Dérèglement climatique : les médias critiqués
Un think-tank anglais, proche du Labour, s’inquiète du langage utilisé pour parler du dérèglement climatique. Etre alarmiste serait vraiment contre-productif.
Un think-tank anglais, l’IPPR (Institute for Public Policy Research) vient de publier une étude fondée sur l’observation de 600 articles de la presse britannique, des clips, des pubs et différents sites internet. Cette étude critique les termes utilisés par le gouvernement, les médias, et groupes de pression dans le cadre du débat sur le changement climatique.
Un dérèglement pornographique
Ce phénomène "si important dans son impact et irréversible dans sa puissance destructrice qu’il change radicalement l’existence humaine : apocalyptique, catastrophiste, les phrases extrêmes sont à bannir selon le rapport car elles donnent un sentiment d’impuissance.
Certes, les dérèglements toucheront toute la planète ; les conséquences directes tant sur les investissements sur les forêts que sur l’agriculture n’auront rien à voir avec celles qui seront indirectes : l’utilisation des fleuves dans la production d’énergie (hydroélectrique mais aussi nucléaire), la demande d’énergie, l’apparition de nouveaux vecteurs pour des maladies, les réfugiés climatiques,... Mais cependant, il faut mettre en valeur notre capacité à réagir au lieu de proposer une vision terrifiante juste pour faire frémir le lecteur ou le téléspectateur. C’est pourquoi le rapport parle de climate porn pour un problème sur lequel plus personne ne peut avoir de prise.
Quand on n’en parle comme d’un film d’horreur pour faire vendre du papier, ce sont des petits gestes de rien du tout qui sont mis en avant. L’IPPR pense que l’on se demandera alors : "mais comment cela pourrait-il bien faire une différence ?". Cela parait tellement futile par rapport à l’énormité du problème.
Le rapport pointe ainsi d’autres rhétoriques toutes aussi inefficaces :
- le scepticisme : "Tellement énorme qu’incroyable"
- l’ironie : "Nous en avons vu bien d’autres"
- l’expectative : "Il y aura bien une nouvelle technologie pour nous tirer d’affaire".
- le deni quasi-expert : "La planète a toujours connu des variations climatiques, aucune n’a été irréversible"
- le trop-plein d’optimisme : "Le réchauffement est bénéfique : le climat sera plus doux"
Des termes plus enclins à changer les mentalités sont promus, telle que la notion de planète-consommée de WWF : si tout le monde adoptait le mode de vie des Français, il faudrait l’équivalent des ressources de 2,5 planètes.
Eviter de maximiser le problème et de minimiser les solutions, tel devrait être le crédo : atténuer le phénomène à sa source avec des engagements internationaux et anticiper au niveau national les futurs besoins dus au changement.
Pour en savoir plus :
- Le rapport "Warm Words : How are we telling the
climate change story and can we tell it better ?"
- La campagne du Parti Vert Européen
- 10 mesures à intégrer en priorité dans les programmes éléctoraux pour 2007 du Réseau
Action-Climat France
- La note de Sinople
sur les négociations internationales
- La campagne de Greenpeace France
- "Le nucléaire
ne sauvera pas le climat" : 50 faits et arguments""
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