A quand l’avènement d’un environnement numérique français ?
Entre l’impuissance des pouvoirs publics, ou pire leurs actions contra-cycliques - pour ne pas dire contreproductives, et le capitalisme sauvage mondialisé : l’environnement numérique européen et français commence à s’organiser...
Avec la mutation technologique, les outils du numérique conduisent à élaborer une nouvelle régulation pour un partage plus équitable du financement des contenus. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, rappelait le 27 juin dernier, lors du colloque NPA-Le Figaro, le principe qui sous-tend la réflexion gouvernementale : « faire entrer les nouveaux acteurs du numérique dans les mécanismes de régulation qui existaient à l’heure analogique (…) ceux qui diffusent des œuvres doivent contribuer à financer leur création ».
Depuis, la feuille de route du numérique s’est brouillée, notamment sous l’effet du remaniement gouvernemental. Fleur Pellerin, partie au Quai d’Orsay laisse le volet numérique à la nouvelle locataire de Bercy, Axelle Lemaire ; et discrètement, le rapport Lescure fête ses un an aux côtés de la HADOPI ! Après avoir envisagé un temps une grande réforme de la Création, la nouvelle régulation du web pourrait choir dans une grande loi sur le numérique selon les rumeurs de « La Lettre de l’Expansion ».
En fin de compte, le calendrier s’est perdu en chemin, et pendant ce temps les nouveaux acteurs américains comme Netflix continuent d’assiéger le gigantesque marché de la culture européenne. Dernière hésitation, le Conseil National du Numérique anticipe la présentation des évolutions des mécanismes de régulation pour la fin 2014 ou début 2015. Il est intéressant de souligner les bénéfices que certaines firmes, parfois regroupées sous l’acronyme de GAFA, réalisent aujourd’hui : Google génère 736 $ de bénéfice par seconde, ou en France « un chiffre d'affaires compris entre 1,25 et 1,4 milliard d'euros pour la seule année 2011 ».
A l’occasion de l’Open Internet Project, le PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes soutenu par Arnaud Montebourg tenait ainsi à spécifier son refus de faire de la France une « colonie de Google », qui construit actuellement « sa richesse sur le cimetière des entreprises et des initiatives européennes qu'il aura condamnées ». Derrière cet esprit de révolte, les acteurs du numérique continuent de travailler sur les « nouvelles frontières de la collaboration et du financement » comme le prouve l’édition du colloque NPA-Le Figaro 2014.
En attendant que les réflexions trouvent une traduction juridique, les industries culturelles et créatives sont freinées dans leur développement par la spoliation des recettes publicitaires mise en œuvre pour les nouveaux grands distributeurs de l’ère du numérique. A ce titre, la stratégie assumée de Vivendi de recentrage vers une activité de création de contenu nous renseigne sur une tendance de marché. Une fois le désendettement du groupe assuré par le nouveau directoire, la lettre aux actionnaires, publiée le 30 avril dernier, mentionnait de possibles futures acquisitions.
Très rapidement la presse spécialisée a notamment évoqué un intérêt pour la plateforme Dailymotion. L’émergence d’un véritable environnement numérique à la française pourrait-il être en train de se dessiner ? Pendant qu’Orange discute avec Vivendi pour Dailymotion, l’opérateur historique négocie également avec Bouygues-Télécoms. Au-delà des stratégies d’alliances, le dynamisme industriel est bien au rendez-vous du troisième millénaire, en revanche la dépense publique pour les investissements prioritaires est aux abonnés absents…
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