- Une information existe si l’on peut répondre à : qui ? quoi ? où ? quand ? Son « message essentiel » est : quoi de neuf ?
- les Médias sont situés entre l’Emetteur de l’information et son Récepteur. Une information peut être déformable ou filtrable dès son émission ou dans sa transmission. Le Récepteur n’est que conditionnable.
- Si la vérité d’un événement (créé ou pas) est peu manipulable, l’image ou la parole que l’on en donne l’est.
- Dans une société libérale, la libre-circulation et la libre-concurrence s’appliquent à tout. Donc, les paroles, les images et les personnes les plus fortes, les plus médiatiques, les plus séduisantes, les plus présentes, s’imposent quelle que soit leur qualité et ne sont pas forcément les meilleures, les plus vraies. L’emballage et le produit sont donc à distinguer.
L’information : une petite partie de la réalité
- La couverture médiatique reste géographiquement et thématiquement inégale, incomplète.
- Les informations reçues sont pré-triées : un JT présente 15 informations sur 1000 reçues (1,5 %). L’actualité ne se résume pas à ce qu’un journal présente : 98,5 % des informations restent dans l’ombre. De même, le monde réel ne se limite pas à ce que l’on peut en voir ou en comprendre.
- L’information et l’image, comme au cinéma, peuvent être truquées ou retouchées (flous, contrastes). Elles peuvent être mises en scène (scénario, acteurs, etc), conditionner l’opinion.
- La sur-exposition et la sous-exposition médiatiques peuvent être voulues.
- Une information marque plus si elle n’est pas en concurrence avec d’autres informations (nombre, importance) et inversement. Une information marque moins, passe inaperçue, si le bruit (buzz) médiatique est important.
Le pouvoir de l’image
- Une belle image peut maquiller ou faire vendre une réalité qui l’est moins. Une mauvaise image peut faire rejeter une réalité qui l’est moins. Les images sont à décoder.
- Une image n’est pas la réalité ; une opinion ou affirmation n’est pas une vérité ; une parole n’est pas un acte. L’illusion est possible. Une image peut être différente de la vérité qu’elle représente : selon l’angle, le recadrage, l’esthétisation, la simplification, l’amalgame, etc.
- Une image (ou parole) peut précéder ou suivre la réalité pour la masquer, l’orienter, la maquiller, la tronquer, la nuancer, la rendre acceptable ou inversement inacceptable, dérisoire.
- Une image n’est pas neutre : séduisante ou méprisante (« j’aime/j’aime pas »), elle sollicite (comme la publicité) surtout nos affects… et pas notre raison ou esprit critique. Pour avoir plus de force et court-circuiter le débat, une image peut être recadrée, répétée, ou s’appuyer sur des symboles ou des slogans piégés (« croissance », « social », « modernisation »).
Quelques précautions :
- Interroger l’information et les mots (contexte, sens, intention), relativiser ses affects. Ne pas recevoir une information en aveugle passif.
- Prendre du recul par rapport à l’information : varier ses sources (dont international), varier les types de médias (éviter le « tout direct » télé-radio ; préférer la presse écrite, le web), varier les points de vue.
- Lire : Platon, La République, Livre VII (Mythe de la Caverne), GF Flammarion, 1996 ; Philippe Breton, La parole manipulée, éd° La Découverte, 2004.