Sacré Johnny ! Voici qu’à son insu il nous dévoile le circuit de l’information, lequel s’apparente ici au jeu de l’oie.
Car Johnny, chanteur et malade, n’a que peu d’importance ici. Mais l’exilé fiscal, ami des Chirac et de Sarkozy, avec des liens familiaux affairistes, est un vecteur médiatique de premier ordre. Mais, trop naïf, il a commis une gaffe, une très grosse : celle qui dévoile le pot aux roses.
Dans son jeu de l’oie, Johnny, en route pour la gloire, évita la case prison, ayant été innocenté d’une accusation de viol. Les coups de dés se traduisirent alors en coups de chance et c’était la baraqua ! Mais, sale coup du sort, le cornet à dés l’envoie à la case hôpital. Et c’est là que tout commence : C’est un autre jeu qui se déroule désormais en filigrane, le jeu de l’information avec la mise en scène, du moins en coulisse, de sa diffusion.
Premier coup de dés, la « vérité officielle », style Pravda : aucun problème, juste un check up pour les assurances. Certains tiqueront, tant pis. Une case de gagnée. Puis un journal américain dévoile cette information que les médias français « bizarrement » ne relaieront pas : Johnny Hallyday a été opéré d’un cancer du colon. Grâce à la complaisance de la presse française – rappelons-nous qu’elle est entièrement contrôlée, directement ou indirectement par Sarkozy et que ceux qui auraient voulu diffuser l’information se serait exposés à des représailles – le silence est de rigueur. Sujet tabou : lettre de cachet et masque de fer ne sont jamais bien loin… Il faut cependant remarquer que, sans vouloir faire intrusion dans sa vie privée et livrer des informations sur l’état de santé du chanteur, les journalistes, s’ils avaient un peu enquêté, auraient pu au moins dire : « Cette vérité officielle est fausse. » Or, pas un journaliste, je dis bien pas un seul, n’aura osé briser l’omerta. C’est dire l’état de profession…
Donc on échappe à la mauvaise case « hôpital » mais l’oie n’avance plus : Concerts annulés officiellement à cause de menace grippale. On tique encore, mais bon, on agite de nouveau le cornet à dés… et voici que tout commence ! Et comme « un coup de dés jamais n’abolira le hasard » pour reprendre le bon Mallarmé, c’est le dé qui déraille. Tout devient alors incontrôlable. Notre Jojo national confie naïvement à un magazine ce que l’omerta journalistique voulait taire : la vérité ! Voici donc que l’ancienne vérité officielle vole en éclats à cause de ce jojo qui est le seul à savoir réellement de quoi il parle !
Panique dans les médias et dans les palais princiers : Jojo, t’es trop con, t’as cafté. Ton cancer on s’en fout, mais la vérité officielle doit rester la vérité officielle. Sinon où va-t-on ?
Alors Johnny tente désespérément un nouveau coup du style : « J’ai pas dit ça ! ». Mais les journalistes se croyant libérés de la chape de plomb, se précipitent pour faire leur boulot – Une fois qu’ils le peuvent, hein, c’est pas tous les jours… Et notre Jojo est dépassé par les événements.
Donc pour lui comme pour ceux qui l’agitent en coulisse, c’est fichu : Game over !
Car Johnny en disant la vérité a surtout dit la vérité sur le fonctionnement médiatique français : la presse poubelle n’ouvre ses couvercles que si elle est autorisée. On peut exposer la vie intime de Ségolène Royal car le Monarque l’autorise. Qu’importent les procès et l’argent : les caisses sont vides, il nous l’a dit, mais notre faiseur de miracles peut régaler à grands frais 4000 français de New York en remerciement du bon vote de ceux-ci. Alors…
Les passe-plats du Président à la télévision, n’y changeront rien : notre symbole national a dit que la vérité n’était pas la vérité.
Alors qui croira encore que Pujadas ou Ferrari sont des journalistes ? Et plus la pauvre Chabot se fera engueulée, moins elle sera journaliste et la vérité apparaîtra encore davantage dans toute sa nudité. Juste avant que l’on découvre que le roi est, lui aussi, nu.
Pour lui alors , game over ? On n’en est peut-être plus si loin.