Equité ou roublardise ?
En effet, « comment l’organiser avec douze candidats, en respectant l’égalité des temps de parole ? » - Ecrivait Carlo REVELLI dans son article du 3 avril 2007 proposant des débats par le biais d’Internet.
Mais au fait, que dit le CSA à ce sujet ?

"A un moment où existent à la fois un
fort intérêt pour la politique et une terrible impression de confusion,
une très grande majorité des Français souhaitent un débat du premier
tour entre les principaux candidats.
Hélas, à dix-huit jours du premier tour, un tel débat semble de plus en plus difficile à réaliser à la TV. En effet, comment l’organiser avec douze candidats, en respectant l’égalité des temps de parole ?" - Ecrivait Carlo Revelli dans son article du 3 avril 2007
Or, on sait que l’essentiel de la campagne s’exercera dans les media traditionnels dont le CSA est comptable dans l’égalité du temps de parole.
Au fait, que dit le CSA à ce sujet ?
Extraits du site Web
« Campagne
officielle en vue du 1er tour de l’élection présidentielle : les
conditions de production, de programmation et de diffusion des
émissions »
Art. 3. - Le Conseil supérieur de l’audiovisuel procédera au plus tard le samedi 7 avril 2007, à son siège, 39-43, quai André-Citroën, 75015 Paris, en présence des représentants dûment mandatés des candidats, au tirage au sort destiné à fixer les dates et l’ordre de passage des émissions de la campagne officielle radiotélévisée pour le premier tour du scrutin.
En tout, cela représente 49 articles définissant précisément le temps et les conditions de parole accordés aux candidats. Une seule lacune (et de taille) dans ce document : Le Web n’est pas mentionné !
Ce qui signifie que pendant toute la durée officielle, les candidats, leurs représentants, leurs militants ou sympathisants pourront abreuver le média Internet sans le moindre contrôle.
Ce qui rend l’article 9 particulièrement caduque.
Art. 9. - Au cours des émissions, les intervenants ne peuvent en outre :
Recourir à tout moyen d’expression ayant pour objet ou pour effet de tourner en dérision d’autre candidats ou leurs représentants ;
Apparaître dans l’enceinte des bâtiments officiels de l’Etat et des collectivités territoriales ou de leurs groupements ainsi que de toute autre personne publique ou de l’Union Européenne, identifiables comme tels :
Faire apparaître des éléments, des lieux ou des bâtiments susceptibles de constituer une référence commerciale ou publicitaire ;
Faire usage de l’emblème européen ou national ou de drapeaux régionaux Utiliser l’hymne national, l’hymne européen ou les hymnes régionaux ;
Utiliser des documents visuels ou sonores faisant apparaître des personnalités de la vie publique française, sans l’accord écrit de ces personnalités ou de leurs ayants droit.
Or, tout internaute sait que le Web est un outil qui permet de déroger à toutes les règles de cet article.
Penchons-nous sur l’article 24
Art. 24. - Les candidats peuvent réaliser par leurs propres moyens des documents vidéographiques ou sonores.
Les documents vidéographiques ne peuvent représenter plus de 50 % du temps d’émission utilisé par chaque candidat pour la totalité de la campagne pour le premier tour. Doivent être également décomptés à ce titre : Le traitement éventuel en effets spéciaux au cours de la post-production des séquences vidéographiques réalisées par les candidats ;
L’incrustation sur une partie de l’écran, dans une émission réalisée avec les moyens techniques mis à disposition par le CSA, de séquences vidéographiques réalisées par le candidat avec ses moyens propres. Ces séquences sont décomptées pour la totalité de leur durée, quelle que soit l’importance de la place qu’elles occupent dans l’écran.
Les documents sonores et les images fixes ne sont pas inclus dans décompte mentionné au deuxième alinéa. ... Les documents vidéographiques ou sonores doivent être déposés au plus tard à 18 heures la veille du montage ou 48 heures avant leur diffusion. ...
Le coût de ces documents devra être intégré dans les comptes de campagne du candidat.
Lorsqu’on sait que DAILYMOTION ou YOUTUBE regorgent de déclarations, interviews, spots, vidéos « gags » plus ou moins malhonnêtes on pourra s’amuser de lire « Les documents vidéographiques ou sonores doivent être déposés au plus tard à 18 heures la veille du montage ou 48 heures avant leur diffusion »
De même, on pourra s’amuser sur le fait que les documents produits sur l’Internet puissent être "intégrés dans les comptes de campagne" !
Nous n’oublierons pas bien entendu les blogs, chats, forums où sévissent les adeptes du marketing viral.
Ces quelques éléments mettent à bas la théorie de l’équité entre petits et grands candidats car il est évident que pour occuper le terrain du Net, il faut surtout beaucoup d’argent.
Et selon vous, qui en dispose le plus ?
Dans un article que j’avais écrit « Combien ça nous coûte vraiment » je donnais les chiffres de la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques :
"Union pour un Mouvement populaire - Parti socialiste - Parti communiste français - Front national - Union pour la démocratie française - Les Verts - Lutte ouvrière - Parti radical de gauche. le montant total de l’aide publique attribuée au titre de l’année 2004 était de : 73 235 264,94 €.
Ces huit formations politiques perçoivent donc 93 % de cette aide directe aux partis politiques.
Alors équité ou liberté d’utiliser tous les moyens que la technologie autorise ?
Les sondages, vous le savez, seront également interdits à la publication, la diffusion comme le commentaire des sondages d’opinion pendant la semaine précédant chaque tour de scrutin, ainsi que pendant le scrutin lui-même.
Sauf que ce texte de loi ne concerne que la France et que nombreux seront les Français à se ruer sur les sondages des journaux helvètes ou belges qui eux seront disponibles en ligne.
Si nos élus ont cru régler le problème Internet en quelques textes de lois, la situation expliquée prouve que soit ils étaient franchement très incompétents soit particulièrement « roublards »
Tout le monde s’accorde à dire que cette élection présidentielle est un tournant dans l’histoire de notre pays. Il serait souhaitable que l’élu(e) et sa majorité décident de mettre fin aux tartufferies législatives et admettent enfin qu’il est préférable de recourir à une éthique de la communication tous media confondus plutôt que de contourner des règles qu’ils ont eux même votées !
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON