« Aznavour sexiste, raciste de droite bon débarras » : le dérapage honteux d’une animatrice de France Bleu
Nathalie Mazet est sans doute la personne la plus honnie de France ce mardi 2 octobre 2018, sur les réseaux sociaux tout du moins. En cause, un message fort irrespectueux et même haineux publié sur Facebook, où l'animatrice de France Bleu Vaucluse se réjouit de la mort de Charles Aznavour.
C'est un tweet de Zohra Bitan, membre des "Grandes Gueules" de RMC qui a signalé le dérapage de Nathalie Mazet. Celle-ci n'a pas tardé à supprimer son message et même à verrouiller son compte sur Facebook. Mais le mal était fait.
A l'heure des réseaux sociaux, il faut être prêt à assumer tout ce que l'on publie, car tout aura le temps d'être partagé mille fois par les foules numériques avant une éventuelle suppression. Florilège des réactions sur Twitter :
« Quand quelqu'un que tout le monde ignore sauf son petit milieu mais qui fait partie du camp du bien condamne quelqu'un qui a enchanté des millions de personnes, le tout avec l'irrespect le plus total et sans aucun esprit. À boycotter sans appel !
Ces journalistes perclus d'idéologie sur les chaînes publiques c'est triste pour notre pays !
Nathalie Mazet, l'archétype de la bobo-gauchiste parisienne : tous ceux qui ne pensent pas à la virgule près comme elle sont des fachos, des racistes... bref ils appartiennent au "camp du mal". Le jour de sa mort, nous diront aussi "bon débarras", sa famille appréciera...
L’aveuglement idéologique de cette journaliste, Nathalie Mazet, la rend stupide, mais surtout la prive du recul et de la rigueur intellectuelle exigés par son magnifique métier... Pathétique...
Payé par nos impôts en plus. À un moment va falloir repenser à un autre modèle de société. Ou subventionner des médias, journaux, radios pour faire leur sale propagande gauchiste de merde. Insupportable. Même pas de respect pour ce grand monsieur qui a fait connaître la France.
Si Nathalie Mazet ne s'est pas rendue compte de l'énormité de ses propos abjects, c'est qu'elle se sent dans son élément dans ce service public infesté de faux journalistes et vrais militants comme elle
@franceinter@franceculture. »
La direction de France Bleu s'est désolidarisée des propos de son animatrice :
France Bleu ne cautionne pas les propos injurieux et diffamatoires émis par une animatrice du réseau à l’encontre de Charles Aznavour. Ces propos diffusés sur les réseaux sociaux ont été tenus à titre personnel. France Bleu se joint à l’hommage unanime rendu à ce grand artiste.
— France Bleu (@francebleu) 2 octobre 2018
Mais la foule, elle, réclame plus, elle veut des sanctions (qui, pour l'heure, ne sont pas envisagées).
D'autant que si, selon France Bleu, les propos de son animatrice ont été "tenus à titre personnel", le nom de la station de radio figure bien dans l'URL de son compte Facebook...
... et son profil public préciserait clairement qu'elle travaille pour France Bleu :
Les propos diffamatoires de Nathalie Mazet n'ont pas été tenu à titre personnel (et privé). Elle s'affiche sur facebook en precisant dans son profil qu'elle travaille à France Bleu Vaucluse et ses publications y sont publics. Lamentable d'employer une telle personne.
— Evan Evans (@ChezEvanEvans) 2 octobre 2018
Cela ne suffit pas cette personne travaille pour vous, elle mentionne votre nom sur sa page personnelle., vous avez donc le devoir de la sanctionner au lieu de vous défiler...
— Sonia Loris (@palabralibre) 2 octobre 2018
Aznavour mis en accusation
En dépit de leur caractère excessif, penchons-nous sur les griefs adressés au chanteur disparu. "Sexiste", "raciste" et "de droite". Sur quoi peuvent donc reposer ces qualificatifs ?
De droite Aznavour ? Il avait certes voté pour Sarkozy en 2012, mais se définissait lui-même "ni de droite ni de gauche".
Sa position face au Front national ? En 2002, alors que Jean-Marie Le Pen accédait au second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac, le chanteur avait signé comme d'autres artistes une pétition intitulée "Vive la France" incitant les Français à descendre dans la rue en signe de protestation. "Je crois que si un jour Marine Le Pen était élue, elle serait aussi ma présidente", estimait-il néanmoins au début de l'année.
Il y a quelques semaines seulement, il déclarait sur Europe 1 : "Je ne connais pas la gauche ou la droite, je ne connais que la France !"
Ensuite, raciste Aznavour ?
Dès 2005, sur France Culture, il vantait les richesses culturelles que peut apporter l'immigration, mais, dans le même temps, demandait aux immigrés d'être reconnaissants de ce que la France leur apportait, en particulier la laïcité et la liberté.
