L’Enfer du journalisme a un nom : la Corée du Nord
À la veille de la Journée mondiale de la liberté de presse, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) publie sur son site la liste des dix pays où la censure est le plus sévère. En tête de palmarès figure la Corée du Nord. Dans ce pays, où le culte du dirigeant est poussé à l’extrême, aucun journaliste indépendant n’est toléré. Même les postes de radio et de télévision sont préprogrammés pour ne recevoir que les fréquences déterminées par le gouvernement.
Selon le CPJ, la censure des États est la plus grande menace mondiale qui pèse sur les journalistes. Ce même organisme révélait, à la fin de 2005, que plus de 124 journalistes et écrivains sont emprisonnés dans le monde (Journalistes en prison : la Chine, Cuba et deux Etats africains en tête de liste).
Le CPJ a analysé la situation de la presse dans plusieurs dizaines de pays à l’aide de 17 indicateurs de référence sur la liberté d’expression et l’accès à l’information. Le contrôle de l’Etat sur tous les médias, l’existence d’une censure formelle, le recours de l’Etat à la violence, l’emprisonnement et le harcèlement des journalistes, le brouillage des médias audiovisuels étrangers et les restrictions à l’accès privé à Internet sont quelques-uns des critères d’analyse.
La connaissance sur le terrain des équipes régionales du CPJ a aussi été mise à contribution.
Outre la Corée du Nord, la Birmanie, le Turkménistan, la Guinée équatoriale, Libye, l’Erythrée, Cuba, l’Ouzbékistan, la Syrie et la Biélorussie ont, dans l’ordre, le triste honneur de figurer sur la liste du CPJ.
Certaines précisions contenues dans le rapport seraient risibles si elles ne révélaient la tragédie qu’y vivent les journalistes. Ainsi, on apprend que « l’image dorée du profil du président à vie Separmourad Atayevich Nyazov est incrustée en permanence au bas de l’écran ». De même, le rapport révèle que la Corée du Nord baigne dans une véritable jovialité médiatique.
Toujours en Corée du Nord, le dirigeant Kim Jong serait vénéré au point où, rapporte le plus sérieusement au monde l’Agence centrale coréenne d’information, les habitants de la zone sinistrée par l’explosion meurtrière d’un train de munitions se sont précipités dans les bâtiments afin de sauver de la destruction les portraits du « Cher dirigeant ». Ce n’est qu’après ce geste héroïque qu’ils auraient porté secours à leurs proches.
La Birmanie n’est guère mieux, qui a passé sous silence le tsunami de 2004.
Par l’intermédiaire du journal New Light of Myanmar, le gouvernement birman a tenu à rappeler en 2005 que « le peuple de Myanmar ne souhaite pas regarder, lire ou écouter une information déformée et irrationnelle, ou des mensonges. »
On se demande bien à quel type d’information pouvait appartenir le tsunami.
Le Comité pour la protection des journalistes est un organisme indépendant fondé en 1981 par un groupe de correspondants américains à l’étranger, en réaction au traitement subi par leurs collègues, de pays qu’ils couvraient. Il est présent dans plus de 120 pays.
Sa directrice actuelle, Ann Cooper, a couvert l’Union soviétique et l’Afrique. Elle a été pendant plus de neuf ans correspondante étrangère pour NPR (National public radio). Elle était à Moscou lors du fameux coup d’État raté qui a propulsé Boris Eltsine sur la scène internationale.
CPJ. Les dix pays maîtres de la censure (pdf).
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