C’est le bouquet
Je regarde rarement la télévision. Il m’arrive de ne pas la regarder pendant de longues périodes. Je l’ai gardée pour voir ou revoir de temps à autre un film, un documentaire etc.
Je suis les événements plus sur internet qu’à travers la télévision. Et l’internet est une bonne chose. Je cherche l’information sur internet. Cela demande des recoupements, des recherches et des analyses avant de me faire une idée sur une situation donnée. C’est du temps et des efforts.
Dernièrement, j’ai changé l’ADSL par la fibre optique. J’ai eu envie, depuis un certain temps, d’avoir des chaines étrangères d’informations, mais je n’ai pas voulu délaisser internet au profit de la télévision. Cependant, je souhaite avoir une fenêtre sur l’extérieur à travers cette petite lucarne . Je sais qu’elle ne représente qu’une image, souvent tronquée, déformée de la société. Il faut rester vigilant et critique à l’exemple d’arrêt sur image.
Ce qui s’y passe n’est pas la société telle quelle. Mais, j’ai compris une chose. C’est que la télévision est également un moyen de préparer l’évolution des mentalités, de forger une opinion publique. Zemmour avait d’ailleurs qualifié les émissions de divertissement d’outils à passer des messages politiques et de formatage des esprits. La radio l’a fait après la presse écrite en leur temps.
Seulement voilà. Je me heurte à ces offres qui s’appellent le « bouquet ». A l’exemple de ces offres exceptionnelles de produits de consommation. Parce que le prix est moins cher, il faut consommer plus. Ou plutôt, pour avoir moins cher il faut acheter plus. Cette manie de toujours chercher plus. Ce qui évoque un certain slogan politique : « travailler plus pour gagner plus ».
L’offre en question s’appelle le « bouquet ». Chaque fournisseur a ses offres et ses bouquets. Le mot renvoi à l’image de fleuriste et aux bouquets de fleurs. Rien que des signes agréables.
Pourtant, ce n’est pas la même chose.
Je ne veux pas de bouquet, je veux juste choisir quelques chaines pour comparer l’information, voir les différences de traitement, les sensibilités. Mais le coût m’empêche d’exercer cette liberté.
En effet, pour rester raisonnable, je ne pourrais dépasser plus de deux bouquets, voire trois.Et généralement avec des propositions en trop et inutiles faute de temps ou d’intérêt.
Un bouquet d’informations c’est soit un monde anglophone, soit chinois, soit arabe, soit encore lusophone etc. Je ne peux pas choisir, par exemple, la BBC World, plus une chaine arabe, allemande et une autre indienne. Ainsi constituerai-je mon propre bouquet. Je n’ai pas de liberté, ou plutôt cette liberté si chère qu’elle est inaccessible de point de vue porte monnaie.
J’ai surtout senti une façon de cloisonner les gens. S’ils sont des fous de sport et ne s’intéressent qu’au sport, ils auront leur bouquet de chaines de sport. Ceux qui cherchent une fenêtre sur le monde arabe, leur bouquet n’est fait que de chaines arabes. Pour les anglophones, le bouquet est composé uniquement du monde anglo-saxon. Et ainsi de suite.
Celui qui fait de sport ne jette donc jamais un oeil sur le monde de son voisin cinéphile. Et celui qui parle anglais ne fera pas l’effort d’apprendre une autre langue ou de voir ce qui se passe en dehors de son monde anglophone.
Vous vous étonnez que les gens deviennent communautaristes. On les y invite, y incite avec leur propre argent.
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