Quand Aznavour appelait les gens de la diversité à être reconnaissant pour la France pic.twitter.com/5zTIVL0Az9
— Pierre Sautarel (@FrDesouche) 1 octobre 2018
En 2013, au micro de Marc-Olivier Fogiel, il défendait, avec ses mots, le principe de l'assimilation, jadis cher à Éric Zemmour, consistant à se déprendre d'une grande partie de sa culture d'origine pour embrasser la culture française. Et pour ceux qui le refusent ? "Il faut partir", lâchait-il. C'est ce que d'aucuns appelleraient la remigration.
Mais cette défense de l'assimilation ne l'empêchait d'être favorable à l'accueil des migrants. En septembre 2015, il avait appelé à intégrer les migrants dans la société française, en trouvant « un endroit où les loger, du travail et une vie normales ».
Au printemps 2015, lors de la promotion sur RTL de son dernier album Encores, il révélait la chanson Et moi je reste là dans laquelle il traitait du problème la désertification des campagnes. Il proposait alors de recréer des villages français grâce à l'immigration :
« On a une immigration, on en parle en bien ou en mal. On ne sait pas quoi en faire (...) On pourrait faire une sorte de melting-pot, et non pas tous les mêmes pour que ça ne soit pas des ghettos, pour recréer des villages. On leur donnerait de quoi reconstituer ce qui ne va plus dans les villages. (...) J'aimerais qu'on appelle ce mouvement, 'le mouvement Aznavour'. »
Cette prise de position a d'ailleurs valu au grand Charles un déchaînement de haine de la part de Christine Tasin, présidente de l'association islamophobe Résistance Républicaine. Ce 1er octobre, elle publie en effet un article intitulé "Pas une larme pour Aznavour, traître à ses ancêtres arméniens et à la France". On y lit ces mots : "Aznavour, descendant d’Arménien, veut qu’on ouvre nos portes aux égorgeurs musulmans…"
Bref, Charles Aznavour ne convenait ni aux immigrationnistes fous, ni aux anti-immigrationnistes obsessionnels. Il était détesté par les deux extrêmes.
Le 7 janvier dernier, dans le 20 heures de France 2, il avait choqué certains téléspectateurs en évoquant un "tri" parmi les migrants :
Laurent Delahousse : "Quand on voit cette histoire, ce parcours, cette double culture, est-ce qu'aujourd'hui vous considérez que la France est trop timide vis-à-vis des migrants, ou pas ?"
Charles Aznavour : "D'abord, il faut savoir à qui on a affaire. Il y a peut-être des génies parmi ces gens, et en tout cas il y a des gens utiles, c'est vrai. Et c'est vrai aussi qu'on ne peut pas avoir tout le monde chez soi, ce ne serait pas facile et ce ne serait pas normal. Mais on pourrait faire un tri intéressant. On pourrait avoir des gens très intéressants qui passent."
On le voit, les positions du chanteur semblaient un brin contradictoires : tantôt, il fallait repeupler les villages de France, avec une immigration assez massive, on l'imagine, tantôt il fallait être plus parcimonieux, en n'accueillant que les gens "utiles".
Mais était-ce si contradictoire que cela ? Charles Aznavour semblait vouloir une immigration choisie, utile au repeuplement de nos campagnes (qui se vident et se meurent), et éduquée dans l'amour de la France et de son passé (loin de tout communautarisme et de tout esprit de dénigrement de soi-même).
Quant au sexisme supposé du chanteur...
En 1997, Charles Aznavour reconnaissait « Le droit des femmes », sensibilisant son public au fait que les femmes s'étaient battues pour acquérir des droits et qu’elles ne les lâcheraient plus :
Bien des choses ont évolué, depuis que Rome
Voulait les culpabiliser, pour une pomme
Les femmes se sont libérées, il faut voir comme
Il faudra nous y habituer, nous les bonshommes
Le droit des femmes n'est plus – je le proclame ! – ce que jadis il fût
Ces dames se sont battues mais l’ont eu, le droit des femmes, et ne le lâcheront plus
Et nul n'a oublié « Comme ils disent », qui s'attaquait au sujet alors tabou de l'homosexualité. Dans cette chanson, Aznavour évoquait l'histoire d'un homme travesti qui vit chez sa mère et exerce un métier de la nuit :
« Je suis artiste. J'ai un numéro très spécial, qui finit en nu intégral, après strip-tease. Et dans la salle je vois que, les mâles n'en croient pas leurs yeux, je suis un homo comme ils disent. »
Nathalie Mazet, avec son stupide message, a rejoint d'autres funestes personnages que les réseaux sociaux ont mis cette année à l'honneur : cette militante végane qui s’était réjouie du meurtre du boucher du Super U de Trèbes, ou encore cet ex-candidat de la France Insoumise qui s'était réjoui de la mort du gendarme Arnaud Beltrame.
Le plus beau cadeau que l'on puisse lui faire, pour lui ouvrir un peu l'esprit (si c'est encore possible), c'est cette reprise de « Comme ils disent » par Tepa ; elle comprendra peut-être qu'aimer son pays, comme c'était le cas de Charles Aznavour, n'est pas un crime et ne fait pas de nous des "fachos" (comme on le dit un peu trop souvent sur le service public) :
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