De débattre mon chroniqueur s’est arrêté
6 après sa création, et 3 ans et demi après son arrivée en quotidienne sur D8, l’émission Touche pas à mon poste est sur point d’atteindre les 2 millions de téléspectateurs. A tout miser sur le show et la surenchère, Cyril Hanouna a réussi son pari quantitatif, en laissant toute valeur ajoutée sur le bord de la route.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH223/Public-Zap-Gilles-Verdez-chroniqueur-de-TPMP-en-pleure-a-cause-d-un-magnetiseur_portrait_w674-c1a22.jpg)
Qui se souvient de ces jeudi soirs confidentiels à minuit sur France 4 en 2011, où des chroniqueurs inconnus s’écharpaient sur des sujets télés en tout genre, devant un Cyril Hanouna qui renaissait de ses cendres après une traversée du désert au milieu des années 2000 ? A l’époque, ils étaient environ 300 000 à regarder hebdomadairement l’émission Touche pas à mon poste. 5 ans plus tard, on ne dit plus Touche pas à mon poste, mais TPMP. On ne dit plus Hanouna, mais « baba ». Et on ne dit plus « émission de débat »… car ce n’en est plus une.
Canal hystérique
Avec le succès des jeudi soirs, le programme est arrivé sur D8 en quotidienne à partir d’octobre 2012, avec un mix identique, fait d’analyse d’émissions télé et de show hanounesque en dernière partie. Un équilibre bien dosé qui permit alors d’attirer aussi bien les accros de médias que les amateurs d’humour potache, pour finalement atteindre le million de téléspectateurs l’année suivante. Ce nombre à 7 chiffres provoqua alors une certaine ivresse au sein de la machine à cash de D8. La production ne cherchait plus forcément à fidéliser son audimat, mais plutôt à le décupler, en usant de tous les (feux d’) artifices.
A la place de chroniqueurs, on vit apparaître de véritables caricatures humaines, entre un Gilles Verdez qui ne croit même pas à ce qu’il dit, et une Nabilla qui, elle, ne comprend pas ce qu’elle dit. Du strass et des paillettes, du pain et des jeux : l’émission devint alors une sorte de foutoir permanent, tournée tout autour de son animateur-humoriste star. Un one-man-show quasi quotidien de plus de 2 heures, sur l’autel duquel D8 sacrifie ses prime-time pour ne les faire commencer désormais qu’à 21h15. Mais un one-man show payant, puisque les audiences augmentent, toujours et encore. Si les férus d’infos médias ont déserté les lieux, les téléspectateurs moins exigeants, venus là chercher une bonne tranche de rigolade pendant le diner, ont continué d’affluer, en provenance de Canal et TF1 principalement.
Qu’il veut glaner des millions
Au-delà de la bataille des chiffres, qu’il a allégrement gagnée, Hanouna est intouchable de par son leitmotiv « la télé, c’est que d’la télé ». Une chroniqueuse tente de poignarder son petit ami ? « Elle est rigolote, on la reprendra quand elle sortira de prison ! » Des chroniqueurs mis sous hypnose en viennent aux pleurs, créant un certain malaise de l’autre côté du poste ? « Ils sont magnifiques ! » De buzz douteux en rires forcés (notamment avec le pilote automatique intégré au fond de la gorge de Valérie Benaïm), l’émission est progressivement devenue son propre sujet, oubliant au passage ses préceptes initiaux de curiosité sur le monde qui l’entoure.
Le producteur Hanouna décide ; l’animateur Hanouna exécute. En faire plus pour en avoir plus. La barre symbolique des 2 millions de téléspectateurs n’a jamais été aussi proche d’être franchie. Ce jour-là, c’est sûr, ping-pong, déguisements et chenille seront de la fête. On en parlera peut-être même dans d’autres émissions. Mais au fait, ce n’était pas censé être l’inverse à la base ?
Gwendal Plougastel
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