Vers une normalisation des relations russo-américaines ?
L’administration américaine a envoyé un signal très fort en déclarant vouloir reprendre le dialogue russo-américain sur toutes les questions d’intérêt commun, et ce signal a été entendu. C’est en guise de réponse aux propos du vice-président américain Joe Biden, qui s’est exprimé hier à la tribune du conseil de sécurité de l’OTAN, que le vice premier ministre russe Sergueï Ivanov a adressé cette phrase prometteuse dans l’optique d’une normalisation des relations russo-américaines, fortement compromises en raison des incidents géopolitiques qui sont survenus cet été dans le Caucase. Cette prise de contact entre les deux hommes laisse par ailleurs envisager qu’un compromis sera prochainement établi afin de mettre un terme à la "crise des missiles", qui avait empoisonné les relations entre Russes et Américains dans le courant des deux derniers mois.
Obama : une politique étrangère basée sur le dialogue
D’un point de vue général, l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche a incontestablement inversé une tendance qui n’incitait pas à l’optimisme sur le dossier délicat que constitue les relations entre les deux super-puissances du siècle dernier que sont la Russie et les Etats-Unis. En conformité avec la politique internationale d’ouverture et de dialogue que prône Barack Obama, son vice-président Joe Biden a posé les bases de la nouvelle relation que l’administration américaine compte établir avec la Russie, affirmant que le moment est venu d’appuyer sur le bouton de redémarrage et de réexaminer les nombreux domaines dans lesquels nous pouvons et devrions travailler ensemble. Ce désir de renouer le dialogue avec la Russie a d’ores et déjà porté ses fruits puisque la "crise des missiles" est en passe de prendre fin, après deux mois de passes d’armes à haute tension. Le dialogue entre les deux parties a lui aussi été engagé, Barack Obama ayant pris sept jours après son intronisation, l’initiative d’appeler Dimitri Medvedev.
La "crise des missiles" sur la voie de la résolution
Ce remake de l’affaire de la baie des cochons avait été engendré par un projet de défense américain qui prévoyait l’installation de dix missiles intercepteurs en Pologne, couplés à un système de radar, quant à lui basé en République Tchèque. L’administration américaine avait justifié ce déploiement en invoquant la menace que constituaient à terme, les états voyous tels que l’Iran ou la Corée du Nord. Reste que Moscou avait livré sa propre interprétation des choses en affirmant voir dans ce bouclier américain en Europe de l’est une menace directe pour sa sécurité, annonçant en guise de réponse, et cela le lendemain de l’élection de Barack Obama, la mise en place de missiles Iskander, d’une portée de 300 kilomètres, dans l’enclave de Kaliningrad.
Cette escalade verbale semble aujourd’hui sur la voie de la résolution, Barack Obama ayant dès son investiture appelé son homologue russe pour tenter de solutionner cette problématique, qui a quant à lui précisé par le biais de M.Ivanov que s’il n’y avait pas d’intercepteurs installés en Pologne et en République tchèque, comme le prévoyait la précédente administration (américaine), il est clair qu’il n’y aurait pas de Iskander à Kaliningrad.
L’entrée controversée de la Géorgie dans l’OTAN
Première source de tensions entre la Russie et les Etats-Unis, la volonté d’autonomie des anciennes républiques de l’URSS n’est pas acceptée par la Russie, d’autant plus que certaines d’entre-elles, à l’image de l’Ukraine, de la Géorgie et des pays baltes, œuvrent pour un rapprochement avec les Etats-Unis. En première ligne, la Géorgie a déjà exprimé son désir d’autonomie vis-à-vis de la Russie, en se portant candidate à l’adhésion à l’OTAN ; adhésion, qui, en dépit de nombreuses déclarations affirmant le contraire, se trouve aujourd’hui compromise en raison de l’incursion russe en Géorgie, survenue l’été dernier.
Effectivement, l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN contraindrait les autres états membres de l’organisation à déclencher une guerre si la Géorgie venait à être attaquée, et donc, si le conflit de l’an dernier venait à être réédité, à entrer en conflit avec la Russie. Or, cette dernière ne se montre pas encline à laisser la Géorgie se rapprocher de l’occident, alors que la république caucasienne est un pays de transit important des gazoducs russes ; en cas d’entrée de la Géorgie dans l’OTAN, les Etats-Unis et l’Europe possèderaient un important moyen de pression pour dissuader les russes de recourir au traditionnel moyen de pression gazier dont ils ont fait bon usage ces dernières années.
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