« L’Île de la tentation » saison 8 : pour ou contre ?
L’Île de la tentation 2009, demandez le programme ? Depuis fin août, à savoir depuis le mardi 26 août 2008 pour être précis, L’Île de la tentation 2008 – septième saison - est terminée, snif ! Tout sentiment de culpabilisation pour voyeurisme crapoteux mis à part, reconnaissons-le, on s’est bien marrés quand même cette année. De l’île de la tentation à la tentation de l’île, quatre couples, au départ soi-disant amoureux fous et tourtereaux inséparables, ont testé leur amour sur les plages paradisiaques du Mexique. Deux ont été rapidement portés disparus (Lindsay & Léonard, Alexandra & Manu) pour laisser place au noyau dur de cette île d’Epinal peuplée de créatures en bikini et de mecs maouss kostos bien huileux et bien mous du bulbe : Martha & Thomas/Shaun, Mylis & Nathan, alias Ken & Barbie, Liloo & Johann et Dany (the dog !) & Pierre. Rien que les mots et les noms, « Tentateurs », « Tentatrices », « Shaun », « Yvanna », « Disco », « Epreuve du feu de camp », c’est poilant, tribal de Montmartre à souhait et, attention, en guise d’alibi cul-turel, on a quand même du Oscar Wilde : « Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c’est d’y succomber. » Oui je l’avoue, durant cet été olympique, j’ai succombé à la tentation : j’ai participé à cette 7e aventure collective devant mon écran plasma, bref j’ai regardé cette télé-réalité et je fais bien partie des 73 % de Français – selon un sondage exclusif Ipsos/Télé 7 jours* ! – qui pensent que c’est bidon.
Mais c’est ça que j’adore, moi, que tout soit bidonné, scénarisé à l’extrême et que ça devienne, via codes narratifs et visuels à gogo (dialogues de sitcom, chassés-croisés feuilletonesques, faux duos warholiens prêts à tout pour devenir célèbres, grain de l’image, lumière crépusculaire, caméra tremblée à l’épaule, flash-back et on en passe !), une mascarade – quelque chose de l’ordre du je(u) de séduction virant au jeu d’rôle. Quand le « cocu » Léonard balance violemment une chaise, c’est de la commedia dell’arte, et on voit ça, genre gros film d’Action Joe, sous tous les angles. Quand Martha, très inspirée au coin du feu, nous déclare que l’homme bodybuildé en train de danser et de se faire léchouiller par une blonde écervelée n’est pas son Thomas (une tablette de chocolat coupée en brosse), mais… Shaun (of the dead ?), qui est son surnom de Chippendale – c’est son métier : strip-teaseur professionnel –, on est au cinéma style Show Girls, chouette !, et la fabrique fictionnelle qu’est L’Île de la tentation marche alors à plein tube cathodique, on nous balance cette image pseudo dramaturgique des dizaines de fois comme si, au niveau scoop et complot, on tenait un nouveau 11-Septembre ! Quand même, à un moment donné, on se dit que tout ça c’est vraiment du boulot (de pro) – d’ailleurs, suite aux avancées judiciaires d’un certain Jérémie Assous, jeune avocat de 30 ans défendant les droits d’ex-candidats de L’Île de la tentation (Anthony, Marie, Arno…), la justice française vient de reconnaître que ce qui passait jusqu’à présent, à en croire les producteurs concernés, pour une « expérience personnelle », est aussi, l’une n’empêchant pas l’autre, un « job » qui mérite un contrat de travail, ouvrant droit à une indemnité. Banco, encore plus fort qu’Antoine, touriste à vie, sur son île – j’achète ! Selon Angela Lorente, directrice du pôle télé-réalité de TF1, « [L’Île de la tentation] On peut la comparer à une thérapie de couple, mais aussi à une thérapie individuelle. Le fait d’être loin de l’être aimé, de ressentir qu’il nous manque, est un travail sur soi très important. » Mazette, qui a dit que le fait de se dorer la pilule au soleil était la panacée, hein ?, c’est, si l’on en croit certains, pire que la mine ou le travail à la chaîne ce truc-là, au secours ! En fait, c’est ça, la boucle est bouclée, ça doit être du travail pour la chaîne… TF1, dont le métier, dixit Patrick Le Lay, « est de vendre du temps de cerveau humain disponible. »
Bon, revenons à nos moutons. Franchement, 2008, c’était une bonne cuvée : l’interprétation était bonne (on avait bien des candidats avec, pour la plupart, un cerveau aussi épais qu’un string ficelle - Les Liaisons dangereuses n’ont rien à craindre !), l’œil lacrymal de la présentatrice Céline Géraud brillait de mille feux dans la nuit étoilée, les maillots de bain, trop petits, étaient bien moulants pour les filles et leurs bonnets D étaient de sortie pour répondre aux pantacourts hyper burnés des Bronzés égarés dans Alerte au Malibu, les personnalités étaient bien dessinées, à savoir stéréotypées (la brunette allumeuse, la bimbo bling-bling à gros seins, le musclé superénervé, le Black-joueur-de-djembé-trop-cool, la rousse à langue pendue, le chaud lapin psychopathe, la frustrée de service…), et le décorum façon Vu à
Nul doute possible, cette colonie de vacances décérébrée permet, à moindre frais, de partir dans un centre de loisirs récréatifs sous vidéosurveillance, mixant sex-appeal labellisé Loft Story et Big Brother, alors quand j’apprends, m’enfin !, que cette 7e Île de la tentation est peut-être la dernière (aïe, le 7 en amour, c’est jamais bon) et que la nouvelle direction de TF1 ne serait « pas très fan du côté sulfureux du programme », eh bien je tiens à signaler qu’il faut aussi penser aux jeunes, souvent très fleur bleue, qui se forment avec cet ersatz fictionnel qu’est la télé-réalité mensongère (pléonasme, je sais) et, question pudibonderie, via TF1, eh bien on n’a franchement pas de leçons à prendre : eh oui, on vient récemment de voir au JT de
A l’heure où une pétition contre
* Selon un sondage estival exclusif (Ipsos/Télé 7 jours), pour les Français, la télé-réalité (Koh-Lanta, L’Île de la tentation, Secret Story…) c’est bidon, ils n’y croient plus, n’en veulent plus, mais sont quand même environ 16 millions de téléspectateurs cumulés chaque semaine à la regarder en masse : 50 % des personnes sondées affirment ne pas apprécier Koh-Lanta, 69 % pour Secret Story et ça monte en flèche pour L’Île de la tentation avec un bon 73 % ! Chiffres à nuancer, cependant, pour les jeunes (15-24 ans) : 50 % toujours de mécontents pour Koh-Lanta, mais « seulement » 60 % et 61 % pour (c’est-à-dire contre et dans l’idée que c’est du bidon, vous me suivez !?) Secret Story et L’île de la tentation. Et un très faible nombre parmi ces jeunes affirment ne pas connaître ces deux programmes. (Source : Télé 7 jours n° 2 514, 2-6 août 2008, p. 9).
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