Sans parler de la prédiction de la disparition de la presse papier régulièrement annoncée par Loïc, qui me fait me souvenir du "bureau sans papier" annoncé au début de l’informatique. On l’attend toujours... Si la presse consommait moins de papier, j’en serais heureux, car je pense aux arbres, et à la consommation d’énergie déployée pour l’imprimer. L’arrivée de l’écran plat et de la pub interactive n’empêche pas les papiers collés sur les réverbères proposant une baby-sitter, un peintre, etc., ni les publicités papier qui inondent ma boîte aux lettres tous les jours, ou qui sont posées sous l’essuie-glace des voitures...
Bref, j’ai connu les BBS avant l’arrivée d’Internet, puis l’Internet, etc. A chaque fois, certains, emportés par la passion, annoncent que le "traditionnel" va disparaître... A ce régime-là, la télé va tuer la radio ;-)
Pour revenir au billet de Loïc, les idées reçues ont la vie dure. Qui a lancé 20 minutes ? Une société dont l’un des deux actionnaires édite le quotidien payant Ouest-France. L’intérêt de la presse "payante" pour la presse "gratuite" ne date pas d’hier. Il suffit de penser à "PARIS-BOUM-BOUM... un journal gratuit paraissant le lundi dans la capitale, et qu’on prend chez son boulanger ou chez sa blanchisseuse", comme le disait l’Humanité.
Je lis aussi, dans un commentaire au billet de Loïc : "La presse gratuite existe car ses "journalistes" ne sont plus que des agrégateurs d’informations."
Amusant, parce qu’en effet le boulot d’un journaliste est et a été de rassembler, d’agréger des informations, à distance ou sur le terrain. Mais le commentaire semble dire que les journalistes auraient changé, qu’ils ne sont plus qu’une version humaine de Google News ou Yahoo News, appelée à disparaître sous peu. En fait, le directeur de la rédaction de 20 minutes est l’ancien patron de la rédaction de Libération. Il a une équipe de 70 journalistes qui publient aussi des informations originales reprises par d’autres médias, qui ne sont donc pas seulement l’agrégation d’infos venues d’ailleurs... Infos produites par des journalistes....
Il est tout ausi éclairant de lire la charte régissant le fonctionnement de la rédaction de 20 minutes, qui est un exemple de rigueur et d’exigence.
Voir aussi l’utilisation des blogs par la rédaction de 20 minutes. On parle des blogs comme si c’étaient des petits hommes verts qui s’opposeraient aux anciens médias. Mais les journaux ont des sites Web, des plates-formes de blogs, etc. Le blog est un outil, un moyen de communication utilisé par les particuliers, les entreprises, les journaux, les chaînes de télévision, etc. La Redoute vendait via le Minitel, aujourd’hui elle vend via le Web, mais son catalogue papier existe toujours, il est pourtant gros et lourd...
Cruel aussi, pour ce genre de zélateurs de la fin du papier : voir qu’il y a des lecteurs sur papier pour Netizen, (dans lequel j’écris) qui parle des... blogs. Que l’aventure de Netizen dure ou pas, cela importe peu. Et pour conclure, je peux lire les articles que j’ai écrits dans Libération dans les années 1980, sur des papiers jaunis, mais je n’ai plus accès aux articles que j’ai écrits dans le webzine Cybersphère au début de l’Internet, le site a disparu. Les CD-Rom culturels étonnants sortis en 1996 sont illisibles sur mon ordinateur actuel.
J’ai toujours été fan des réseaux, des BBS, de l’Internet, etc. Je ne me déplace pas sans savoir si je peux me connecter là où je vais, dans un hôtel à Amsterdam, Shangaï, ou Oslo, un aéroport, ou (c’est très rare) en week end chez des amis. Quand j’habitais New York, faute de connection dans l’appartement, j’étais, tous les soirs vers minuit sur le trottoir sous la pluie, assis sur un banc devant un café Starbucks fermé, pour envoyer mes articles à Paris (qui se levait), et lire mes e-mails, en profitant de mon abonnement T-Online
et de la borne Wi-Fi du Starbucks, au point qu’une voiture de police en patrouille m’a conseillé de déguerpir, me disant que je n’allais pas garder mon ordinateur très longtemps, tout seul, dans une avenue déserte, j’ai aussi passé des mois connecté dans la salle à manger, le couloir ou la chambre d’un hôpital via le réseau CPL (courant porteur en ligne). Bref, je n’aime pas l’idée d’être déconnecté, mais cela ne m’a pas rendu aveugle face à la réalité économique et sociale du monde qui m’entoure.
Par contre, certains de mes amis semblent ne plus voir le monde qu’à travers un écran déformant... Je vous laisse, cela fait 40 minutes que je n’ai pas regardé mes e-mails, et mon "agrégateur" qui déborde avec mes 250 blogs "favoris", je dois rater des trucs...