“Very funny“
Le site Internet du quotidien LIBÉRATION, le 27 juillet 2012, nous a dévoilé la dernière trouvaille de nos cousins Outre-Atlantique sous le titre “Relocaliser les call-centers, un calcul à faire“. (Note 1)
Je ne doute pas du problème rencontré par les citoyens du pays de mes ancêtres d’avoir à communiquer avec un centre d’appels situé ailleurs au milieu de nulle part et hors des frontières de l’Hexagone. Au Québec, nous vivons la même réalité. C’est désagréable, ennuyeux et agaçant. Et comme vous, nous déplorons les emplois ainsi perdus et transférés ; c’est ce que les spécialistes appellent la mondialisation. Plus crûment, c’est ce que nous pourrions appeler du “cheap labour“ pour maximiser les profits des actionnaires. Vos chantres du néo-libéralisme ne sont pas plus allumés que les nôtres. Bonne chance dans vos démarches et si vous réussissez à rapatrier ces emplois, s’il vous plaît, partagez votre recette avec nos responsables politiques : chez nous, ils sont en panne sèche.
Ceci étant dit, était-ce nécessaire pour marquer le coup ou l’imaginaire du lecteur de coiffer le titre du terme “call-centers“. “Call-centers“ donne-t-il plus de poids à la manchette ? Ça fait “in“ et à la mode du temps, vous me direz. Se peut-il que ça fasse aussi un peu colonisé ?
Depuis je ne sais combien de temps, et encore aujourd’hui, vous vous moquez de la parlure, de l’accent québécois lorsque nous vous visitons comme nous nous moquons de votre prétention séculaire lorsque vous nous visitez, ça fait partie des familiarités fraternelles.
Depuis Clovis et Charlemagne, vous claironnez que vous êtes la source de la francophonie mondiale, le vaisseau-amiral de la langue française, les artisans de la grande culture et de la littérature classique. Que vous êtes à l’origine du siècle des Lumières : Rousseau à gauche, Voltaire à droite et toute la brochette d’écrivains, de penseurs, d’artistes qui ont marqué la civilisation actuelle. S’il fallait par hasard, que tous ces hommes et toutes ces femmes effectuent une promenade sur les grands boulevards parisiens par ce chaud mois d’août 2012 que retrouveraient-ils de leur héritage ?
Avant sa réapparition le pauvre Cardinal, entre autres, se retournera dans sa tombe. Il sera dans l’obligation d’écouter les “news“ en “prime time“, présentée par votre “speaker“ favori qui a fait sa “master“ à la Sorbonne avec son ami “trader“ qu’il a connu au “happy hour“ du Café de Flore. Le pauvre Cardinal aura-t-il droit à un “standing ovation“ ? Vous n’avez plus rien à envier à notre “bumper“, nos “flashers“ et notre “windshield“ du temps jadis.
Lors du Forum de la Francophonie, tenu à Québec en juin dernier, Abdou Diouf déclarait que la France est loin de faire tout ce qui est en son pouvoir pour la promotion de la langue française “Nous sommes quand même parvenus à obtenir que les autorités françaises s’intéressent réellement à la Francophonie. Mais, en gros, les universitaires et les intellectuels s’en moquent. C’est la nouvelle trahison des clercs. Et les hommes d’affaires s’en moquent encore plus. Quand vous leur en parlez, vous les ennuyez. On a l’impression que seule la mondialisation les intéresse“. “Business as usual“ pourrions-nous conclure ; l’avenir de la langue française s’écrit au passé.
Et pour vous encourager dans vos dérives, je propose à Monsieur Boisvert de Lille qu’il devienne Mister Greenwood et à Madame Blanc de Paris, qu’elle devienne Miss White en oubliant pas de transformer les Champs Élysée en “Elysium Fields“ et de rebaptiser Sainte-Marie-de-la-mer qui deviendrait alors “St.Mary of the Sea“.
Comme l’ont déjà écrit deux de vos concitoyens immigrés au Québec (Note 2) “ Français, pour exister, parlez English“, ça fait “high class“ et colonisé.
Note 1 : http://www.liberation.fr/politiques/2012/07/27/relocaliser-les-call-centers-un-calcul-a-faire_836071
Note 2 : http://hda-quebec-info.com/?p=837 ET http://hda-quebec-info.com/?p=833
5 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON