L’Homme Objet : Parce qu’il le vaut bien...
Après avoir été longtemps et largement représentées dans les médias comme des objets de désir, les femmes voient enfin arriver une concurrence qui les ravit en la personne des hommes objets. Souvent peu vêtus et sous le joug des femmes, qui ne leur veulent, (la plupart du temps ! ), que du bien, ces derniers envahissent peu à peu tous les supports médiatiques
Le phénomène de l’homme « objet » qui s‘est développé dans les années 2000 est- il alors amené à perdurer ?
Si les hommes aiment regarder les belles femmes, les membres du sexe « faible » aiment tout autant contempler les beaux mâles. Et depuis quelques années maintenant, il devient difficile de se promener dans les rues sans tomber sur des affiches mettant en scène de charmants jeunes (ou moins jeunes ) hommes dénudés, présentés en objets de désir.
Les avis quant à ce phénomène sont partagés : certain(e)s y voient un concept misandre de mauvais goût, d’autres un juste retour des choses au phénomène de la femme objet, d’autres encore la remise au goût du jour d’une certaine idée de la virilité.
Mais il convient de relativiser ce phénomène qui, au final, n’est ni une victoire du féminisme, ni de la parité, mais simplement un révélateur de moeurs en changement, et surtout de l’appartion d’un nouveau cœur de cible masculin pour les publicitaires, comme en témoigne la multiplication des magazines pour hommes : GQ, Men’s health…
Les hommes prennent ainsi de plus en plus soin de leur corps, de leur habillage vestimentaire qu‘ils soient hétéros, homos, métro sexuels ou encore übersexuel (!), et les femmes n’hésitent plus à dire tout haut qu’elles apprécient la beauté du corps masculin. A travers « l‘homme objet », c’est un bouleversement en profondeur des deux sexes qui se dessine.
Si ce phénomène s’est étendu dans les années 2000, ses prémices apparaissent dès 1973, avec la création du magazine mensuel Playgirl aux Etats-Unis qui présente des hommes nus ou semi-nus. Dans les années 90, les hommes objets envahissent doucement mais sûrement la publicité : pub pour le magazine féminin Detnye en 1991, pour l’ eau de toilettes Masculin de Bourjois en 1993, pour Coca Cola Light en 1997 où un beau livreur de coca fait se pâmer tout un bureau de secrétaires... Des séries comme Sex and the city, Desperate Housewives(où les hommes sont tous potentiellement présentés comme des objets, de John le jardinier à Mike le plombier…. )ou récemment Lipstick Jungle, qui met en scène des femmes aux postes à responsabilités, ont toutes contribué à entériner ce phénomène.
L’un des exemples les plus flagrant de l’ avénement de l’homme objet, est celui du succès rencontré par le calendrier des dieux du stade, né en 2001, et rassemblant des photos « érotiques » artistiques des rugbyman du Stade français.
Le site de cosmétiques canadiens Reversa a su surfer sur ce phénomène par l’entremise de sa campagne « Voyez les effets secondaire »,qui a connu un immense succès et obtenu deux LIONS D’OR au Festival International de la publicité à Cannes en 2007. Le site de la campagne s’ouvre ainsi sur une salle de séjour ou sont rangés quatre soins Reversa. L’utilisatrice est invitée à choisir un des quatre produits, chacun jumelé à un homme – un plombier, un pompier, un jardinier et un chef cuisinier, tous très séduisants et qui finissent toujours par nous faire admirer leurs corps parfaits.
Plus récemment, le site de rencontre Adopteunmec.com créé par Manuel Conejo et Florent Steiner, a relégué les hommes au rang d’objets de manière humoristique. Ces derniers remplissent une fiche produit et se mettent en rayon en attendant qu’une cliente les ajoute à leur panier et les aborde. On trouve ainsi les produits régionaux, les produits en solde et le choix du jour !
Le phénomène de l’homme objet peut-il alors se révèler un véritable mouvement de fond ? On n’a plus peur de mettre en avant la beauté du corps de l’homme en montrant des parties jusque là cachées. C’est une libération sensuelle de l’homme qui semble véritablement se mettre en place, même s’il ne faut pas oublier qu’avant d’être un phénomène de société, l’homme objet est avant tout un phénomène commercial.
Et qui sait si les hommes objets ne lanceront pas à leur tour un mouvement de libération ?
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