Affaire Google, un enjeu économique majeur pour la presse traditionnelle
La condamnation de Google par la Justice belge révèle bien ce malaise d’une coexistence difficile entre la presse traditionnelle et Internet. Pourtant, dans ce contexte, tout n’est qu’affaire de contenu. Le reste n’est que littérature !
Rappelons que l’association Copiepresse qui défendait les intérêts de la presse belge francophone demandait le retrait de Google d’articles repris par la société californienne sans en avoir l’autorisation. Copiepress a obtenu gain de cause. Certes momentanément, puisque Google a décidé de faire appel de la décision.
Un site ne vaut que par son contenu. Si le contenu est pauvre en informations, le site ne sera pas fréquenté, s’il est riche en informations, alors il sera très fréquenté. Une lapalissade certes, mais qui permet de bien comprendre les enjeux actuels.
Les portails d’actualité comme Google ou Yahoo (mais il en existe bien d’autres) comptent parmi les plus lus du Web. Google News est alimenté quasi automatiquement d’articles issus des sites de la presse traditionnelle. En effet, aucune équipe rédactionnelle n’est présente en son sein.
Autre donnée : l’économie de portails comme Google est assise principalement sur les recettes publicitaires. Une publicité dont les tarifs sont fixés - et c’est normal - en fonction de la fréquentation des pages où elle figure.
Bref, au risque d’être simpliste, Google se nourrit de publicité en mettant en ligne les contenus écrits par d’autres !
Ne serait-il pas logique qu’une partie des recettes publicitaires - même infimes - revienne de droit aux auteurs des articles réutilisés ?
Rien n’est gratuit. On l’oublie un peu trop rapidement lorsque d’un coup de clic on se rend sur telle ou telle page Web pour lire un article. La Justice belge, à propos de l’affaire Google, a rappelé une évidence : en reproduisant sur Google News des titres d’articles et de courts extraits d’articles, Google reproduisait et communiquait au public des oeuvres protégées par le droit d’auteur.
L’agence France Presse, actuellement en conflit avec Google, a d’ailleurs estimé que cette décision de la Justice belge est une avancée conséquente. On notera qu’en Italie et en Autriche des actions similaires sont à l’étude de la part des éditeurs de presse. Pourtant, aucune unanimité sur la question. En Suisse, le journal Le Temps ne souhaite pas s’engager sur le terrain judiciaire. On considère que Google apporte une audience importante aux journaux cités sur son moteur de recherche. Un point de vue tout à fait défendable.
Le mérite de cette décision de Justice est de mettre sur la place publique un débat dont on voit bien qu’en filigrane il pose la question de l’avenir de la presse. Ni plus ni moins.
Nous sommes dans une période d’entre-deux. La fin d’une économie de la presse fondée sur la vente au numéro en kiosque et le début d’une économie de la presse différente... mais qui se cherche.
Cette recherche des points d’équilibre ne pourra pas s’éterniser tellement l’érosion des ventes au numéro ne se dément pas année après année (la chute de la maison Libé en est l’illustration). Une recherche des points d’équilibre dont le lecteur ne pourra pas non plus s’affranchir. Après tout l’accès gratuit à l’information est-il une situation normale ?
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