Journalistes et communicants en quête de la bonne nouvelle
« Il faut trouver le moyen d’instruire et d’élever tout en conservant l’allure déliée qui permet de pénétrer et qui fait lire. » Rédigées en 1878 par François Picard, prêtre assomptionniste, ces recommandations au premier directeur du Pèlerin restent toujours à l’ordre du jour. Veiller à la mise en forme de l’information afin de la rendre attractive est l’une des missions premières du journalisme. Une condition sine qua non pour associer faire savoir et faire comprendre. Quand une rédaction envoie des reporters en Iraq, parfois au péril de leurs vies, c’est pour faire savoir à l’opinion ce qui s’y passe réellement. Pour faire comprendre aussi comment un pays a pu en arriver à une situation aussi chaotique. Il se trouve, me direz-vous, que lorsqu’une entreprise achète dans la presse des pages de publicités, elle cherche également à faire savoir et à faire comprendre. Mais si un rédacteur en chef oeuvre afin que chacun pense et agisse en connaissance de cause, un communicant, lui, a pour tâche principale de mettre en valeur l’image et les réalisations de son entreprise. De fait, nous sommes nombreux avant de prendre la route à vouloir être informé de l’état de la circulation. Plus rares sommes nous à être intéressés spontanément par les bienfaits d’un yaourt au bifidus actif. Alors que leurs missions divergent, journalistes et communicants ont en commun la recherche du plus large public possible. Quitte, pour cela, à privilégier les sujets qui font mouche. La Presse Quotidienne Régionale a depuis longtemps répertorié ces thèmes qui nous sont chers. Le premier d’entre eux, géographique, est surnommé « rapport mort-Km ». Les journaux obéissant à cette vieille loi selon laquelle une crue de l’Orb à Béziers fera vendre plus d’exemplaires du Midi-Libre qu’un typhon au Bengladesh. Viennent ensuite des critères affectif, psychologique, temporel..., vie quotidienne. Au nombre de sept, ces ingrédients rédactionnels sont bien connus des entreprises. Car les citations dans les journaux ou les passages dans les tranches d’informations radio télé sont très recherchés. Pour un coût bien moindre, leur impact est parfois supérieur à celui d’une campagne de publicité. Et les communicants de s’évertuer à créer des événements sur mesure, susceptibles d’engendrer une couverture presse. La moindre manifestation se doit d’ailleurs d’être mise en scène à l’aide de banderoles, de participants grimés, d’effigies hautes en couleur, pour avoir une chance d’être reprise en images au 20 h. De même, nulle inauguration de foire internationale ne peut avoir lieu sans son cortège de personnalités ou de nouveaux produits présentés en avant-première mondiale. Attention néanmoins aux effets de répétitions. Il n’y a rien de plus lassant, d’un point de vue journalistique, qu’un « marronnier ». L’un de ces sujets qui, à l’exemple de la rentrée des classes ou des départs en vacances, revient chaque année à la même période. Bien sûr, la manière de le traiter peut faire la différence. Mais dans un univers où une bonne information est une information nouvelle, il reste difficile de séduire les journalistes en leur suggérant simplement de nouveaux angles d’attaque. Selon Pierre Bourdieu, observateur attentif des médias, « les journalistes cherchent au quotidien à parler de ce qui n’est pas quotidien pour eux. » Chacun pourra vérifier la pertinence de cette analyse en relevant la place accordée dans l’actualité aux ravages du SIDA en Afrique ou aux difficultés d’insertion des personnes handicapées. En revanche, en 2004, c’est une crème anti-cellulite qui durant une semaine à fait la « Une » des journaux. Il faut dire que la revue 60 millions de consommateurs avait reconnu son efficacité...
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