Acheter son journal L’Equipe avec ses chaussures de foot !
Nicolas Sarkozy a déclaré le 27 mai sur RTL au sujet de la presse : “Il faut également multiplier les points de vente de journaux parce qu’aujourd’hui, dans les grandes villes, pour trouver son journal, c’est tout un travail”.
Hors depuis six mois, quatre magasins test Décathlon ont tenté l’expérience. Ils ont installé un espace dédié à la vente de la presse sportive dans leurs rayons, suite à une modification de la loi sur la distribution de la presse par les NMPP (Nouvelles Messageries de la presse parisiennes). Il est donc désormais possible d’acheter son journal L’Equipe ou une revue en même temps qu’un article de sport. Après les grandes surfaces, c’est donc aux GSS (Grandes surfaces spécialisées) de se lancer dans cette activité. Un moyen de sortir de la crise pour la presse ?
Une bonne idée !
L’aspect positif de ces nouveaux points de ventes, c’est qu’ils augmentent la visibilité de la presse et par conséquent qu’ils incitent à l’achat. Ce qui est judicieux dans la vente de presse en GSS, c’est de permettre aux clients de trouver une lecture qui correspond à leurs centres d’intérêts, ce qui n’est pas le cas dans les grandes surfaces. « Cette démarche a toujours été sous sous-jacente chez Décathlon ! Il n’y a que depuis quelques mois que nous avons légalement le droit de vendre uniquement la presse sportive. Avant il fallait obligatoirement prendre l’offre complète à savoir le sport, la culture, l’automobile et ainsi de suite. Ce sont les NMPP (Nouvelles Messageries de la presse parisienne) qui nous ont démarchés ainsi que d’autres GSS de sport, de bricolage et d’automobile », explique Bertrand Vidal (directeur commercial, Décathlon France). La presse pourrait donc voir là une possibilité pour développer ses ventes autrement que par internet. Ce dernier qui est un autre canal de diffusion de l’information est régulièrement mis dans la balance pour tenter d’expliquer la perte d’audience et l’inforexie des Français. Les experts s’accordent toutefois sur le fait que le numérique n’est pas l’avenir du papier ! Il ne le remplacera pas, mais répond simplement à un nouveau besoin. C’est pourquoi il ne semble pas vain de continuer à s’intéresser sur de nouvelles méthodes de diffusions de la presse écrite.
Une nouvelle concurrence...
Les avis ne sont pas aussi enjoués du côté des revendeurs traditionnels. Ceux-ci évoquent avec amertumes la mort du petit commerce de proximité et la suprématie des grandes surfaces. « Ils tuent le petit commerce ! Il n’y a plus de boucher, plus de charcutier et bientôt il n’y aura plus de kiosquiers. La presse est un produit d’appel pour les grands magasins. Ils peuvent vendre sans rien gagner. Pendant ce temps-là, nous perdons des clients et finissons par fermer. Entre les gratuits et les grandes surfaces, dans quelques temps, nous ne serons plus là que pour vendre des souvenirs touristiques de Paris », constate Nabil Hachem (kiosquier) ! « Chez nous, pour fonctionner il faut être pointu, très pointu. Celui qui ne l’est pas perd un maximum d’argent. Il faut avoir les hors-séries, que tout soit parfaitement rangé pour que le client s’y retrouve. Chez Carrefour, Monoprix, c’est rangé n’importe comment, tout est mélangé ! Les gens s’installent et lisent directement dans les rayons. Je ne pense pas que cela soit bénéfique pour la presse. Par contre, cela va faire mourir ceux qui ont déjà du mal à en vivre », estime Jean-Claude Calmet (libraire et distributeur de tabac).
Quid de l’avenir ?
« Pour l’instant, il ne s’agit que d’un test ! Ensuite, on fera le point pour savoir ce qui a fonctionné et ce que cela rapporte exactement à nos clients. On verra alors si on duplique l’idée partout en France ou si on abandonne le concept. Je sais déjà qu’il y a des choses plus pertinentes que d’autres à garder. Je pense, par exemple, à L’Equipe, au running, au cyclisme, bref aux sports qui marchent le mieux chez nous. On avait de la librairie, mais on souhaitait documenter nos passionnés de sport, notre clientèle sur les produits innovants. L’idée, c’est « je suis pratiquant de sport, je viens acheter mes chaussures de foot, je vois L’Equipe, les gros titres et hop je fais d’une pierre deux coups ». Pour l’instant nous sommes vraiment dans une phase d’analyse. Nous ne sommes pas habitué à travailler avec la presse. En termes de paiement et de gestion, c’est assez complexe à gérer. Pour ma part, cela a été assez difficile au début d’un point de vue organisation et dans le mode de règlement des fournisseurs. Les mensuels sont faciles à gérer, mais les hebdomadaires et les quotidiens beaucoup moins », déclare Julien Louineau (responsable d’exploitation du Décathlon Wagram à Paris). La diffusion de la presse est vrai problème car les méthodes de diffusions sont assez contraignantes et peu adaptées pour un circuit non traditionnel. Il faudrait que cela change ! En plus cela n’est pas très rentable, nous avons des marges à 10 % et au niveau de la mise en place ça n’est pas évident. Cela n’est pas notre métier, alors il y a un temps d’adaptation. Pour le moment, nous testons surtout l’idée. Nous verrons plus tard pour les autres magasins. Je sais déjà que nous allons arrêter à Paris », observe Bertrand Vidal (directeur commercial, Décathlon France).
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