Deux semaines après l’hystérie, il en remet une louche. Dans un dernier bloc-notes consacré essentiellement à Polanski (on note son intérêt pour l’actualité), renversant le réel, le robin des bois à l’indignation sélective s’en prend au peuple, sa « proie » de prédilection... Un torchon !
Les chats ont neuf vies, BHL, deux.
Y a un BHL qui parle, qu’on voit à la téloche (qu’on subit), qui dérape, Acte 1.
Y a aussi un BHL qui écrit, qui se veut lisse, Acte 2. L’un et l’autre sont la même pièce du puzzle.
Après avoir plombé Polanski, ruiné la défense de Maître Temine, son avocat : « Ca n’a pas de sens de mettre un homme en prison pour des faits qui remontent à 30 ans » (AOL, Nouvel Obs.fr).
Opposé le talent au viol pour AFP TV : « Roman Polanski est un enchanteur qui a enchanté des générations entières d’hommes et de femmes » (AFP TV, Bernard Henry Lévy s’indigne de l’arrestation de Polanski, dimanche 27/09/2009).
Imaginé sur Europe 1 un paradis fiscal pour pédophiles plein aux as : « (…) Cette loi fondamentale sur laquelle toutes les sociétés humaines sont bâties depuis les Saintes Ecritures, (…) cette idée qu’il y a des villes refuges, (…) un temps qui fait le crime s’efface ».
(Europe 1, lundi 28/09/2009, « Peut-être une erreur de Jeunesse »).
S’être mis à dos les femmes (son principal lectorat), la Protection de l’Enfance : « La victime a retiré sa plainte » (France Culture, lundi 28/09/2009, Journal de 22heures), le voilà à présent- croit-on- légaliste, lucide :
« Abuser d’une fille de 13 ans, est évidemment un crime grave ».
« Les vengeurs lâchés à ses trousses »
En osmose avec la « populace », on croit qu’il fait amende honorable. Qu’il prend ses distances avec le « communautarisme », les paillettes : « (…) Etre un artiste de génie n’a jamais constitué, pour quelque crime que ce soit, une circonstance atténuante (Le Point, jeudi 08/10/2009, n°1934, Pourquoi je défends Polanski, p.170).
Erreur ! C’est pour mieux vomir sur la plèbe. L’accabler, sans voir l’esprit démocratique qui la pilote : « un vent de folie est en train de souffler sur les esprits », « les vengeurs lâchés à ses trousses », « étranges enragés », « (...) le parfum de justice populaire qui flotte autour de tout cela et transforme les commentateurs, les bloggeurs, les citoyens en autant de juges assermentés au grand tribunal de l’opinion ». Le justicier lâche les chiens…
Un réquisitoire radical avec toujours le même manichéisme (son fonds de commerce), les mêmes anathèmes. D’un côté : les bons, les Justes (lui, ses potes). De l’autre, « l’axe du mal », la « fachosphère », les pourris.
L’imprécateur BHL, sentinelle autoproclamée de la « vraie démocratie », diabolise le sens commun, sous prétexte d’être le couvercle du fascisme : « On est là face à des gens qui lui passeraient bien sur le corps, à la victime, plutôt que de lâcher leur proie et de renoncer à la délicate ivresse de punir ».
Après une telle attaque à l’endroit des gens qu’il dit défendre, comment le croire quand il écrit un peu plus bas : « J’ai passé mon existence à tenter de tirer de l’oubli des vies minuscules, des victimes sans visage et sans nom ».
« Une insulte au bon sens »
Lui qui dénonce « la confusion », met dans le même sac- pour vendre sa camelote- le droit, la morale, la raison. On lit… et les bras vous en tombent : « (…) Prendre le risque de voir Roman Polanski rejoindre Charles Manson dans le pénitentiaire dont celui-ci aura, au même instant, dès le Ier janvier 2010, la possibilité légale de demander à sortir, c’est une insulte au bon sens, une atteinte à la raison (…) ».
On touche là le fond du problème : l’horreur esthétique. L’incapacité de cette « caste », BHL en tête, à accepter qu’un artiste comme Polanski- aussi vieux soit-il- croupisse en taule avec des criminels. Utilise les mêmes chiottes, fassent la queue au réfectoire, chaînes aux pieds, mange dans une gamelle, aille au parloir, demande un stylo pour écrire à sa famille ou la permission de pisser....
Destin (le procès n’a pas encore eu lieu, Polanski est présumé innocent) que Camus qualifierait d’absurde mais, qui au vu des éléments, pourrait bien se réaliser.
