« On n’a toujours pas récupéré dans le bazar de Téhéran la boîte noire de Sarkozy après l’autopsie de Mickael Jackson à Versailles. »
Telle est la synthèse des news de la semaine écoulée. Les médias donnent du sens au réel : une fois encore, nous l’aurons remarqué !
Mais l’information, non pas seulement telle qu’elle nous parvient, mais dans son contenu brut, mérite quelque attention : De « j’ai mangé des frites à midi » au « Pape qui se serait converti à l’Islam », il y a hiérarchie des « faits », aussi bien pour l’effet psychologique induit au public que pour la prétention de l’appareil médiatique à écrire l’Histoire à partir d’un Présent absolu.
Je laisse à d’autres le soin de s’interroger sur la validité philosophique de ce reflet d’un réel qui serait ainsi conduit à produire du réel, l’essentiel étant que, dans ce jeu de miroirs où fiction et réalité ne cesseront de se croiser par le jeu de l’écriture, la Presse est toujours au cœur du pouvoir. Secondée par les « sondages », elle fabrique le Politique. Et l’on ne comprendra pas le Politique sans admettre que l’appareil médiatique trouve son fondement sur deux mots : Le Spectacle et la Marchandise.
Or cette « information brute » qui en est à la source, est en fait réduite à quelques dépêches d’agences - Associated Press, Reuter, AFP… - dont le fil des news s’écoule, informe, dans l’axe du temps. L’important viendra ensuite : la fabrication d’un produit, d’une « nouvelle ». Car c’est bien le mot : du nouveau et encore du nouveau, et donc de l’effacement jusqu’à cet oubli qui met constamment l’appareil médiatique en porte à faux avec sa prétention à refléter le réel et à écrire l’Histoire !
Pour être concret, on constatera que la mort soudaine d’un chanteur aura peut-être tué les prémisses d’un mouvement révolutionnaire en Iran, qu’elle a peut-être occulté l’émergence d’une « nouvelle » qui, par amplification, aurait pu monter aux premières marches du hit-parade… Car par essence, le nouveau n’est qu’une forme vide qui règne sur notre conscience.
Nous sommes gouvernés par un ectoplasme !
D’ailleurs, sauf imprévu, il ne se passe plus grand-chose le week-end. Place au sport !
La fabrication de l’information ne se produit donc qu’au terme d’un CONSENSUS. Remarquez combien la hiérarchie de l’information sera identique d’un média à l’autre, observez cette porosité dans les titres, la façon dont les journaux se pompent mutuellement comme les gamins sur internet qui n’ont d’autre mot d’ordre que de dire : Faites tourner l’info.
Au-delà de la caricature, le parallélisme du journal de TFI et de celui de France 2 signe l’aveu que l’information n’a plus de « fond » mais qu’elle se réduit désormais à une forme filtrée, prédigérée : un style.
Reste la pression du « spectateur -citoyen », seul recours possible pour reprendre possession du vécu face à la « déformation » du spectacle.
Les blogs collent à l’actualité dictée par le « consensus » mais ils ont ce pouvoir démocratique de lancer des débats, d’imposer une autre hiérarchie de l’actualité, d’inciter à d’autres investigations. La pression pour qu’un éventuel « Karachigate » ne soit pas étouffé par le « consensus » serait la preuve qu’il n’est pas vain de lutter pour faire émerger « le vrai ».
Après
des études poussées au centre de recherches de blaireauland, nous nous sommes aperçus
qu’à trop regarder la télé cela grillait les neurones. Mais les petits filous
de la com ont bien compris et ils utilisent une recette vieille comme le monde
:« Du pain et des jeux ! Auxquels ils ont rajouté des larmes »...
Ah la hiérarchisation de l’info... La tarte à la crème des écoles de journalisme ! C’est l’ordre dans lequel on va présenter les infos au « bon peuple », c’est-à-dire les lecteurs ou téléspectateurs. « Naturellement » (toujours se méfier de l’appel à la nature dans les affaires humaines), on va du « plus important » au « moins important ». En fait, on part de ce qui est censé intéresser davantage les gens pour finir avec ce qui n’intéresse qu’une part restreinte du public.
Sauf que... le mediacrate se fait des idées sur ce fameux public, composé de « français moyens » et de « madame Michu », autres tartes à la crème des école de journalisme. ce public, mal éclairé, n’est censé voir de l’intérêt que dans les histoires qui le « concernent » (anglicisme), c’est-à-dire qui lui sont « proches ».
C’est pour ça que jean-Pierre Pernaut commence toujours par la météo, et que tous les medias ont commencé par Michael Jackson pendant tout le weekend.
Ce qui veut dire que tous les intervenants des JT (je souligne bien « tous ») pensent que ce qui vous intéresse, et que le plus important, c’est bien Michael Jackson, et pas l’attentat de Karachi ou la montée du chômage.
Après, ils vont vous donner des cours de morale citoyenne sur le pouvoir de la presse, les devoirs et la déontologie du journalisme. Alors qu’n fait ils nous prennent pour des boeufs.
