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Crédit d’impôt, journal du lendemain : pour sauver la presse quotidienne avec ses lecteurs

Le diagnostic est largement partagé : la presse quotidienne est menacée. Condamnée même, si l’on se réfère à des grands titres américains qui se mettent en faillite, ou au pronostic sévère d’un journaliste français comme Bernard Poulet ( La fin des journaux- Le débat Gallimard ). Elle est menacée par ses faiblesses structurelles et historiques, sa résistance pathétique aux changements malgré la lucidité et la détermination de certains de ses acteurs, et la crise économique ne fait que jouer un rôle d’accélérateur.

 Les Etats généraux qui se sont déroulés l’hiver dernier à l’initiative du Président de la république avec la quasi-totalité des professionnels concernés, ont conduit dans tous les domaines – économie, technologie, distribution, métiers, lectorat – à des recommandations ou des propositions de bon sens ou novatrices, dont il faudra s’assurer de la mise en œuvre effective. Parmi celles-ci les financements publics, jouent déjà un grand rôle pour soutenir la presse d’opinion. Il est envisagé d’y ajouter des dons privés, fiscalement déductibles, dans le cadre de fondations qui devraient permettre un élargissement des ressources en évitant des liens directs préjudiciables à l’indépendance des journaux. Mais si l’on veut favoriser cette indépendance ne faut-il pas aussi aider le lecteur et en particulier l’abonné ?
Si l’on considère que la presse écrite quotidienne est un élément indispensable et même vital, de la vie démocratique - comme le sont les partis politiques - il serait logique que l’abonnement à un quotidien, qui est un engagement financier non négligeable, mais si important pour la santé financière des journaux, soit favorisé fiscalement comme l’est l’engagement dans un parti politique. C’est à dire qu’il donne droit à un crédit d’impôt du même ordre que celui accordé aux citoyens qui font vivre la démocratie à travers les partis politiques. L’avantage serait double : pour le lecteur citoyen qui a parfois bien du mérite à payer d’avance un service dont la quotidienneté est souvent décalée et la régularité parfois aléatoire ; pour les journaux qui logiquement préfèrent dépendre de la fidélité de leurs lecteurs, plutôt que de subventions directes de la puissance publique. La mise en œuvre d’un tel dispositif est simple. Il suffit de prévoir cette possibilité dans la Loi de finances. Le parallélisme avec les cotisations aux partis politiques peut être copié à cet égard.
 
Un autre domaine du service au lecteur n’est pas exploré. Il est pourtant lié à la spécificité de la presse écrite quotidienne qui à l’évidence n’a plus la primauté de l’information, face à la radio TV et internet. Son avenir est dans la qualité rédactionnelle et de contenu, l’approfondissement, mais aussi la proximité, comme le montre de nombreux quotidiens qui réussissent. Un abonné à des quotidiens nationaux qui reçoit ces journaux avec décalage sait bien qu’il n’y trouvera pas « les dernières nouvelles » mais sur les sujets d’actualité ou non, des éclairages, des angles, des dossiers, qu’il ne trouve pas ailleurs. C’est dire qu’à l’évidence, le quotidien présente le lendemain ou le surlendemain de son édition, une pertinence, un intérêt pour une très grande partie de son contenu. Pourtant il continue à être traité comme une denrée périssable qui dès le lendemain doit disparaître. C’est un gâchis considérable. Il y a de nombreuses personnes, jeunes, étudiants, lecteurs trouvant les quotidiens trop chers, où qui sont éloignés des lieux de distribution, qui seraient acheteurs du « quotidien du lendemain » vendu, par exemple, à moitié prix. Cette demande existe, elle mériterait d’être testée. Certes on objectera les problèmes de distribution, mais il suffît de voir la place réduite occupée aujourd’hui par la presse quotidienne, dans les maisons de presse ou dans les kiosques, pour penser que le problème n’est pas insurmontable. Sur le fond, ce serait sans doute distendre le rythme du quotidien, et la fidélité qu’il implique, mais il est clair que l’évolution est déjà en place avec les acheteurs ou les abonnements du week-end, ou des jours avec suppléments.
La presse quotidienne, support indispensable à la vie sociale et démocratique, sera aussi sauvegardée par ses lecteurs : puissent ces pistes y contribuer.
Jean-Claude Charrier - responsable de l’Observatoire des médias de l’université permanente à Nantes

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5 réactions à cet article    


  • John Lloyds John Lloyds 6 juillet 2009 10:42

    6 sociétés juives controlent 96% des médias mondiaux

    Evidemment, on ne peut plus appeler ça de la presse, quand c’est devenu des officines de propagande, qu’il fallait, comble de tout, payer.

    La presse quotidienne est menacée ? Mon dieu, les pauvres, mais comment vont faire maintetant ces machines du libéralisme débridé pour payer les journalistes lèche-nabot ?


    • bernard29 bernard29 6 juillet 2009 12:35

      Vendu aujourd’hui ou demain à moitié prix, il n’y a aucun changement si c’est de la « pensée unique » ou de la propagande vendue aux pouvoirs en place,


      • Emile Red Emile Red 6 juillet 2009 13:37

        Je ne comprends pas le sens de cet article.
        Déjà il n’y a pas une presse mais des presses.
        Quand le PQN est moribonde, malade de son hyper concentration et de son assujétissement aux pouvoirs industriels, la PQR, elle, pour une grande partie, vit correctement.
        Quand on parle de problème de diffusion en ne parlant que de « maisons de la presse », on voit bien que le sujet est juste survolé et navigue dans la mésinformation la plus totale.

        J’ai autrefois écrit un petit article sur le portage de presse, une des professions souterraines de la presse qui a un rôle majeur et qui vient à l’encontre de votre téhorie sur une aide à l’achat puisque celui-ci est gratuit et anihile les distances de livraison en livrant à domicile la PQR. Pour la PQN le problème ne se pose pas puisque c’est la rentabilité dans son plus mauvais sens qui est en cause, preuve s’il en est que l’indépendance paye.

        En quelques mots votre article ne prouve qu’une chose, la presse à la botte ne se vend pas parceque TV et radio font déjà ça bien mieux.


        • Lucrezia 7 juillet 2009 09:14

          La Presse Française n’arrête pas de donner des leçons à la société civile Française, et exiger des changements sur tout et partout, mais :

          La Presse Française ne veut pas changer ....
          La Presse Française ne veut pas acter d’une nouvelle ère des Médias ...
          La Presse Française ne veut pas se remettre en question ...
          La Presse Française est autiste à son lectorat ....

          Alors à tous ces « donneurs » de leçons ... pour les « autres » uniquement, qu’ils disparaissent ! Et surtout qu’on ne les subventionne pas.

          Vive les nouveaux médias !


          • Gabriel Gabriel 7 juillet 2009 15:30

            Certes il ne faut pas avoir la nostalgie des articles de Zola ou d’Hemingway mais ou est passé l’indépendance de la presse ? Aujourd’hui sur une vingtaine de journaux j’ai l’impression de lire dix neuf fois la pravda ! Alors si les organes de presses veulent continuer à vendre leurs papiers, qu’ils fassent le métier de journaliste et non celui de courtisan. Quand j’ai besoin de cirage je vais chez le droguiste

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