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« War on Africa » - exercice de décryptage géopolitique : Chaos en Côte d’Ivoire

Nous arrivons donc à la troisième étape de notre processus de décryptage du nouveau « Grand jeu » à travers son point d’application conjoncturel qu’est la crise ivoirienne.

La situation a considérablement évoluée sur des points importants. Chacun des deux camps en présence a en fait été surpris par la tournure prise par les évènements, non conforme à leurs attentes respectives sauf qu’un des camps l’a été bien plus que l’autre.

Si Gbagbo s’attendait à gagner, il ne fait finalement que retrouver une configuration de pouvoir qu’il pratique depuis dix ans. En revanche, la déception est bien plus forte du côté de ses adversaires, une collusion d’intérêts menée par Ouattara et le président français principalement, avec la convergence tactique des Etats-Unis, de quelques présidents africains comme Blaise Compaoré, un obligé de la France depuis qu’elle lui a permis d’échapper au TPI au sujet des « diamants du sang », et en partie d’organisations internationale quelque peu égarées dans ce cas d’espèce telles que l’ONU, la CEDEAO, etc. Aujourd’hui, le spectre d’une intervention militaire ouverte, réclamée à corps et à cris par Soro puis Ouattara, a fait long feu, le bon sens l’ayant pour l’instant emporté.

L’intervention de troupes africaines, évoquée initialement, ne résiste pas au principe de réalité. Elle reste hors portée de ce continent même avec un appui considérable des occidentaux.

L’option de l’emploi éventuelle d’une force française reviendrait, elle, à un quasi suicide à double titre : d’une part comme fer de lance de la vengeance du nord musulman – avec les souches salafistes qu’il comporte – contre le sud non-musulman, et d’autre part du fait que malgré les rodomontades, cette force armée, égarée en Afghanistan et croulant sous ses coût d’entretien, est à bout de souffle. Le président français en a d’ailleurs convenu explicitement au cours des vœux aux armées qu’il a prononcés à l’ombre des Rafales invendables.

Il ne restait dès lors plus que l’option d’une intervention US, et c’est dans le plus grand silence médiatique que le président français, venu la réclamer à Washington, s’est vu infliger un refus définitif. Un refus fort légitime d’ailleurs : avec deux guerres inachevées sur les bras, il aurait été des plus périlleux pour les US de s’engager dans une troisième guerre, sur un continent où ils sont plutôt malvenus (qu’on pense aux déboires d’AFRICOM dont personne ne veut) et avec comme seul véritable perspective un nouveau bourbier et un aimant (de plus) à terroristes.

Ainsi, Ouattara qui croyait pouvoir compter sur la communauté internationale se retrouve donc seul à l’Hôtel du Golf dans une ambiance qui ressemblera de plus en plus à celle du bunker de la Chancellerie allemande en 1945, les obus soviétiques en moins. Mais réside-t-il vraiment à l’hôtel Golf, ou est-il plutôt hospitalisé dans un pays européen ?

Après les affaires nigérienne et tunisienne, après surtout le camouflet infligé à l’ONU à M. Leroy, un ami du président français, par les Russes et les Chinois concernant un renfort de casques bleus, celui-ci ne peut que relâcher la pression sur la Côte d’Ivoire. Va-t-il pour autant renoncer ? Autrement dit, si l’option militaire est temporairement écartée, celle du chaos l’est-elle d’autant ? La réponse est à l’évidence non.

C’est donc maintenant à une course de vitesse que l’on va assister, une course entre la capacité de nuisance des milices de l’ex-rébellion, autrement appelées FN, encadrées et armées certainement par des (un ?) services occidentaux sans lesquels elles ne sont capables que des pires exactions, et la capacité du camp Gbagbo à recouvrer une légitimité et une capacité à rétablir partout l’Etat ivoirien. La menace réside donc dans la menace de subversion armée du nord, guidée par un Soro de plus en plus isolé et inquiet, à partir de trois pôles : Bouaké comme base de départ, Abidjan pour la déstabilisation médiatique sur la scène internationale et San Pedro comme gage économique. Tout dépendra alors de l’action des services mentionné plus haut, comme ce fut le cas en 2002, autrement dit du degré d’émotivité du véritable donneur d’ordre : là se situe véritablement la véritable rupture, le plus grand danger et le facteur déterminant du chaos qui menace. Les terribles précédents du Rwanda et de la RDC sont là  pour montrer qu’il ne s’agit pas là que de spéculation.

