Catch américain : un triste charivari
La World Wrestling Entertainment (qu’on pourrait traduire par fédération mondiale de lutte) offre aux téléspectateurs de tous les continents un spectacle haut en couleur. Mais l’univers chamarré du catch américain vacille entre farce grossière et destins tragiques.
La WWE se compose essentiellement de deux ligues, RAW et SMACKDOWN. A la fois rivales et complémentaires, elles permettent aux lutteurs poids lourds de rejoindre l’une et l’autre au fil des saisons, histoire de renouveler les scenarii meublant les combats. Car le catch américain se compose avant tout de petites intrigues très grossièrement ourdies, annonçant les « affrontements » chorégraphiés.
Ainsi, on assista à l’attentat factice dont McMahon (alors « manager » général de RAW) fût la vraie fausse victime. Ce dernier, à une autre occasion, se mit en quête de retrouver son « fils caché » parmi les mastodontes qu’il invective avec délice. Puis, le mystère émoussé, on passa à une autre énigme à résoudre. Du côté de SMACKDOWN, l’éphèbe blond Edge courtise ardemment la « manager » générale Vicky Guerrero pour qu’elle lui octroie une rencontre qui lui permettra d’arracher la ceinture de champion du monde.
Les personnages incarnés par les lutteurs valent le détour. Ainsi Anthony Carelli incarna naguère le rôle du catcheur Boris Alexiev (bien évidemment d’origine russe) pour ensuite se fixer sur le personnage Santino Marella et se prétendre pur calabrais. La séquence de présentation n’évite malheureusement aucun des poncifs sur l’Italie où Carelli multiplie les mimiques grotesques et nous gratifie d’un accent si outrancier qu’il ferait passer Don Corleone pour un vieux lord britannique. Hornswoogle, lutteur souffrant de nanisme, campe quant à lui l’image du farfadet irlandais, vêtu d’un costume vert et accompagné de son acolyte et protecteur Finley. John Cena, quant à lui symbolise le personnage patriotique, avec son salut militaire et son bermuda kaki. Randy Orton, en slip moulant et d’une coquetterie suspecte, représente le personnage du « méchant ». Quant à John Morrison (rien à voir avec le chanteur des Doors) avec ses manteaux de fourrure, son torse épilé, sa belle crinière brune et ses moues provocantes, il a tout pour captiver le public masculin homosexuel à supposer que ce dernier soit friand de techniques de séductions aussi convenues. Le catcheur Dave Batista, lui, fait montre d’un virilisme traditionnel qui contrebalance les excentricités textiles d’un lutteur tel que Ric Flair (désormais retraité) affectionnant les tenues multicolores pailletées.
Il y a également le géant « the great Khali » un indien culminant à 2M21. Malgré son physique et son poids impressionnant, on aurait pourtant tort de se l’imaginer en adversaire redoutable. L’homme, en effet, souffre probablement d’acromégalie, une tumeur bénigne située dans l’hypophyse qui provoque un dérèglement de la croissance. Mais ladite tumeur, peut également peser sur les nerfs optiques et diminuer sensiblement les capacités visuelles de l’individu. Il peut entre outre souffrir de troubles cardiaques et être sujet au diabète. The great Khali serait donc plutôt comme le colosse de Rhodes, prompt à s’effondrer au moindre tremblement.
Mais ne croyons pas pour autant que les amateurs de ces spectacles soient dupes des mises en scène et des arrangements préparés dans les coulisses. Demeure pourtant le problème du dopage. Pour tenir le rythme de travail intense qu’on leur impose, nombre de ces professionnels de la lutte se trouvent contraints d’absorber des produits dopants pour augmenter leur masse musculaire. Sur le long terme, ce mode de vie pèse grandement sur leur vie personnelle. Ils modifient leur caractère, entraînant des tensions familiales et des actes violents qui les éloignent encore plus de la vie communautaire. Pour éclipser ses difficultés certains plongent dans la drogue, augmentant ainsi les troubles neurologiques dont ils souffraient auparavant. C’est ainsi que le catcheur canadien Chris Benoit, assassina son fils et son épouse avant de mettre fin à ses jours. Les nombreuses commotions cérébrales et les consommations de stéroïdes, dues à la pratique du catch professionnel, expliquent en partie la confusion mentale qui l’a amené à commettre cet acte effroyable. Car ces athlètes, eux, ne bénéficient pas des temps de récupération dont disposent les boxeurs. Les coups portés à la tête et les chocs divers, même amortis par divers artifices, pèsent sur les fonctions cérébrales de ces lutteurs. Il n’est pas possible de se prendre quasi quotidiennement une chaise légère sur la tête sans en subir les conséquences.
Le grand nombre de galas et d’entraînement auxquels doivent participer ces sportifs ne leur permettent pas de vivre sainement. Avec le succès croissant des émissions télévisées de catch américain, notamment diffusées sur la TNT les finances de la WWE s’annoncent plutôt joyeuses. Puisque ces pseudo combats intéressent de plus en plus de jeunes enfants, il faut pourtant qu’ils aient conscience des drames qui se jouent dans la fédération. Leurs idoles, comme le sinistre Undertaker (un personnage de mort-vivant) ou le fringuant Randy Orton ne font pas partie du clan des super-héros…
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