Déprogrammation de Carré Viiip : chronique d’un désastre annoncé
Carré Viiip, c'est fini ; c'est ofiiiciel. L'article qui suit est dédié à tous les biens pensants qui hurlaient, à gorge déployée, contre ce programme, idiot, qui n'avait pour seule issue que d'abrutir, encore plus, la populasse, car, c'est bien connu, les petites gens et la jeunesse (concept inique) avalent goulument toute la merde qu'on leur sert.
Cet article est aussi dédié à Angela Llorente, qui essuie son second revert quelque mois après La Ferme Célébrité en Afrique, papesse de la télé-réalité, depuis 10 ans, Angela, voilà pourquoi ça a foiré, pourquoi ça foire et ça foirera toujours si jamais tu souhaitais récidiver.
Cet article aurait très bien pu s'appeler L'art de la télé-réalité pour les nuls. Alors, envie d'une analyse télévisuelle, ciblée, sérieuse, basée sur des années d'observations ? Prenez note.
I. LA FORME
Dès le premier prime à 20h50 (l'horaire : énorme bêtise), ça sentait le roussi, le produit fait "à la va vite", le concept que l'on met de suite à la poubelle, ou qui, au mieux, ne survit pas au pilote. Examinons d'abord la forme.
LE CUL ENTRE DEUX CHAISES
Qui dit "concept nouveau", doit absolument dire "concept fort". Ici, c'était brouillon, le même effet ressentit que pour La Ferme Célébrité. Ce programme avait le cul entre deux chaises : était-ce un programme familiale ou non ? La production dit que oui, on comprend bien que non, mais au final c'est déjà pas clair. Quel était la cible ? Nous y reviendrons.
AUCUN FIL ROUGE
Ce dont manquait cruellement Carrée Viiip, c'est d'un fil rouge, genre secrets à découvrir, alliances, missions, conflits divers, révélations sur le passé des candidats dans la presse people, etc... L'esprit de la télé-novela, du feuilleton, qui est LA clé du succès de la télé-réalité, n'était pas présent. Dès lors, sans suspense, ni mystère (Dilemme, W9), c'était voué à l'échec.
LE CONCEPT CONDAMNE LE PROGRAMME
Le concept même rend impossible un produit fini, et de qualité (j'entend par là, "bien produit").
Vouloir assumer la soif de gloire des candidats, c'est une erreur de la production qui semble ne pas avoir compris, et c'est affligeant, le véritable atout de sa création, la télé-réalité : la fiction interactive (le public intervient sur le déroulement futur du scénario) ! Le sort des candidats, à leurs sortie, le public s'en fout.
On veut des personnages, pas des ploucs qui rêve d'être connus, à tel point qu'ils sont près à prendre les gens pour des cons. C'est comme si on nous montrait les rushs de Plus Belle La Vie, le tournage quand le réalisateur donne les consignes aux comédiens pour qu'ils jouent mieux et plaisent le plus au spectateurs. En télé-réalité, on s'en fiche, on veut juste le produit monté, terminé, le meilleur sans le making-of.
C'est à nous de rêver, pas à eux !
UNE PRÉSENTATION SANS ÂME
Pour ponctuer le tout, la présentation, qui doit être un spectacle, en soi, Elsa Fayer n'était franchement pas au niveau. Trop sage, trop calme, en somme trop "Faustine Bauleart" !
Quelle mouche a piqué Endemol France pour confier la présentation à une femme stoïque, raide comme un piquet, qui articule difficilement avec une bouche de canard ?! Un Christophe Beaugrand plus "foufou" (Cf. Touches pas à mon poste, France 4) et plus jeune aurait mieux fait l'affaire, sans pour autant sauver l'émission, bien entendu.
Sinon, restait l'inénarable, l'inégalable et inimitable Benjamin Castaldi. Castaldi que la prod' a décidé de ne sortir que pour Secret Story, ce qui en soit, est intelligent.
A LA RIGUEUR, AVEC UN AUTRE FORMAT
Dernier point sur la forme, le format en lui même. Pourquoi ne pas avoir tenté, comme NRJ 12 avec Les anges de la télé-réalité, ou Qui veut épouser mon fils ?, un format, de semi-enfermement, de 52 minutes, en fin de semaine ?
II. LE FOND
Intéressons-nous ensuite au fond. Fond de l'émission contraire à la recette, habituelle, d'un tel programme. Décryptage.
DYNAMIQUE INVERSE À CELLE DU SUCCÈS
L'enjeu de la télé-réalité d'enfermement réside dans l'effet de surprise. La présentation des candidats excite la curiosité du téléspectateur, et, celle-ci, est comblée au fil des semaines, semaines au cours desquelles il découvre ces personnages. Il apprend à les aimer, les détester, qu'importe, ils sont d'abord un vent de nouveauté puis rentrent dans son quotidien et il finit par s'y attacher, sachant qu'il les perdra prochainement (amour éphémère et sans lendemain). Ainsi se crée ce que l'on appelle une "dynamique constante de découverte".
Dans Carrée Viiip, les Viiips, le spectateur les connaissait déjà. On attend qu'ils aient le même comportement que lorsqu'on les à découvert. Qu'il le fasse, ou non, l'effet n'est plus le même. On assiste logiquement à une "dynamique constante de déception".