En conclusion on ne répètera jamais assez le rôle des plus néfastes dans cette crise de certains médias, français en particulier, dont la propagande insane finira bien par justifier tous les massacres. Fasse qu’un tel comportement ne reste pas toujours impuni !


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6 réactions à cet article    


  • frugeky 24 janvier 2011 10:12

    Le véritable donneur d’ordre ?
    Le croiriez vous capable de financer une action mercenaire sur ses propres deniers ?


    • Francis, agnotologue JL 24 janvier 2011 10:18

      Merci à Robert Lee Obasandjo pour cette analyse factuelle.

      Au sujet du sobriquet « Le boulanger » qui est donné à Gbagbo par ceux qui se recommandent de la peu recommandable « communauté internationale » dont on ne dira jamais assez que c’est « la voix de Washington »,

      je dirai ici que l’attitude de Gbagbo en la circonstance est la réponse du boulanger à la boulangère occidentale !


      • leypanou 24 janvier 2011 10:47

        "il aurait été des plus périlleux pour les US de s’engager dans une troisième guerre, sur un continent où ils sont plutôt malvenus (qu’on pense aux déboires d’AFRICOM dont personne ne veut)«  : êtes-vous sûr de çà ? Vous êtes-vous demandé que dans des pays où le chômage est extrêmement élevé, une implantation de militaires étrangers est toujours source de revenus supplémentaires et d’opportunités d’activités, et que dans ce cas, »ils" mettent leur nationalisme dans leur poche, si nationalisme il y a ? Et cela est vrai et pour le peuple et pour les dirigeants. Les Etats-Unis veulent diversifier leur approvisionnement en pétrole, (mais pas seulement) et dans ce cas, sont prêts à tout pour pouvoir s’implanter là où ils veulent/peuvent en Afrique, toujours sous prétexte de recherche de démocratie et de protection des droits de l’homme et si cela ne marche pas, on provoque une partition. L’exemple du Sud Soudan en est le dernier exemple.


        • LE CHAT LE CHAT 24 janvier 2011 13:53

          je sens qu’on en a pour des mois de « je te tiens , tu me tiens , par la barbichette »........


          • etiennegabriel 24 janvier 2011 17:44

            Ce n’est pas un article d’information, c’est de la flagornerie d’un régime de type mussolinien.
            Bonne année quand même.


            • le moine du côté obscur 24 janvier 2011 22:36

              Cette situation commence à emmerder beaucoup de mes compatriotes, moi mon point de vue est clair que ces deux zozos (Ouattara et Gbagbo) aillent au diable.
              Des groupes salafistes au nord de la Côte d’Ivoire ? Sans blague et vous tenez d’où cette information ? Des sources please, il y en a marre de toutes ces rumeurs qui ne font qu’effrayer les gens. Je pense que quand on veut parler d’un problème aussi complexe que celui de la Côte d’Ivoire, il ne faut pas être aussi léger que l’auteur et si possible donner des sources ou alors parler au conditionnel. A ma connaissance la religion dominante en Côte d’Ivoire n’est ni l’Islam (même si beaucoup se réclament musulmans) ni la chrétienté (idem) mais l’animisme. On a vu de ces musulmans et de ces chrétiens faire des pratiques réprouvées par ces deux religions. De toute façon dans bien des cas ces religions ont été adaptés à une partie du folklore local, donc... Vous n’allez pas faire comme les pro-Gbagbos qui pour certains d’entre eux s’attendent à voir la charia appliquée si Ouattara s’installe pour de bon. Si Ouattara va à la mosquée (enfin sur le jour des fêtes musulmanes) rien ne nous prouve qu’il est véritablement attaché à cette religion, mais en bon politicien il est plus vraisemblable qu’il cherche à séduire une bonne partie de son électorat (comme Bush le fit avec les évangéliques et comme Gbagbo le fait avec les évangéliques ivoiriens).
              Une intervention militaire est vraisemblablement tout à fait possible et de toute façon le statu-quo n’arrange personne. De ce que nous avons appris des troupes auraient débarqué à Bouaké et l’aéroport aurait été fermé au public. D’une manière ou d’une autre les lignes bougeront c’est sans aucun doute inéluctable, il reste à savoir de quelle manière.

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