Elle est Nay, la divine enfant !
Tu t’extrais du paddock plus ou moins péniblement, l’occiput un brin embrumé des libations de la veille. Au radar, tu cherches l’interrupteur du transistor. Hirsute et pas rasé, tu glisses une tranche de pain rassis entre les mâchoires du grill. Tu avises un beurre rance dans un coin du frigo quand soudain tu entends dans le poste que Claude Askolovitch est en vacances. Tu te dis dans ta Ford Intérieure capitonnée en skaï : voilà enfin une nouvelle qu’elle est bonne. Tu phosphores illico que tu ne subiras pas ce matin la logorrhée sarkophile du transfuge du Nouvel Obs. Tu te surprends à penser que c’est déjà Noël sur Europe 1. Et tandis que tu t’apprêtes, ravi, à tremper ta tartine dans un kawa fumeux, le speaker t’apprend que c’est Catherine Nay qui remplace le plumitif du JDD…

Là, ça te fait tout drôle. Tu réprimes un rot vineux. Avec la fin d’Elkabbach, tu croyais être définitivement débarrassé de la Cruella des ondes courtes. Bompard, le nouveau boss, lui avait bien gardé un strapontin le week-end pour services rendus à la station. Mais c’était du pipi de chat à côté des années de gloire qu’avait connues la dame, rue François 1er. Des centaines d’éditos aboyés quotidiennement à l’heure du petit dej. Celle précisément où tu es le plus vulnérable. Celle à laquelle tu avais subi ses sempiternelles diatribes hostiles à la gauche. Celle à laquelle, elle t’avait infligé ses redondantes litanies à la gloire des Chirac, Sarkozy et autre Balladur. A cet instant. Tu te dis que le cauchemar recommence et tu ne vas pas être déçu…
Ce jour-là, l’épouse d’Albin Chalandon, accessoirement ex PDG d’Elf et ancien garde des sceaux, est remontée comme une pendule suisse. On sent subrepticement que cela fait un bail qu’elle n’a pas déversé son fiel. Et là, ce sont les enseignants qui trinquent. Excusez du peu. Tandis qu’elle pérore sur la réforme Darcos, elle lâche sans vergogne aucune : “les lycéens eux-mêmes sont manipulés, désinformés par qui ? Evidemment par certains professeurs, ça on le sait.”¹
Le “on” est délicieusement pervers. Ainsi donc ce sont les méchants enseignants gauchistes qui influencent nos chères têtes blondes. C’est “on” qui le sait donc c’est “évidemment” frappé du sceau de l’authenticité. Pendant ce temps-là, le message est passé. La haine du fonctionnaire, professeur de surcroît, qui sommeille en tout un chacun, a été exacerbée par la furie du radio-réveil. L’auditeur matinal a reçu cinq sur cinq cette “évidence” quasi subliminale. Et la madame recommencera demain et encore après-demain son récurrent bourrage de crâne. Sur le ton du café du Commerce, elle continuera à asséner chaque jour ses opinions tendancieuses en les faisant passer pour des vérités vraies. Voilà sans doute ce qu’on appelle en Sarkozie, l’objectivité. Ce matin, écoeuré, tu ne reprendras pas de tartine…
b.mode/ruminances
¹ Ecoutable à 2’30″ sur le lien ci-dessous :
http://www.europe1.fr/popup/reecoute/(idconducteur)/94441/(idsequence)/1348
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