Le calvaire du lecteur n’est pas encore terminé ! On suit le « guide ».
« L’extrader comme un ancien nazi »
Obsessionnel, BHL, en bon escrimeur, sort sa botte pour embrouiller l’intelligence, les esprits rebelles. Il nazifie l’affaire- la shoah en ligne de mire-, avec des aphorismes vides de sens, que lui seul comprend : « (…) L’extrader comme un ancien nazi, est peut-être conforme à la loi mais certainement pas à la justice ». Notez le « peut-être ». Il est à deux doigts de traiter les Français- ceux qui ne pensent pas comme lui- d’antisémites ! : « (…) C’est lui, son nom qui le désigne ». Qui marche ici sur les morts ?
BHL n’a pas lu les dépositions de la victime, les aveux de Polanski (pas son autobiographie), des faits accablants pour l’artiste.
Pour tirer son ami d’affaire, sans foi ni loi, il instrumentalise Samantha Geimer, « (…) Laissez-moi tranquille et oubliez, par la même occasion cet homme dont je considère, moi, sa victime, qu’il a suffisamment payé ». L’obscène, c’est son truc…
Retirer une plainte n’efface pas le crime (réponse d’Yves Michaux à Finkielkraut, France Inter, vendredi 9 octobre 2009, dans le 7-10 de Nicolas Demorand).
Pas plus que la volonté de la victime outrepasse, en droit, la procédure, la machine judiciaire. Y a le civil et le pénal. Quand bien même -n’en déplaise aux professionnels de la compassion- : « la principale intéressée a choisi de pardonner, tourner la page (…) oublier ». Même Jean Sarkozy le sait !
L’Amérique n’est pas la France malgré Lafayette.
« Deux poids deux mesures » : la braguette de Berlusconi
« Les vengeurs lâchés à ses trousses » ont soif, oui, mais pas de sang. Ils n’exigent pas le rétablissement de la peine de mort. Ce ne sont pas des Sans-Culottes, Polanski n’est pas Louis XVI, non plus.
Ce qu’ils demandent se résume en 3 mots : le procès, la justice, l’application du droit, que l’on soit riche ou pas.
Conscient d’une puissance de feu limitée auprès du peuple, BHL, toujours à faire les 400 coups, fait du chantage. Parle d’un « deux poids, deux mesures ». Et ne trouve pas mieux à faire que de fouiller la braguette de Silvio Berlusconi pour crier au scandale : « Etranges enragés qui ne trouvent rien à redire quand c’est un vrai puissant qui, sous nos yeux, se conduit en prédateur de mineures (ah les « frasques » de M. Berlusconi…) mais deviennent implacables quand c’est un faux puissant qui n’a, comme Polanski, d’autre arme que son talent ».
Un « faux puissant » (Polanski) qui pour sauver sa peau- BHL ne le dit pas- avait recruté les meilleurs avocats, versé 500 000 dollars à la victime pour l’amadouer. « Il n’a d’autre arme que son talent », on appréciera la fable du romancier : « fort avec les faibles, faible avec les forts ». Etrange analyse !
« Singuliers moralistes qui prennent un malin plaisir à se passer en boucle les détails de cette affaire sordide pour, ensuite, jeter la pierre… », singulier éditorialiste à la mémoire et à l’indignation sélective qui ne donne au public que la version qui l’arrange.
Déboussolé, « le philosophe touriste » se tire une balle dans le pied, en fin d’article.
Si on a déroulé le tapis rouge à Polanski pendant des années, distribué des « Césars »- s’étonne-t-il -, c’est parce qu’il y a eu des « bonnes âmes » pour le couvrir, des BHL…
Des politiques, toute une bande, pour cacher son passé ; protéger Polanski de la « populace » qui n’aime pas « le talent », évidemment.
Puis un jour, l’Amérique en a eu marre qu’on la prenne pour une conne depuis 30 ans, avec un homme qui jouait au chat et à la souris, en veux-tu en voilà. Elle a tranché, rectifié le tir quitte à passer pour une « salope » Outre-Atlantique : « un juge affamé de reconnaissance et de gloire, qui se réveille un beau matin pour le livrer, tel un trophée, à la vindicte d’électeurs chauffés à blanc ». Le droit, ce n’est pas la morale.
Quand on tombe dans les filets de la justice, on passe à la caisse, que l’on soit Polanski ou « Charles Manson » ! C’est ça l’idéal de l’Amérique comme l’avait si bien décrit Tocqueville et que BHL, pour les besoins de la cause, oublie…
On connaît le personnage, son culot.
Rideau !
P.M