DES VIIIPS FORCÉMENT DÉCEVANT
Les moins décevant(e)s : Benoît et Thomas, seulement ont les a supporté tout l'été ; merci, on connaît.
Les plus décevantes : Alexandra la princesse et Marjolaine, charisme d'huitres, fausse méchanceté et mièvrerie à tout crins, elles n'allaient de toute façon rien apporter de croustillant à l'émission.
L'erreur 1 : Giuseppe, le "rital macho", dans toute sa splendeur, avait cartonné dans un programme scénarisé, et monté ; dans une émission d'une heure où, au final, il n'apparaissait qu'une quinzaine de minutes, si l'on concentre tout.
Choix périlleux, Endemol aura comprit qu'il existe différents potentiels chez les candidats, et que le format d'enfermement convient mieux à certains qu'à d'autres. Simple question d'épanouissement, et, surtout, de profil psychologique (élément à ne jamais négliger).
L'erreur 2 : Mickaël Vendetta n'était qu'un coach en "célébritud'". Dommage, souvent absent de la maison, il offrait pourtant de bonnes séquences à chacune de ces interventions. Choix surprenant.
Le coup de génie : Afida Turner, elle a éclabousser les 15 jours d'aventure de son exubérance, dans un autre contexte, elle aurait crevé l'écran.
DES WANNA VIIIP MAL CASTÉS
Les Wanna Viiip (anglicisme inutile) ont été choisi selon leur mégalomanie maladive. Or, qui pratique, un minimum, la sociologie de terrain sait pertinemment que, le plus souvent, l'égocentrisme revendiqué n'est que de la gueule, du vent et une terreur d'être véritablement confronté aux défis que l'on avancent gagné d'avance. En 15 jours, lequel a tenu les promesses énoncé lors de sa présentation ?
Aucun n'aurait eu sa place dans Secret Story. Où était la folle de service ? La bimbo ? Le timide ? Le mesquin ? L'hystérique ? La naïve sexy ? Le méchant ? La névrosé ? La moche aux formes généreuses ? Nul part ! Au milieu de ça, un mélange d'anorexiques issue de la jeunesse dorée, des provinciaux aveuglés par le rêve parisien (de la Plaine Saint-Denis), etc…
On ne pouvait pas les aimer, on regarde ces programme comme, jadis, on regardait les combats de gladiateurs. Il faut qu'ils s'entretuent devant nos yeux. Là, dès leurs présentations, le spectateur se sentait agressé et méprisé par les candidats. Le public veut être le seul à jouir du privilège de mépriser les candidats, ce ne doit jamais être l'inverse !
Le casting a fait l'objet de nombreuses spéculations, des semaines avant le lancement. On peut regretter que de véritables Wanna Viiip, ou Viips, qui, eux, ont fait preuve de leur égocentrisme dans de nombreuses émissions, n'aient pas été castes. Je pense à Gabriel Adams, Jessica, Alan, tous découvert dans Confessions Intimes.
Côté Viips, Florian, de Dilemme, a dernièrement démontré, dans Tellement Vrai, sur NRJ 12, que l'humain n'a pas fini de se surpasser lorsqu'il s'agit de se mettre en scène.
IL NE SE PASSAIT RIEN
Que retiendrons-nous de cette émission avortée ? Une histoire d'amour mièvre entre Alexandra et Noham (profitons du fait que leur prénoms soient encore frais dans nos esprits) ? Les fanfaronnades d'Alexandre (futur Coluche, selon lui) et de Afida Turner (future Janet Jackson, selon elle) ? Une coucherie entre Cindy, la féministe, et Giuseppe, le macho ?
III. LA CONCURRENCE
Malgré le soutient, le mot "collaboration" marche aussi, inconditionnel de Jean-Marc Morandini (fausses révélations sur le blog, invités et sujets dans Morandini ! sur Direct 8), Carrée Viiip n'a jamais trouvé son public
PROBLÈME DE TEMPO
En plein mois de Mars, les habitudes télé sont déjà prises. Pour toutes les raisons énoncées précédemment, les 16-35 ans ne pouvaient pas y accrocher. Ne parlons même pas de la ménagère de moins de 50 ans. Restaient les 7-15 ans, or, comme programme jeunesse fédérateur, on a vu mieux.
Face à Laurent Ruquier qui s'installe durablement avec une équipe de nouveaux talents vraiment talentueux (dans On ne demande qu'à en rire !, France 2), un Julien Lepers plus en forme que jamais (avec son Question pour un Champion, France 3) et un Dîner presque parfait qui reste une valeur sûre pour M6, Carrée Viiip ne décollait des 13% que dans les 20 dernières minutes.
IV. CONCLUSION
Carrée Viiip, l'exemple type du plantage en télé-réalité, le profil même de ce qu'il ne faut pas faire, l'anti-modèle d'un bon enfermement.
Néanmoins, commentateurs en tout genre, ne criez pas victoire trop vite, le genre n'est pas mort, il apprend juste à tester ses limites. Comme on dit, "ce qui ne vous tue pas, vous rend plus fort".
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