« Vieillocraties » ploutocratiques d’Afrique, Obama vous parle !
Les capitales et les appareils dirigeants africains ont été indubitablement tous yeux pour la nuit électorale américaine. De MSNBC, à CNN, France 24, I-Télé, LCI, TV5Monde ou même les chaînes nationales reprenant le signal de l’une de ces chaînes internationales tout info, Barack Obama s’est invité dans les nuits d’Africains, comme un fulgurant rêve d’un printemps du changement.
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Le gigantisme de l’Etat américain, sa superpuissance mondiale, malgré la crise et l’héritage Bush, ont provoqué comme un effet de contagion et d’extrapolation : si l’Amérique change, le monde… changerait aussi. C’est sans doute là la source des larmes de ces Africains qui ont pleuré d’émotion, de cet espoir désespéré de populations du continent qui, après l’émotion et la commotion, vont vite devoir revenir sur terre, aussi vite que la fugacité d’un orgasme émotionnel. Car, ils ont dû encore emprunter les mêmes routes poussiéreuses ou boueuses, les mêmes transports en commun bondés pour aller au marché, au bureau, à l’école, à l’université, à la recherche d’un improbable bien-être qui ne viendra peut-être jamais. Qui ne viendra jamais parce qu’au même moment, une grande partie d’une minorité aura fait de même avec moyens, confort et luxe, pour prospérer aux crochets du contribuable et des revenus de l’exploitation du pétrole et des richesses minérales du continent. Une élite essentiellement sénile et vénale, aux affaires depuis les indépendances des années 60, qui a façonné un système de régénérescence dégénérative de leurs privilèges et de leur statut social avec comme armes de croupissement massif, népotisme, corruption, détournements de fonds publics.
Pour ce quarteron de dirigeants vieillards, moribonds, mais pas moins mégalo, les « yes we can » et « yes we did » de Barack Obama ont dû enthousiasmer non sans gêne. Cette gêne : l’envie de se laisser enthousiasmer effectivement par un personnage charmant, éloquent, convaincant, qui a drainé des foules même à l’étranger (Berlin, Paris) partout où il est passé alors qu’il n’était que candidat démocrate de la superpuissance outre-Atlantique ; mais aussi de l’aversion d’être soi-même pour ces présidents, les contre-exemples du symbole Obama. C’est-à-dire la jeunesse, la fougue, l’envie, le rêve, l’exubérance.
Au-delà des grandes figures (séniles) comme Nelson Mandela, symbolique comme Abdoulaye Wade ou Koffi Annan, on ne devrait pas s’attendre de la part de ces présidents africains qui ont pour particularité une longévité ruineuse au pouvoir, Mugabé en étant le leader du hit-parade, des félicitations enflammées louangeant les vertus du changement propres au 44e et premier président noir américain. Car l’Obamania draine des valeurs qui ne sont pas celles de ces chefs d’Etats africains qui se maintiennent au pouvoir avec la complicité des multinationales exploiteuses et des capitales occidentales. Des chefs d’Etat dont les systèmes semblent se nourrir goulûment des misères de leurs peuples dont ils appauvrissent sol et sous-sol pour s’enrichir et se maintenir au pouvoir, dont ils confisquent l’expression populaire lors des élections ne laissant comme alternative que le spectre de la guerre civile ou des réélections assurées.
La Maison-Blanche vire au Noir
Obama se pose dès lors comme la mauvaise conscience de ces vieillocraties ploutocratiques africaines qui n’ont pas fini de diriger les Etats comme une véritable « Cosa nostra », ayant composé avec les colons aux dépens des vrais nationalistes pour protéger les intérêts des métropoles contre un chèque en blanc sur la gestion de leurs Etats devenus indépendants clés en main.
Avec Barack Obama, on ne va pas célébrer le jeunisme en politique, même si 47 ans au poste présidentiel d’une superpuissance comme les Etats-Unis fait plutôt jeune. On n’en infère donc pas que l’Afrique irait absolument mieux avec des présidents et des appareils dirigeants plus jeunes. Mais au moins, et c’est l’ultime mérite de cette Amérique d’Obama, aucun président fût-il excellent comme Clinton n’y ferait jamais plus de huit ans consécutifs. Mais, au moins encore, un blanc-bec de la politique, un Noir, orphelin, presque anonyme il y a quelques années encore, jeune, et donc prétendument inexpérimenté (l’éternel reproche fait aux jeunes), peut y faire de la Maison-Blanche, sa baraque, en renvoyant définitivement à la retraite un sympathique et expérimenté vieillard !
Et pour le coup, on se demande si le président Franklin Roosevelt (1882) en décidant d’appeler le bureau du président américain « Maison-Blanche » n’aurait imaginé qu’un noir y séjournerait avant longtemps. En tout cas, blanche ou noire, le bureau présidentiel américain sera la baraque d’un « Obama » qui veut dire en swali, la lance enflammée ! Une flèche, on l’espère, même si cela est très improbable, illuminera l’obscurantisme démocratique des vieillocraties ploutocratiques sur le continent africain.
François BIMOGO
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