Ce mercredi,
jour des enfants et de la sortie de nombreux hebdos, devrait marquer la
fin de l’omniprésence de Daniel Cohn-Bendit dans la presse. Depuis
lundi passé, on ne parle que de lui, petit aperçu.
Au lendemain du scrutin, il n’y en avait plus que pour Europe Ecologie (et dans une moindre mesure l’UMP). Daniel Cohn-Bendit, candidat en Île-de-France bien que de nationalité allemande, s’est assuré les gros titres dans les deux pays. Du côté français, on a encore en tête toutes ces unes de plus ou moins bons goûts. Pour n’en rappeler que quelques-unes, on peut noter que
Le Figaro titrait « Cohn-Bendit bouleverse la donne à gauche » ou encore « Le Parti socialiste humilié par Cohn-Ben
dit » pendant que Rosalie Lucas pour Aujourd’hui en France évoquait « le coup de maître de Cohn-Bendit ». Plus récemment on peut noter le douteux « Cohn-Bendit, le grand bazar » de Marianne ou le « scandale Cohn-Bendit a niqué Bayrou » de Charlie-Hebdo. Côté Allemand, c’est la surprise qui prédomine. Sudwest Presse évoque le gros coup des verts français (« Grüne Franzosen ; Überraschungscoup des Daniel Cohn-Bendit ») tandis que le Nürnberger Nachrichten affirme que Cohn-Bendit a créé un miracle vert (« Cohn-Bendit schafft grünes Wunder »), notons enfin que ce qui compte pour le Berliner Zeitung c’est la troisième place obtenue par les Verts (« Cohn-Bendit auf Platz drei »).
REUTERS/Philippe Wojazer, Daniel Cohn-Bendit et les médias le 7 juin 2009
D’autres journaux européens ont, bien sûr, relayé l’information en insistant toujours sur la surprise du triomphe des Verts français : L’indépendant met en une « Cohn-Bendit, l’homme providentiel des Verts », La Repubblica annonce la renaissance de Cohn-Bendit (la rinascita di Cohn-Bendit ) tandis qu’El País titre « Daniel Cohn-Bendit, líder de Mayo de 1968, da la sorpresa en Francia » (Cohn-Bendit, leader de Mai 68, crée la surprise en France).
Mais le plus remarquable dans ces articles est la quantité de jeux de mots que cette élection a généré. Partout, on donne des Dany le Rouge ou des Dany le Vert jouant sur ce processus antonomasique pour souligner la diversité du parcours de Daniel Cohn-Bendit. Dans tous les pays, on retrouve cette image, ainsi on parle de ‘ Røde Dany’ dans le Politiken danois, AP titrait sa dépêche « Dany the red », « Rote Daniel » pour Die Presse et Dany « il verde » pour la Repubblica. Beaucoup d’articles soulignent le passage de Dany le Rouge à Dany le Vert, c’est le cas notamment du dossier conséquent du Parisien d’hier qui titrait « 1968-2009 : Dany du rouge au vert ». Die Press souligne que depuis longtemps Dany le rouge est le fer de lance des écologistes européens (Der “rote Daniel” ist längst ein grünes Zugpferd ), El Periòdic d’Andorra un peu perdu dans ces identités multiples titre en français « Dany le rouge/vert » et souligne tout au long de l’article la différence entre les deux. Dans la série des « Dany le », on trouve par exemple « Dany le trublion » (Le Point) ou « Dany l’Européen » (Le Point, Le Monde). Mais les meilleurs jeux de mots sont à mettre à l’actif de Libération. Si je tiens à souligner le beau travail d’allitération du Progrès qui titrait « le D-Day de Dany », parmi tous les titres que j’ai pu parcourir, les meilleurs sont, bien sûr, « Le Dany boom » de Matthieu Ecoiffier pour Libération ou toujours dans le même journal « François Bayrou victime des éclats de Vert de Daniel Cohn-Bendit ». Les jeux de mots de Libértion sont même repris à l’étranger, ainsi le lendemain de l’élection on pouvait trouver un article intitulé « Cohn-Bendit, le catalyseur vert », repris quelques jours plus tard par Die Press sous le titre « Cohn-Bendit : Europas grüner Katalysator ».
Depuis quelques jours la ferveur Cohn-Bendit commence à s’estomper même si on peut encore trouver dans les journaux d’aujourd’hui des titres comme « L’envol de Daniel Cohn-Bendit, la chute de François Bayrou » (LePoint.fr suite au sondage sur les personnalités politiques) ou « Cohn-Bendit M.Consensus » dans l’Express. Petit à petit Cohn-Bendit va sûrement quitter à nouveau nos journaux, rappelons qu’en dix jours il a recueilli plus d’articles que pendant toute sa campagne pour les européennes…