L’intelligence du réseau
On peut, à juste titre, se sentir submergé par
ce qui est en train de se produire sur l’Internet. Nous savons
aujourd’hui que le nombre de documents disponibles par liens ou par
requêtes sur le Web est supérieur à 500 milliards. Les utilisateurs de
l’Internet ont, en dix ans, produit ou rendu accessibles davantage
d’informations qu’il n’en a jamais été mis à disposition de l’humanité.
Parallèlement, la nouvelle vague de services collaboratifs est à
l’origine de la création de dizaines de nouvelles applications toujours
plus innovantes, et plus nombreuses (voir cette liste des services Web 2.0).
L’une
des principales questions qui s’est posée à propos du Web jusqu’à
aujourd’hui et depuis son démarrage est : qu’allons-nous faire de ces
informations ? Comment allons-nous nous y retrouver dans cette masse
désorganisée et toujours croissante de données ?
Pendant la période qui a précédé l’ouverture de Google, les moteurs de
recherche ont été critiqués par le grand public pour leur inefficacité,
leur incapacité à générer des résultats pertinents.
Google a apporté une certaine clarté, sans pour autant parvenir à
trouver de solution au nombre exponentiel de résultats de recherche.
Mais en observant les nouveaux usages qui se dessinent à travers les récents outils de collaboration, on distingue une piste résolument nouvelle. En effet, la collaboration ne consiste pas seulement à partager ses photos, à inviter ses copains sur son espace, partager ses bookmarks ou échanger des documents. Au-delà de ses usages nouveaux, la véritable collaboration, c’est surtout celle de l’intelligence.
Dans
le domaine de la recherche d’information, des alternatives aux moteurs
de recherche traditionnels provoquent un engouement croissant du grand
public (pour le moment, principalement américain).
Pour améliorer les résultats des recherches sur son moteur, Yahoo prend
le parti de faire participer les utilisateurs eux-mêmes à la sélection,
au tri et la la qualification des informations, grâce à son service Yahoo Answers.
Squidoo permet de rechercher
parmi les centres d’intérêts des utilisateurs. Par exemple, en
effectuant une recherche sur le mot “sushi”, on obtient des
informations triées et rassemblées par des utilisateurs identifiés.
Del.icio.us et Ma.gnolia.com,
les deux principaux services de bookmarking ouverts, permettent à
chacun d’effectuer des recherches au sein des comptes des utilisateurs,
grâce au classement et à l’indexation libre par tags.
Technorati recherche
exclusivement du contenu publié sur des blogs, c’est-à-dire au sein
même des centres d’intérêts des internautes. En résumé, on pourrait
dire : si vous cherchez comment faire des sushis, regardez comment les
autres s’y sont pris, car il y a certainement quelqu’un parmi le
milliard d’internautes connectés qui a déjà abordé le sujet... Il y a des
chances, en effet.
Mais la plus grande révolution du réseau
reste à venir. Les quelques exemples précédents sont tout à fait
significatifs de l’émergence d’une forme d’intelligence collective.
Dans son ouvrage L’homme symbiotique, Joël de Rosnay présente une
vision de l’humanité qui met en avant l’émergence d’un être vivant
collectif, fruit de l’interaction de milliards d’individus avec leur
environnement artificiel et naturel. Cet être, qu’il nomme Cybionte,
est un être vivant à part entière, car il rassemble les
caractéristiques communes à tous les êtres vivants : une capacité
d’apprentissage et d’évolution, mue par une volonté de survie.
Or, le réseau Internet, fruit ou cause de la mondialisation (la poule...
l’oeuf...), est la première expression de la naissance de cet être vivant
intelligent.
Ce qui distingue une simple requête vers la base de données d’un moteur de recherche classique, d’une recherche effectuée dans une sélection réalisée par une communauté d’individus, c’est l’intelligence et la capacité d’apprentissage de cette seconde solution. Aujourd’hui, le Web n’est plus une immense armoire remplie d’informations, où la seule solution de tri consiste à rechercher dans les textes des mots similaires à ceux qui nous intéressent. C’est, à présent, une entité à part entière qui change et évolue, apprend et se transforme, et que l’on peut donc assimiler à une forme naissante d’intelligence collective, produit de l’intelligence humaine et de la puissance des ordinateurs connectés en réseau.
Note : pour ceux qui douteraient de la ressemblance entre l’Internet et un réseau neuronal, je recommande ce site : :http://www.opte.orgwww.opte.org/maps/
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