Et si une licence généralisée favorisait la diversité culturelle ?
Les plateformes de téléchargement légal actuelles doivent négocier une licence pour chacun des titres qu’elles proposent. Quel frein à la diversité, et quel retour en arrière, par rapport aux radios libres !
A l’heure où les débats fusent à propos du téléchargement de musique sur Internet, les disussions perdent souvent leur fondement, et il est bon de se demander quel système on cherche à mettre en place. Je pars du principe que les valeurs que nous poursuivons sont la diversité culturelle et la facilité d’accès. Ceci implique, bien sûr, une juste rémunération des auteurs et une bonne utilisation des nouvelles technologies.
Les radios libres ont permis, dans les années 1980, d’améliorer la diversité culturelle. Pourquoi ? La licence légale qui leur est réservée leur permet de nous faire écouter la musique qu’elles veulent, sans avoir l’aval des ayants droit. Est-ce-que quelqu’un se plaint encore aujourd’hui de la perte de liberté de l’auteur ? Certes non. La rémunération en contrepartie a mis tout le monde d’accord.
Mais aujourd’hui, les technologies ont changé, et donnent à chacun un meilleur accès à la création. Certes, le vide juridique qui en résulte n’est pas satisfaisant, et il faut encadrer le système. La question est alors : "Comment favoriser la diversité culturelle ?"
Qu’est-ce qui, dans le cas des radios, limite la diversité culturelle ? Ce n’est pas le manque d’argent, car la licence légale qui a été créée rémunère amplement les créateurs. Ce n’est pas non plus la complexité des négociations avec les ayants droit ; cette licence légale était une bien belle création... Non, ce qui limite la diversité culturelle, c’est la bande passante. Le nombre de radios est limité par le spectre des fréquences, et il se crée donc un goulot d’étranglement au niveau des radios. Les musiques les moins populaires ont donc moins de passages à la radio.
Mais sur Internet, le nombre de sources possibles est infini. Où est donc le nouveau goulot d’étranglement de notre système de téléchargement légal ? Il y en a bien un, puisque malgré les énormes capacités physiques qu’Internet fournit, seulement 750 000 titres différents sont disponibles. On ne recouvre même pas les 100 meilleures ventes en magasin ! Ce goulot se situe au niveau du nombre de plateformes de téléchargement. Pourquoi ne s’en crée-t-il pas plus ? Parce que pour entrer sur le marché, il faut l’aval des toutes puissantes majors. Tout le bénéfice de la licence des radios est ici perdu, et on se retrouve à nouveau dans une situation de rareté. Sur Internet, l’accès à chaque nouveau morceau doit être l’objet d’une négociation. Drôle de retour en arrière.
Alors, licence générale pour les internautes, ou licence générale pour les plateformes, peu importe. Mais il faut qu’une licence facilite la mise à disposition des oeuvres sur Internet, en rémunérant les ayants droit, comme cela était fait. Ne faisons pas de la facilité d’accès un frein à la diversité culturelle.
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