Je pense que c’est plus subtil que ça, et qu’il n’y a pas de complot organisé clairement (« on veut nous faire croire etc. »). La majorité des « professionnels de la profession » sont des gens ni plus ni moins clairvoyants que leurs lecteurs, et ils croient vraiment que c’est ça qui nous intéresse. regardez leurs interviews quand il y en a, c’est frappant.
Que dans le tas, il y ait quelques « comploteurs » infléchissant les bulletins dans leur sens, c’est possible, mais je pense que c’est plutôt passivement : ah bah y a que ça qui les intéresse, allez-y, c’est bon pour la pub, et tiens au fait c’est pas plus mal, finalement, pendant ce temps, on ne parle pas de X ou de Z. La cupidité, la paresse et l’autosatisfaction ont toujours été plus efficaces en ce domaine que le complot.
Du côté du pouvoir élyséen, il y a en revanche une véritable politique d’occupation des titres, politique revendiquée qui plus est : tant qu’on parle de moi, on ne parle pas de ce qui fâche ou des concurrents. Le cinéma ridicule autour de la burqa depuis une semaine est à cet égard particulièrement éclairant.
Je suis d’accord avec le Vilain petit canard, je ne crois pas tellement au « complot journalistique », mais plutôt à une recherche malsaine de l’audimat maximum. Les chaines vivent de la publicité, et la publicité paie en proportion de l’audimat. Les chaines cherchent alors à choquer et jouer sur notre curiosité plutôt que de nous instruire et nous informer.
Le système est incestueux, virons la publicité de tous les journaux et acceptons de payer notre presse.
« Jeter la télé par la fenêtre... » pourquoi pas... mais il y aura toujours la « presse papier » qui, elle, entrera par la grande porte. et même si la première est, disons, plus bling bling, je pense que, structurellement il n’y a guère de différence de l’une à l’autre... Je ne crois pas à un complot médiatique mais plutôt à un fonctionnement pantouflard, craintif avec une vision à court terme.... pricipalement en France. Mais de cette décomposition, quelque chose naîtra sans doute... quelque chose qui est peut-être en germe sur internet. A suivre !
Elle permet, par comparaison avec internet, de voir quelles informations ne sont PAS diffusées aux masses, et c’est ça qui est interessant.
L’affaire Karachi en est l’illustration : alors que c’est un potentiel brûlot énorme, qui en a parlé sur les médias traditionnels, à part France Inter ? A ma connaissance personne !
Pourtant je ne doute pas que les journalistes gardent un oeil sur le contenu de sites comme AVox, ils savent donc parfaitement que cette affaire trouve une place importante ici, et à juste titre.
Et pourtant ils n’en parlent pas. C’est donc bien qu’il choisissent des sujets qui ne risquent pas d’énerver le pouvoir
C’est vrai que ce tinfouin sur Mickael Jackson alors que l’Iran vit cette manifestation pour l’accès à de la LIBERTE m’a choquée ! je regarde les informations : 35 minutes sur la célébrité, j’ai eu du mal à y croire....et puis ce contenu raccoleur...le médecin s’est enfuit....
Voila, force est de constater une fois de plus le niveau de médiocrité de la communication de l’actualité HONTE AUX JOURNALISTES : plus qu’au complot je pense qu’aujurd’hui faut faire du chiffre donc sans se poser de questions on diffuse ce qui rapportera le plus et ce qui est désolant en effet c’est que c’est ce genre d’info qui « passionne » les gens...je pense que c’est moins de la manipulation que la motivation du fric tout simplement
C’est triste. Ces journalistes me dégoutent en fait la plus part du temps, par leur questions, aucune noblesse dans leurs approches Je suis régulièrement déçue et souvent choquée. Le métier de journaliste devrait être un métier noble mais non je les mets au même niveau que les paparazi parfois dans leur interview...
Paresse et fric voici ce qui motive les éléments de ce système....quel plaisir d’assister au résultat des verts aux elections européennes, il y a quand même de l’espoir.....
L’exemple de Michael Jackson est excellent. OUI, la nouvelle de sa mort était incontournable et NON elle ne méritait pas que les bulletins d’information et émissions d’affaires publiques y consacrent pratiquement tout leur temps d’antenne.
Ce dont je me rappelle, il y avait cette journée-là, bien d’autres nouvelles importantes et d’un grand intérêt. Il était possible de s’en apercevoir sur les chaines d’informations continues du Québec. Plusieurs sujets d’envergure étaient traités en ondes ce jour-là, jusqu’à 17h30... heure du décès de Michael. Tous ces sujets présentés comme importants ont subitement disparus... ils n’étaient plus importants. Ce qui était devenu important, c’est ce que le monde pensait de la mort de ce pauvre Micheal, impressions d’analystes et du public présentés en boucle.
Exemple frappant que l’intérêt à bien informer le public n’est pas toujours celui que l’on croit.