Blogueur ? La belle blague !

L’étiquette frelatée.
Je tiens un blog ; à moins que ce ne soit lui qui tienne à moi. J’avoue ne pas me reconnaître dans ce mot qui sent bon l'onomatopée, le raccourci langagier, le terme à la mode et l’esquive de la pensée. C’est d’ailleurs tellement la Samaritaine de l’écriture qu’il y a de tout derrière cette étiquette commode qui énonce tout à trac l'individualisme, l’impudeur, l’orgueil, l’ambition, la naïveté, la prétention et tous les défauts de la terre.
Tenir un blog ce n’est certes pas tenir à son amour-propre ou à sa vie privée. On s’y expose, on s’y met à nu, on s’y affiche et l’on s’en fiche ! Bien souvent, on s’y ridiculise sans autre forme de procès. Le blog, c’est de l’exhibitionnisme par mots ou images interposés ; il n’y a rien de plus scabreux que cette chose-là. Pire même, c’est la galerie photographique d’un quotidien qui se montre au grand jour.
Ce blog-là ne me convient guère. Je n’ai pas à mettre ma trombine en vitrine ; ma trogne a de la vergogne et les miens n’ont nulle envie de faire partie du lot. Facebook est à ce titre la plus impressionnante devanture de l’aventure égocentrique. Il convient de se détacher de cette mode, de ne pas se montrer impressionné par la photographie domestique ni même de participer à ce déballage de l’intime. J’ai fait le choix des mots et non des clichés.
Pour d’autres, le blog se confond avec le porte-voix. Ils se font sans doute des illusions et prétendent tenir tribune politique pour développer leur opinion, stigmatiser leurs adversaires, dénoncer à tour de bras et vilipender le reste du temps. Il m’arrive, certes, de tomber dans ce travers, je n’ai hélas, pas assez d’imagination, pour vagabonder dans mes délires sans toutefois en faire un fonds de commerce. Par contre, je trouve souvent des commentateurs qui me reprochent d’aller ailleurs que dans ce registre ; ils sont incapables d’envisager le monde en dehors des vaines querelles de chapelle.
Je préfère de très loin le terme de chronique qui rend compte clairement de la diversité des inspirations tout en soulignant la nécessité d’y soigner la langue. La blogosphère n’aime rien tant que martyriser notre pauvre écriture, allant au plus vite et au plus facile, regorgeant d’expressions anglophones, se vautrant dans les facilités langagières. Alors, autant faire tache dans ce monde si moderne où la vacuité demeure la règle.
Je considère laisser là des traces d’un passage, non pas comme témoignage de ma misérable personne mais bien comme des indices relevant de l'ethnographie. Mes écrits n’ont pas vocation à entrer dans les bibliothèques ni même dans les archives nationales. Ce sont des petits cailloux qui parsèment un parcours individuel, qui rendent comptent de ses délires, de ses pensées, de son imaginaire.
Alors, ceux qui viendraient encore me tancer parce que j’aborde des sujets mineurs, que je les ennuie avec mes contes et mes délires, je n’ai rien d’autre à leur suggérer que de passer leur chemin. Si je suis libre d’écrire à ma guise tout autant que d’offrir à qui veut bien le fruit de ces écrits, ils le sont tout autant d’ignorer ma prose. Mais de grâce, qu’ils ne viennent pas me reprocher de continuer à le faire en dépit de leur aversion.
Blogueur, la belle blague ! Je ne suis qu’un billettiste qui passe ses humeurs et ses fantaisies sur la toile pour les quelques personnes qui prennent plaisir à les parcourir d’un œil distrait ou bien d’un regard plus attentionné. Nulle obligation, nulle injonction, simplement un plaisir qui se veut partagé. Un clic est si vite arrivé qu’il n’est pas besoin d’ajouter une grande claque pour me signifier que je vous ennuie ou que je vous indispose.
Le blog se referme immédiatement ; vous oubliez bien vite ce prétentieux qui a osé ainsi vous importuner. Vous trouverez ailleurs des personnes qui pensent exactement comme vous, qui ne vous demandent aucune réflexion ni aucun effort. Je vous en conjure : restez en leur compagnie ; elle vous convient à merveille. Quant à vous autres, qui aimez à venir partager mes errements, sachez que je serai toujours touché et heureux de votre visite. Merci à vous !
Divagationnement vôtre.
M.. @C’est Nabum
Nabum et ces articles passionnants :
- les trains qui se croisent
- la galette des rois
- les rapaces pêcheurs
- encore la galette
- la fin de son roman
- les oiseaux des jardins
- etc...
les réactions sont très peu nombreuses je me demande pourquoi ?
Agoravox nous permet d’écrire des articles qui ne paraitraient sinon que sur des sites où l’on trouve n’importe quoi, par exemple théorie du complot des martiens qui contrôlent la planète.
En période électorale ça serait bien de profiter de ce site pour parler de choses IMPORTANTES.
Il n’est pas le seul et ce genre d’article pousse les articles qui ont quelque chose à dire et qui sont commentés dans les oubliettes.
27 réactions à cet article
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