Fin de la pub : Mitterrand, précurseurs, Sénat et désintérêt
Le 5 février 2008, presque un mois après l’annonce de la suppression de la publicité par le président de la République, et à deux jours des nouvelles annonces du gouvernement sur le sujet, où en est-on ?
Après un mois de rebondissements et d’effets d’annonces,
l’unique info en ce jour de février est la confirmation par Frédéric Mitterrand de la création
d’une commission chargée de travailler sur la réforme de l’audiovisuel public.
Mais aucune annonce n’est évidemment prévue avant quelques jours. Reste donc à
attendre cette fameuse réunion de travail prévue jeudi par le gouvernement pour
espérer que les choses bougent, en attendant bien sûr la grève du 13 février et
les annonces de Christine Albanel, qui concernent très probablement la création
d’une commission présidée par Frédéric Mitterrand. Oui, on tourne en rond.
Du coup, les médias se prêtent au jeu
de l’analyse et de l’enquête. En guise d’apéritif, MédiaPart déterre quelques
cadavres et révèle que, sous Jospin, un projet équivalent avait finalement eut le
droit à la trappe après que ses ambitions eurent été plusieurs fois revues à
la baisse. Trop cher, trop risqué en termes d’image pour la gauche, le projet de
Catherine Trautmann, ministre de la Culture de l’époque, a été sacrifié, la
question du financement s’étant révélée indémêlable.
Le Fameux Financement. Ce fut l’un des sujets abordés lors
d’une table ronde sur les réformes du secteur de l’audiovisuel organisée au
Sénat et rediffusée sur la chaîne parlementaire. Les deux thématiques abordées
étaient l’avenir de l’audiovisuel public ainsi que les relations entre
producteurs et diffuseurs. Pas de quoi sauter au plafond en ce qui concerne la
suppression de la pub ceci dit : les différents secteurs représentés (SACD,
Alliance TICS, Simavelec, syndicats de producteurs...) se sont contentés
d’afficher leurs positions et de défendre leur beurre. Mention spéciale
au représentant de la Simavelec, qui s’est plaint des cycles de renouvellement
longs dans la vente de postes de télévisions pour tordre le coup à toute
velléité de taxe sur son commerce, alors que ses projections lui donnent une croissance à deux chiffres pour 2008.
Nos différents représentants sont quand
même unanimes : que l’Etat et France Télévisions se débrouillent avec la
redevance, qui après tout est faite pour ça. Mais attention : qu’ils n’espèrent
pas atteindre leurs objectifs en laissant le groupe public à la
merci d’un sous-financement. Signalons pour clore cette table ronde que le
Grand PAF du Bon Mot revient ce soir au directeur général de la SACD, qui a
salué le "Concours Lépine de la taxe" disputé depuis les annonces du 8 janvier.
Et n’oublions pas le flegme de Patrick de Carolis, imperturbable malgré la
tempête qui fait rage autour de lui.
La suite du débat sur les relations producteurs/diffuseurs
aura, elle, débuté sur un échange de piques entre Nonce Paolini (Big Boss
TF1) et Nicolas de Tavernost (Big Boss M6) côté privé et Alain Duhamel (DG
Antenne FTV) côté public. Arte s’est en effet écarté du débat après être
revenu sur sa segmentation et ses objectifs, bien distincts de ceux de France
Télévisions. Quant au conseiller du président de Canal+, il n’a rien développé
d’intéressant avant que Public Sénat ne rende l’antenne, et comme j’avais
entendu suffisamment de doléances, j’ai soigneusement évité de regarder la fin
sur leur
site web.
Reste donc Public et
Privé sur le ring. Privé a pris à coeur de défendre la qualité de ses émissions,
avant de tenter de pousser le Public dans les cordes. Pas désarçonné, Alain
Duhamel a pris note de l’invitation polie de TF1 à se concentrer sur le curling
plutôt que le foot (nous y reviendrons), et à fort justement rappelé que le
Privé n’est en aucun cas chargé de la programmation sur France Télévisions.
Evidemment, le Privé a rappelé qu’il étouffait sous les réglementations,
nonobstant les recettes supplémentaires qu’ils peuvent attendre... Enfin,
surtout M6 quand on y réfléchit, vu que le taux de remplissage des espaces chez
TF1 doit avoisiner les 90 %.
Au fil
des monologues et échanges, Nicolas de Tavernost est donc finalement resté
légèrement en retrait, mais néanmoins fidèle à ses déclarations précédentes, tandis que
Nonce Paolini a défendu le contenu des programmes de la Une, et le patron de
TF1 d’afficher son ambition à faire évoluer la qualité de ses programmes. Pour
la petite histoire, ça n’a pas empêché la Une de présenter, off, ses exigences au cabinet de Christine Albanel. Des mesures
édifiantes, comme la limitation des dépenses de l’audiovisuel public dans le
sport, ou encore un malus pour la diffusion de programmes "légers". On croit
rêver...
D’autant que, concrètement,
les Français s’en cognent royalement de toute cette affaire :
les médiateurs se lamentent, le blog de l’intersyndicale reste plus un panneau
d’affichage qu’un lieu de débats constructifs, reste le forum du gouvernement
qui rattrape le coup. Tant pis pour les téléspectateurs : qu’ils ne viennent pas
râler quand la redevance augmentera.
Parce que oui : la solution la plus simple pour régler le
problème du financement de France Télévisions reste la revalorisation d’une
redevance figée depuis plusieurs années. D’autant que notre redevance reste
l’une des plus faibles d’Europe, et que la création d’une ou plusieurs taxes est
difficilement justifiable pour certains secteurs (qui a un TVphone portable
aujourd’hui ?), et difficilement acceptable par d’autres (TF1 et M6 pourraient
devenir vindicatifs). Non, sérieusement, à moins que je trouve un moyen pour
mettre en oeuvre mon idée de financement pour l’audiovisuel
public, la redevance vaincra.
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