Journaliste, un métier en (r)évolution
Pour commencer, les journalistes ne sont pas tous ceux que vous voyez à la télévision ou que vous lisez dans les grands magazines ou journaux. Mais alors un journaliste, c’est quoi ?
De prime abord, c’est une personne qui a fait des études pour le devenir, qui parle bien sa langue (et accessoirement, qui l’écrit bien) et qui fait du terrain pour informer les gens sur le monde dans lequel nous évoluons. Les études ne garantissent pas pour autant des débouchés. Le marché est compliqué et les journalistes sont quasiment logés à la même enseigne que tous les étudiants en fin d’études. Rémunération au ras les pâquerettes, difficultés à obtenir un emploi fixe, offres d’emplois bidons et mauvaises rencontres via les réseaux sociaux, zoomons sur un métier qui fait rêver, et qui pourtant, est truffé de pièges et de mauvaises surprises.
D’ordinaire, le profil type d’un journaliste est au minimum un BAC +5. Même si des autodidactes font parti du paysage, la plupart sortent d’écoles (prestigieuses ou pas), puis sont lâchés dans la nature à la recherche d’un emploi. Bien préparés par des stages pendant les années d’apprentissage, le futur journaliste ira frapper dans des rédactions de magazines, de journaux ou encore dans des radios. Force est de constater qu’une simple minorité réussira à obtenir un emploi intéressant, la plupart devront alors tenter de vivre de leur talent de plume en pigeant pour des rédactions. Et c’est là que le bât blesse.
Après avoir questionné bon nombre de « pigistes », le retour est sans équivoque : les 7/10e se disent insatisfaits de leur condition. Si, la plupart du temps les pigistes, rédacteurs et journalistes indépendants en tous genres ne rencontrent pas de soucis, il y en a par contre qui sont à la limite du découragement. Des piges à 3€ le feuillet, des articles commandés mais jamais payés, des commandes annulées au dernier moment, voilà le quotidien des scribes modernes. Sans compter les escroqueries de certains magazines ou journaux en lancement, ne vont pas hésiter à utiliser les talents des rédacteurs et journalistes pour obtenir du contenu totalement gratuitement.
Comment cela est-il possible ?
Rares sont les contrats de pige réguliers dans la même rédaction. Et quand bien même cela est le cas, le salaire perçu reste très bas et ne permet pas un niveau de vie décent. De ce fait, le cumul des commandes est de mise. En quête d’une rémunération correcte et fixe d’un mois à l’autre, même si le journaliste souhaite conserver son indépendance et sa liberté sur ses écrits, il est clair qu’il sautera sur une occasion en or et s’arrêtera, parfois malgré lui, sur une offre de pige totalement gratuite pour un grand nom de la presse, histoire de donner du poids à son CV. Et justement, des offres comme celles-ci, il y en a partout. Alors, connaissant les problèmes de ce corps de métier, les grands groupes n’hésitent pas à proposer des offres d’emploi assez particulières, puisqu’il s’agit de simples stages. De ce fait, même les journalistes aguerris, pensant qu’il est bon pour leur expérience, de saisir une telle opportunité, trouvent toujours un moyen d’obtenir de fausses conventions de stages pour pouvoir décrocher le fameux « job ». De l’autre côté, il est évident que les rédactions savent parfaitement que le « stagiaire » n’en est pas un et se payent même le luxe de sélectionner les candidats suivant leur profil professionnel ! Tant qu’à faire, autant prendre un stagiaire pro et connaissant bien son métier !
La question est donc aujourd’hui de savoir si Stagiaire est devenu le métier d’avenir dans le monde du journalisme ?
L’art de travailler gratuitement (ou presque)
Par ailleurs, il existe aussi un autre type d’arnaque : les magazines en lancement, souvent lancés par des rêveurs dénués de connaissance dans le domaine d’ailleurs. La presse écrite se meurt mais certains continuent pourtant d’y croire et arpentent les réseaux sociaux, à la recherche d’âmes charitables pour mettre sur pied leur douce utopie.
Si bon nombre de journalistes ne se laissent plus avoir, d’autres par contre, aveuglés par des promesses de postes de rédac. Chef contre un travail de démarrage totalement bénévole, tentent le pari risqué. Le discours est bien ficelé, le projet visiblement bien monté et le journaliste tombe dans le piège tendu. Le magazine ouvre alors sa « rédaction », un climat de confiance s’installe et le journaliste dévoile à son tour son réseau, travaille gratuitement pour un magazine qui n’existe pas encore et en professionnel, produit du contenu. Contraint, pour les débuts, de porter la multi-casquette, il se retrouvera également souvent dans le rôle du commercial qui va démarcher les annonceurs, puis dans celui du Community Manager, en gérant toute la communication sur la toile. Et au moment où la maquette semble bouclée, il sera remercié pour ses bons et loyaux services, le magazine verra le jour (ou pas) et dans certains cas, les articles parus ne porteront même plus le nom de celui qui les a produits… En bref, une escroquerie manifeste.
Aujourd’hui, très peu de journalistes se risquent à monter leur propre journal ou magazine, préférant alors opter pour d’autres horizons. De quoi décourager bon nombre de confrères. C’est la raison pour laquelle il arrive que la plupart se reconvertissent dans des métiers connexes. Ecœurés par le manque de reconnaissance, par le peu d’intérêt envers leur travail dont font preuve les rédactions et surtout par la rémunération qui n’a pas évolué depuis près de 30 ans, certains jettent définitivement l’éponge et se recyclent tant bien que mal. Confrontés à tous les problèmes ici évoqués, ainsi qu’à la toile qui ouvre les portes à tous les écrits, être un journaliste, un rédacteur ou encore un pigiste demande beaucoup de persévérance, de prudence, d’abnégation et de bon sens. Avis aux amateurs..
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