteint aujourd’hui une population de 14 millions qui s’active autour de l’un des plus grands centres industriels chinois comprenant à lui tout seul 45 universités, 230 instituts de recherche, 450.000 chercheurs, et plus de 6000 entreprises.
Quand on rencontre les chinois, et particulièrement à Chengdu, on découvre rapidement chez eux ce côté bienveillant et souriant qui fait leur charme et qui séduit très souvent les occidentaux. Il faut dire que la ville connaît une qualité de vie qui en fait sa réputation, et personne ne pourra contester cette ambiance chaleureuse que l’on aimerait bien retrouver plus souvent sur le sol français à l’heure d’aujourd’hui.
Alors la Chine une amie avec la France ? Certainement. Les Chinois ont un sens exceptionnel de la convivialité qui s’allie parfaitement à un esprit de communication, ce qui facilite largement les rapports avec les français. Ainsi, au fil du temps, et malgré les différences de coutumes et de civilisation, il s’est créé une amitié franco-chinoise qui subsiste actuellement, même si elle peut paraître à l’heure actuelle moins forte qu’auparavant.
Mais depuis quelques années et en particulier de nos jours, la Chine et la France marquent des différences qui ne font que s’accroître dans un espace mondial en pleine évolution et en profond changement.
Souvenez-vous !
« Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera. ». Cette affirmation prophétique est attribuée à Napoléon 1er qui l’aurait prononcé en 1816 après avoir lu "La relation du voyage en Chine et en Tartarie" de Lord Macartney, premier ambassadeur du roi d’Angleterre en Chine.
En 1973, Alain Peyrefitte, homme politique français et écrivain, reprit cette phrase pour en faire le titre de son livre qui fut part ailleurs, un véritable best-seller lors de sa sortie. L’analyse de cet ouvrage porte une Chine qui veut atteindre un niveau de culture et de technologie suffisants pour s’imposer enfin au reste du Monde. Quelques années plus tard en 1996, le même Alain Peyrefitte écrivait alors : « La Chine s’est éveillée ». Mais était-il encore bien loin à ce moment-là des réalités d’aujourd’hui qui constatent une situation préoccupante pour de nombreux observateurs.
En 2002, le très connu scientifique Claude Allègre écrivait : « Que ferons-nous quand ... la Chine exportera à bas prix toutes les céréales produites suivant des techniques que nous n’aurons pas pu développer ? »
De son côté, Fa Quix, Président de la Fédération belge des patrons du textile a déclaré peu après : « La Chine est une dictature communiste qui a élaboré un maître plan en vue d’inonder le monde entier. La Chine est une menace sans précédent ».
Et les analyses et commentaires au sujet d’un danger potentiel émanant du développement de la puissance chinoise sont devenus très nombreux et font toujours grand débat au sein de certains politiques et surtout chez les économistes. Ainsi, tout dernièrement dans son livre « Réinventer l’Occident » paru chez Flammarion, Hakim El Karoui, banquier d’affaires et essayiste, souligne les conséquences de l’éveil de la Chine qui a pour ambition de redevenir la première puissance mondiale au détriment de l’Occident. Entre autres situations constatées, l’auteur nous met largement en garde contre l’appauvrissement de l’Europe provoqué par la politique économique chinoise qui envahit les marchés mondiaux, tout en restant très protectionniste pour elle-même.
Alors, que risque-t-il de se passer dans les mois et années qui arrivent ?
D’un côté, il existe la Chine influente, prépotente, bien que fragile certes en raison de ses dettes, de ses tensions sociales et de sa corruption, mais cependant redoutable pour l’ensemble des pays de l’occident. Elle a d’ailleurs érigé sur le plan politique un énorme mur très efficace protégeant ses principes que nul ne critiquer et contester.
De l’autre côté, l’Europe tente d’exister dans une situation très inconfortable avec la crise montante de ses pays membres qui déstabilise l’euro au moment même où la Communauté européenne aurait besoin d’une parfaite cohésion entre les Etats.
Enfin, en ce qui concerne la France, elle subit à peu près les mêmes problèmes que ses voisins, sauf qu’elle arrivera un peu plus tard dans la débâcle, c’est-à-dire après le Portugal, l’Espagne et l’Italie. Notre nation est frappée par la désindustrialisation qui s’installe dans toutes les régions de l’hexagone. Et comme les emplois de service ne peuvent pas remplacer les emplois industriels plus riches en valeur ajoutée que les précédents, on ne peut jamais trouver de la croissance lorsque la consommation reste pitoyablement molle.
Dans un tel contexte, l’autorité des pays de l’Occident sera considérablement affaiblie, soumise aux volontés de la Chine, puis à celles de l’Inde, nations émergeantes et ambitieuses, sans oublier par ailleurs l’influence plus politique qu’économique d’un Islam don le but est de conquérir l’Europe à très court terme.
Ainsi, sans plus attendre, l’Occident doit se positionner tout de suite, s’il ne veut pas être absorbé notamment par les pays asiatiques. Et l’administration européenne, au lieu de se perdre dans certaines réformes qui ne conduisent nulle part, doit reconsidérer un plan de défense de l’Union en mettant en place un ensemble de solutions : diminution des taxes sur le travail, augmentation des taxes sur le capital. Mais ces solutions restent insuffisantes : il faut y ajouter un gain de compétitivité aux salariés européens, afin de permettre à nouveau la progression des salaires. Pour y aboutir, il faut simplement réguler le commerce international.
Autre solution indispensable : réinstaurer un certain protectionnisme (un mot banni du langage mondialiste, mais que l’on peut remplacer par régulation commerciale pour ne pas "décoiffer" les adeptes du libre échange). A ce sujet, regardons le comportement de la Chine : restrictions à l’importation, barrières non tarifaires, limitations d’investissements, marchés réservés. Alors pourquoi, n’aurions-nous pas le même comportement que la République Chinoise, cette dernière s’autorisant de nombreux avantages dans ce domaine ?
Quoi qu’il en soit, l’Europe a besoin de redémarrer pour s’imposer sur la scène internationale.
Compte tenu de sa position privilégiée, la France doit être l’initiative de ce vaste projet pour reconstruire l’Occident et l’Europe. C’est un vaste travail qui demandera plusieurs années pour connaître les premiers résultats : A l’arrivée, c’est une Europe forte qui sera combattive et performante face à l’ensemble des Pays de l’Asie.
Mais ne rêvons pas trop ! Pour relever ce défi, il faudra inévitablement une solidarité extrême des membres de l’Union européenne. De leur côté, les peuples de l’Europe devront s’unir dans un esprit de fraternité afin de s’engager dans un grand rassemblement communautaire où chacun pourra s’exprimer librement pour apporter ses idées, ses réflexions et ses compétences.
Et en attendant, plus simplement, chacun des pays de l’Union, comme la France par exemple, devra instituer une importante mission d’études indispensable pour s’impliquer dans des propositions d’avenir, afin que chaque citoyen puisse trouver sa place dans la société de demain.
Pierre-Alain Reynaud